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Un concept oublié chez beaucoup d'Algériens
Profiter du soleil et de l'air naturel chez soi
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 06 - 2020

Plein soleil, une côte magnifique, un air frais et rafraîchissant, tout ce que peut offrir un balcon ou une terrasse. Et pourtant, les Algériens sont passés dans l'art de s'en priver. Le calfeutrage et l'abandon de ces espaces est devenu un sport national !

Durant le confinement, plein de vidéos des habitants d'outre-mer partageant des moments de solidarité dans les balcons ont fait le tour de la toile et des réseaux sociaux. Terrasses et balcons sont devenus le rendez-vous des confinés pour diffuser de la bonne humeur et garder le moral au beau fixe entre voisins de l'autre côté de la Méditerranée.
Force est de constater que la culture de la diffusion d'ondes positives, à quelques exceptions près, et encore moins celle d'aménager ces espaces de vie, ne fait pas partie de notre philosophie de vie.
Si ce n'est pas des barreaudages, ce sont des rideaux hideux et déchirés ou encore des baies vitrées, dénaturant toute l'harmonie de l'immeuble, qui nous font face.
Des pots de fleurs aux paraboles
Dans quelques jours, un programme de livraison d'appartements sera annoncé. Le topo est le même : nouvelle cité, nouveaux immeubles et architecture identique. Et la suite, nous la connaissons aussi : défiguration continue des appartements, et surtout de l'espace commun et des façades.
Et les balcons en sont le symbole parfait : la majorité des habitations actuelles en disposent mais dès les premiers jours, leur usage est souvent dévié.
Ils servent soit de séchoir pour le linge, d'antennes paraboliques installées anarchiquement, de réservoir d'eau ou de dépôt de tas d'outils inconvenants pour, probablement,ne pas encombrer les pièces. Comme si se débarrasser de ce dont on n'en a plus besoin serait considéré comme une grande perte, ou encore le garder pour « au cas où » !
Et pour d'autres habitants, sans aucun respect pour l'architecture de la façade extérieure, ils barricadent leurs balcons par des baies vitrées ou des barreaudages. Et dans certains cas, ces transformations fragilisent l'extérieur !
Cet état de fait perdure depuis près de trois décennies, au point que cela ne choque plus et devient la « norme ». Exit les belles plantes, les chaises et autres ornements pour se reposer ! Place à la gabegie, entrepôt ou débarras ! D'espace d'aération, ces lieux ouverts sont passés à des endroits clos !
Et nombreux sont ceux qui considèrent que les aménagements sont dus à « el horma » ou « la pudeur ». Comme si la personne qui profite de son balcon est en faute par rapport aux voyeurs!
Et pourtant, des solutions d'aménagement existent et sont très adaptées.
Réflexe pavlovien
La question qui se pose est : pourquoi infliger une telle plaie à un bien commun et, par conséquent, à toute l'architecture urbaine ? La question reste pendante du fait qu'il n'y ait pas eu d'étude de spécialistes en la matière. Il s'agit vraisemblablement plus de mimétisme et d'un réflexe pavlovien.
Mon voisin l'a fait, donc je le fais. Tout le monde, comme des gestes mécaniques, reproduit ce qui existe.
En effet, les parties communes ou publiques sont très souvent saisies par le locataire du rez-de-chaussée.
Dans son article « Appropriations et usages des espaces urbains en Algérie du Nord », publié dans Cahiers de géographie du Québec, dans son numéro 148 d'avril 2009, Bouziane Semmoud, Université Paris 8 – Vincennes – Saint-Denis, note que : « Les pratiques informelles se traduisent par une appropriation privative de plus en plus audacieuse des espaces publics et par une transgression sur les réseaux publics, plus marquées aux marges des villes, là où les pouvoirs publics sont peu présents ou absents.
Certes, ces pratiques apparaissent comme des solutions à un problème donné (travail, logement, accès aux services publics). Mais leur fondement culturel renvoie à la puissance publique, l'image de son incapacité à réguler, par les seules normes modernes de contrainte, la société et l'économie dans leurs articulations et dans leurs rapports à l'espace. La ville proposée par les décideurs et les techniciens n'est cependant pas rejetée, elle est remodelée par des pratiques sociales en pleine évolution. Celles-ci apparaissent comme des ruses, des tactiques. »
Origine sociologique et historique du mal-être urbain
L'origine de ce mal-être urbain est tout aussi historique que sociologique. Comme l'explique Bouziane Semmoud, dans son article : « Sous l'effet conjugué de la violence de la conquête et du capitalisme colonial déstructurant, la société algérienne a été privée de sa mémoire urbaine, sans pour autant être intégrée par le modèle colonial. Cette privation n'a été que peu et très ponctuellement compensée par la reconstitution, dans les nouveaux quartiers centraux algériens, d'une vie urbaine spécifique.
La mobilité qui a suivi l'indépendance n'a que faiblement diffusé les valeurs urbaines traditionnelles dans les villes coloniales réappropriées. La réappropriation du tissu urbain colonial ou colonisé a été porteuse sinon de bien-être, du moins de soulagement pour les Algériens. Longtemps cantonnés dans des agrégats de gourbis ou de bidonvilles, les gens se sont desserrés, pour un temps, dans les logements libérés par l'exode européen. »
Mais même à ce stade, nombreux sont ceux qui ne sont pas habitués à ces logements. Bouziane Semmoud le met en avant dans son analyse : « L'inadaptation aux nouveaux logements, tant décriée, tenait certes aux origines et aux pratiques rurales d'une partie des nouveaux habitants mais, surtout, à leur statut économique dominé par les chômeurs et les journaliers.
Le modèle de développement économique adopté par l'Etat indépendant a eu pour effet de relancer la mobilité des populations. Cette mobilité s'est déployée d'abord à l'échelle régionale et nationale, notamment entre villes.
Elle a ensuite pris la forme de desserrement urbain dans les nouveaux espaces résidentiels réalisés d'abord sous la forme d'ensembles collectifs, alors appelés zones d'habitat urbain nouveau (ZHUN) sur le modèle des zones d'urbanisation prioritaire françaises (ZUP), puis créés par les lotissements et, depuis peu, sous les deux formes à la fois. »
Enfin, il relève : « La reproduction du modèle des grands ensembles français dans une Algérie marquée par un lien social traditionnellement fondé sur la forte proximité, si elle a amorti la crise et permis le fonctionnement des entreprises publiques et des administrations, principales bénéficiaires des logements, n'en a pas moins produit un habitat dont l'image est assez souvent négative.
L'habitat y est standardisé et, la spécialisation de l'espace, extrême, en rupture avec le modèle urbain qui privilégie la rue, qu'il soit arabe ou européen. On y observe un hiatus entre les fonctions assignées par le plan à certains espaces publics (équipements, espaces verts) et l'abandon dont ces espaces font l'objet.
Le tout donne lieu à des pratiques qui mêlent urgence pour les individus de satisfaire des besoins liés au logement, et volonté – pas toujours partagée par l'ensemble des riverains – d'organiser l'espace public de socialisation.
La plus fréquente pratique est la résidentialisation spontanée, à diverses échelles, depuis l'appartement (ou la maison individuelle dans les lotissements) jusqu'au secteur de voisinage, en passant par l'immeuble. »
Sarah Raymouche


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