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Pékin, le 1er mai 1975...
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 05 - 2020

Le 1er mai donne à la mégalopole chinoise l'allure d'un immense parc d'attractions, mais pas n'importe lequel. La profusion des couleurs dominées par le rouge vif si typique des vieux palais impériaux, l'éclat des lanternes agitées par les petits vents matinaux tout au long de ces longues rues bariolées, la farandole pittoresque des interminables et enluminés dragons de toile et de feu, la multitude de fanions et la musique omniprésente, confèrent à ces cérémonies un cachet particulier. Il y a probablement d'autres fêtes traditionnelles célébrées avec autant d'entrain mais, en ce premier mai 1975, nous réalisions que, pour la Chine communiste de Mao, la fête du Travail demeurait le point cardinal de toutes les réjouissances. Et dire que nous pensions qu'il n'y avait que les défilés stricts et les discours pesants. C'est toute la cité qui explose dans une débauche de couleurs et de sons réveillant le printemps dans cette grosse ville d'allure paysanne. A l'époque, Pékin, capitale administrative de la Chine, n'avait rien de moderne, hormis cette bâtisse longitudinale et saupoudrée de verre où nous habitions, un établissement réservé aux étrangers, et quelques immeubles récemment construits. Le reste, s'étalant à l'infini, est composé d'imposantes constructions de style stalinien.
Dans un geste que je n'arrive toujours pas à expliquer, nous sommes sortis en fanfare du grand hôtel international de Pékin pour aller rendre visite à l'ambassade vietnamienne, scandant l'air en vogue à cette époque : «Eh Mamia ! Eh Mamia !» Précédés par des cadres supérieurs du ministère de l'Agriculture que nous accompagnions dans ce voyage du bout du monde, nous marchions d'un pas alerte, en rangs serrés, pour aller dire à nos frères vietnamiens notre joie immense et notre ravissement de les voir sortir vainqueurs du long et épuisant combat héroïquement mené contre l'impérialisme et ses valets du Sud. Saigon venait de tomber et nous étions si heureux que nous n'avions pas réfléchi à ce que nous faisions. Spontanément et dans la ferveur révolutionnaire, nous avions décidé de rendre hommage à nos frères vietnamiens pour cette victoire finale arrachée au prix d'une lutte héroïque et des sacrifices énormes. Ils étaient venus à bout de la première puissance militaire du monde. Nous étions enchantés et fiers car le vent qui faisait claquer les fanions de la fête des travailleurs au-dessus de nos têtes semait un peu partout les graines d'un espoir démesuré.
C'était le mois de mai et c'était la décennie soixante-dix ! En son beau milieu, cette décennie mythique nous renvoyait, à des milliers de kilomètres d'Alger, une image conforme à nos rêves les plus fous. Les peuples prenaient leur revanche. L'ordre impérialiste subissait un coup sévère qui allait le terrasser pour quelques années. Nous avions raison d'y croire ! Et si le monde a mal tourné plus tard, si notre recul est réel, si le monstre a repris du poil de la bête pour revenir jouer sa triste rengaine en Afghanistan, Irak, Syrie, lorgnant vers l'Iran et le Venezuela, soyons assurés que l'issue de la bataille sera toujours la même, car la victoire est toujours du côté des justes. Un jour, ces justes furent les patriotes américains en lutte contre les colonisateurs de leur pays...
Voilà quarante-cinq années, nous fêtions la victoire des peuples sur l'impérialisme, à notre manière, à la manière des Algériens, dans une ville étrangère située au bout du monde. En ces temps-là, le monde tournait plus lentement. Plus sûrement aussi. Nous étions jeunes et la vie était belle. Mais elle ne pouvait être belle si elle ne souriait qu'à une minorité. Elle n'avait aucun sens cette vie bienheureuse réservée à quelques privilégiés. Elle ne pouvait être belle que si elle étendait son manteau protecteur sur la majorité, la grande race des frères… Voilà pourquoi la victoire du petit soldat vietnamien contre la super-puissante armée américaine était le triomphe de tous les peuples épris de liberté. Voilà pourquoi nous étions pressés d'en finir avec la misère, l'injustice, l'oppression et l'inégalité.
Nous savions que nous étions sur la bonne voie en Algérie et malgré des insuffisances sur le plan démocratique et aussi des privations dues à certaines pénuries cycliques, les choix économiques et sociaux furent les bons. C'est l'abandon de ces options qui a dévié notre pays de son chemin car si nous avions poursuivi avec la même politique, nous serions à un niveau de développement semblable, au moins, à celui des BRICS. N'oublions pas que nous avions le même PIB que l'Espagne et que nous étions dans une situation meilleure que la Corée du Sud. Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Surtout, il ne s'agit pas de revenir aux mêmes options politiques et de retenter le diable avec la collectivisation. C'est fini et c'est fini une fois pour toutes. L'économie doit être mixte en gardant, aux mains de l'Etat, tout ce qui est stratégique. Le reste est si vaste que nos entrepreneurs - et notamment les plus sérieux et il y en a - ont le choix ! Certains ont trop attendu. C'est le moment M par excellence. Une chance à ne pas rater pour assurer un développement sans précédent dans notre pays. Il y a tant de richesses qui dorment et qu'il est anormal d'exporter en l'état. Ouvrons les portes de ces transformations aux capitaines d'industrie qui ont des arguments à faire valoir et récupérons-les vite car le clan précédemment au pouvoir a tout fait pour les décourager et les chasser,
les obligeant à investir - et à réussir - ailleurs !
Si le pragmatisme politique et le réalisme économique nous commandent aujourd'hui de voir le monde avec un œil plus lucide, il serait cependant suicidaire et indigne de notre révolution de ne pas rompre avec les choix douteux des Khelil, Temmar, Bouchouareb et j'en oublie ! Non, le libéralisme outrancier n'est pas la solution à nos problèmes. Au mieux, il ne règle rien, au pire, il précipite des pans entiers de la société dans le dénuement total. Incapable de construire des économies solides répondant aux besoins réels des peuples, le néolibéralisme abusif n'est utile et valable que pour ceux qui en commandent les leviers. Puisse cette crise du Covid-19 réveiller la conscience endormie de tant de peuples qui doivent imposer plus que jamais le renaissance de leurs Etats-Nations, là où les unions factices bâties sur le profit ont créé un vide sidéral dans le domaine social. L'ampleur du désastre chez certains et la réussite relative chez les autres montrent toute l'étendue de la différence qui existe entre les Etats privatisés et ceux qui sont restés au service de la majorité.
La Chine que nous visitions il y a près d'un demi-siècle n'est plus la même. Tant de choses ont changé. A l'époque, nous fûmes reçus par Chou en Laï et Deng Xiao Ping. Le premier n'était pas en forme alors que le second rayonnait de santé. Mais le grand réformateur qu'il fut par la suite ne montra aucune différence idéologique avec le premier car nous étions en pleine révolution culturelle et le seul langage admis était celui de la dictature du prolétariat.
En me rangeant derrière ce petit homme rondelet pour la photo-souvenir, j'étais loin de m'imaginer qu'il dirigera un jour la Chine pour y introduire des réformes hardies qui ont donné puissance et modernité à cette nation millénaire. Deng Xiao Ping n'est pas un magicien. Il ne s'est pas écarté de la ligne du Parti communiste pour l'orientation idéologique générale mais il ne tarda pas à se détourner du livre rouge de Mao Tsé Toung (malade lors de notre visite) pour puiser chez le vieux Confucius les recettes d'un empirisme stupéfiant d'efficacité. C'est ce dosage de la toute-puissance de l'Etat, protecteur du peuple, avec l'esprit d'initiative et de libre entreprise qui ont fait le succès de sa politique.
Pendant que les impérialistes multipliaient les guerres pour simplement aider leurs copains fabricants d'armes, les Chinois travaillaient dans la paix pour inventer les solutions de demain. Ils sont à des siècles lumières du reste du monde.
M. F.


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