La sortie officielle du CR Bélouizdad qui a appelé, dans un communiqué rendu public samedi, à l'arrêt définitif du championnat, a suscité une levée de boucliers et provoqué des tirs croisés de la part de certains acteurs de la Ligue 1 en direction du leader de la Ligue 1. Des réactions qui apportent, une fois n'est pas coutume, la preuve que le football professionnel tel qu'appliqué en Algérie est à des années lumières du vrai modèle dont l'aspect économique est le vecteur. Le président de la LFP Abdelkrim Medaouar et d'autres dirigeants de clubs de l'élite ont fait part de leur étonnement, voire leur dégoût vis-à-vis de l'action tout en étant solidaires des dirigeants du Chabab, demandant la fin d'une saison où leur équipe a plané sur le championnat. Une initiative qui a ses raisons, celles-là même que la «famille du football» met en avant à chacune de ses interventions dès lors que l'idée d'une reprise est balancée. L'aspect santé est, en effet, identifié dans tous les débats qui entourent cette agitation dont les acteurs sont, reconnaissons-le, partagés entre favorable et contre la reprise des compétitions à l'arrêt depuis déjà deux mois. Un débat qui voit chaque intervenant sur la scène footballistique (joueurs, entraîneurs, dirigeants et même nouveaux «experts» en épidémiologie) se relayer pour expliquer son raisonnement. Jamais, sinon rarement, un consensus n'a été trouvé pour que cette «famille du football» réagisse pour la bonne cause. Le communiqué du CR Bélouizdad a peut-être cette force et cette honnêteté d'avoir résumé ce qui est la situation sanitaire dans le pays et l'impossibilité des clubs de football à faire respecter le protocole de routine mis en place à travers les grands championnats européens et que la FAF et la LFP ont présenté dimanche aux «vrais» experts de la santé publique en Algérie sans pouvoir les convaincre de la justesse de leur démarche. Car, il faut bien savoir que les responsables de la ligue, Medaouar en premier, avaient présenté ladite feuille agréée par la FAF en misant sur une reprise le 1er juin si, bien sûr, les autorités publiques décident de passer au déconfinement à compter de ce 14 mai, ce jeudi. Ce qui, de l'avis même du médecin fédéral, le Dr Demerdji, n'est pas envisageable pour des considérations de sécurité sanitaire, en particulier l'absence de moyens adéquats pour couvrir une quelconque reprise (entraînement ou compétition) sur un plan médical et de simple hygiène. Medaouar lui-même avouait devant les médias qui ont accouru au siège de la ligue en quête de nouvelles fraîches affirmera que pas un club en Algérie ne dispose de tels moyens, non sans faire des projections sur un retour du football dans le quotidien des Algériens. En effet, le président de la LFP, qui a écorché durant son intention l'initiative de la direction du CRB, souhaiterait terminer la saison 2019-2020 avant de lancer la prochaine. Quand ? «Nous reprendrons s'il le faut en décembre», a-t-il lâché assurant (enfin) que même si le déconfinement intervient à la fin de ce mois de mai, «il est impossible de programmer des matchs durant l'été de surcroît dans des villes où la température frôle les 50° comme Béchar ou Biskra». Medaouar, qui avoue que le climat en Algérie n'a rien à voir avec celui des pays européens, rejoint, là-aussi, sans le dire, le raisonnement du CRB. Peut-être bien qu'il voulait que cette initiative découle de sa personne, non pas d'un club dont le président est considéré comme un «bleu» dans le circuit du football national. Et c'est probablement cet état d'esprit qui a présidé à la réaction de Medaouar et de la meute de présidents qui s'agitent à contresens de leurs intérêts. Car à bien s'y méprendre que peut changer un titre accordé au CRB à l'histoire du football local ? Mieux à l'économie du CRB ? La riposte de la «clique» ! Dans un modèle qui fonctionne à qui perd le plus, impossible de croire que Charafeddine Amara a signé un document à l'aveuglette. C'est un gestionnaire qui (re)connaît que tout l'argent injecté dans le football relève du gaspillage. Son action de cesser la compétition, du moins celle de l'exercice 2019-2020, est un acte de salubrité publique. Ce n'est pas sans raison d'ailleurs que ces mêmes clubs qui tirent à boulets rouges sur le Chabab s'essayent dans la négociation des salaires avec leurs employés (joueurs, entraîneurs et membres des autres staffs) pour, soi-disant, éviter l'asphyxie. En fait, ces associations «caritatives» qui font la fortune des personnes extra-football dont des présidents savent bien que l'Etat n'est plus en mesure de leur assurer la gamelle en ces temps de crise. La Sonatrach, qui a réduit son budget annuel de 50%, ne pourra jamais satisfaire les caprices de sa section football qui consomme le budget de plus de 10 années du GSP et de ses 13 sections. La JSK, qui espérait le soutien de ses sponsors pour édifier son centre de formation et mener d'autres actions, est dans la même situation. Idem pour l'ESS dont le président de la SSPA, Azzedine Arab, ne cesse de tirer la sonnette d'alarme pour appeler à l'aide. Ce sont ces dirigeants qui n'apportent aucune valeur ajoutée, ni de leurs poches encore moins par leur savoir, aux clubs qu'ils dirigent, qui s'attaquent à la «logique» formulée dans le communiqué du CR Bélouizdad. Peut-être bien que le club de Laâqiba a fauté en laissant entendre que le titre de la saison arrêtée le 15 mars doit lui revenir de plein droit, la proposition méritait bien un débat plus sérieux et moins enflammé. Et le propos d'Abdelkrim Medaouar est, à ce titre, plein de sens : «Je ne vais pas condamner le communiqué, je respecte l'avis du CRB. Mais, il était préférable que le club transmette sa proposition par courrier à la LFP ou la FAF et ne pas publier sur les réseaux sociaux. En tant que président de la LFP, je suis prêt à recevoir les propositions de l'ensemble des clubs professionnels, d'autant que la situation actuelle nécessite de larges consultations, mais il y a des manières de le faire», a-t-il déclaré. Malheureusement, en réalité, la thèse du président de la ligue est aussi alambiquée que la proposition du CRB. En l'occurrence que depuis le début de la crise de Covid-2019, les canaux de communication qui étaient si fluides quand il s'agissait de partager le «butin» ou de faire passer des résolutions d'exception se sont «bouchés» ouvrant la voie à des monologues sans fin et sans intérêt. Quand Chérif Mellal dénonce le communiqué officiel de la direction du Chabab en s'interrogeant «qui a autorisé les dirigeants du CRB à parler au nom de tous les clubs», il faudrait bien croire que sa réaction est aussi hypocrite. La JSK est, à ce titre, moins crédible de réclamer une autre issue du championnat que l'ES Sétif ou le MC Alger autrement plus indiqués que les Canaris à tenir tête aux Bélouizdadis durant la dernière ligne droite du championnat. D'un point de vu aussi bien général (le CRB compte 4 points d'avance sur la JSK en sus d'un match de retard) que particulier (les Rouge et blanc ont battu la JSK à l'aller et au retour). M. B.