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La mendicité réinvestit les rues d'Alger
MALGRE LA MENACE DU COVID-19
Publié dans Le Soir d'Algérie le 07 - 06 - 2020

L'entrée de Bab Ezzouar est rudement encombrée ce samedi matin. Au rond-point qui mène aux principaux quartiers de la ville, les automobilistes doivent patienter un certain moment avant que des bandes d'enfants subsahariens s'écartent pour céder le passage aux véhicules.
Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Des images de déjà vu défilent ici. Par groupes de trois à cinq, ces enfants foncent, sans prendre garde au danger, sur les voitures en prononçant la fameuse phrase à laquelle les Algériens sont habitués : sadaka, lancent y compris des petites voix sortant d'un corps encore incapable de se hisser jusqu'aux vitres des voitures. Les chauffeurs sont dans l'incapacité d'avancer, le moindre coup de volant peut s'avérer fatal. Les enfants supplient, ont appris à formuler un – saha aïdek — sans accent, demandent de l'eau, font des signes qui traduisent leur faim, montrent leurs pieds nus et n'hésitent pas à poursuivre, en courant, les véhicules qui marquent un temps avant de pouvoir enfin poursuivre leur route.
L'espoir de voir des pièces de monnaie tomber dans les petites boîtes qu'ils tiennent en main semble plus fort que la peur de se faire renverser. Certaines des petites filles portent un long foulard aux couleurs défraîchies qui recouvre à la fois leur tête et une partie de leur corps. La partie qui pend est trempée, elle sert à essuyer la sueur qui inonde des visages marqués par des évènements qui les ont très tôt, trop tôt, précipités dans l'âpreté des vies des peuples tourmentés.
Comme les petits garçons, ces petites filles ne sont cependant pas seules lorsqu'elles arpentent les rues. Des aînés se tiennent toujours non loin des lieux où ils évoluent. À l'entrée de la cité des Bananiers, six jeunes observent de loin les scènes qui se déroulent. Ils sont jeunes, très jeunes. Les femmes portent de longs hidjabs en pièce unique, les hommes sont vêtus de longues gandouras et de pantalons bouffants. Ils rient et dansent sur le rythme de musiques diffusées par des téléphones portables très en vogue. Au centre du groupe, un bout-en-train s'amuse à faire des pirouettes.
Au carrefour de Ouled-Fayet, c'est une dame âgée qui veille sur les petits chargés de récolter les pièces. Elle porte un large foulard bleu pailleté, son visage ébène est creusé de longs sillons, son corps, exposé à un soleil brûlant, tressaille de temps à autre, dans ses bras, un bébé, de pas plus de six mois, pleure… Scène insoutenable. Les chauffeurs des véhicules qui passent observent sans s'arrêter. Les vitres ne se baissent pas, pas d'aumône, pas de bouteilles d'eau qui se tendent, pas de discussion enclenchée pour en apprendre plus sur le pays de provenance de ces personnes.
Comme à Bab Ezzouar ou aux Bananiers, seuls de très rares citoyens consentent à faire la sadaka. «La situation ne s'y prête pas du tout», avoue une dame qui tient à marquer la distance pour livrer son sentiment. Comme plusieurs personnes interrogées, elle insiste sur la particularité de la situation sanitaire en cours et des risques qu'encourent y compris les Subsahariens qui «sont revenus partout à Alger». «Autrefois, je préparais spécialement de grands plats de couscous pour eux le vendredi, mon fils allait le leur porter, mes voisines achetaient des yaourts aux enfants, mais maintenant ce n'est plus possible, il y a un virus dans l'air, mon fils coiffeur n'a pas travaillé depuis le mois de mars dernier, on est restés confinés de très longues semaines pour ne pas tomber malade, malheureusement, ces gens-là vivent dans la rue, ce n'est pas bon pour eux, et on ne peut pas non plus agir comme auparavant.»
Dans les différents quartiers où les migrants subsahariens ont fait leur réapparition, les personnes interrogées semblent également marquées par la campagne menée par le gouvernement trois années plus tôt. En été 2018, l'afflux massif de migrants subsahariens vers les grandes villes d'Algérie avait contraint les autorités à réagir en mettant en place un plan spécial destiné à réduire cette migration.
Le gouvernement de l'époque avait indiqué que la majorité des personnes qui arrivaient étaient en fait orientées par des réseaux de passeurs qui récupéraient l'argent de la mendicité et qu'une partie de ces gains était probablement destinée aux groupes armés activant dans la région du Sahel.
Durant la campagne de sensibilisation menée, des reportages diffusés par la télévision publique montraient des enfants subsahariens portant de grands sacs de pièces de monnaie récoltées durant les opérations de mendicité, cet argent était ensuite remis à leurs aînés qui l'échangeaient enfin contre des billets.
Ces images ne semblent pas avoir été oubliées par les Algériens qui gardent aussi en mémoire que le ministère de l'Intérieur de l'époque avait demandé aux Algériens de ne pas aider ces réseaux à se développer en leur donnant de l'argent. L'OIM, Organisation internationale pour la migration, avait, quant à elle, indiqué que près de 5 000 tentatives d'entrée de Subsahariens étaient quotidiennement enregistrées aux frontières sud du pays. Le phénomène s'est ensuite estompé, sans doute en raison des évènements qu'a connus le pays en 2019, estiment des spécialistes. Beaucoup s'interrogent, cependant, à nouveau aujourd'hui : serait-ce le retour des migrants subsahariens à Alger ?
A. C.


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