Le besoin de diversifier l'économie algérienne appelle à l'accélération du processus de la réforme bancaire. Toutefois, pour Rafik Boussa, président du cabinet international Grant Thornton Algérie et vice-président de l'ex-FCE, entreprendre des réformes dans ce sens exige, d'abord, de mettre tout notre système financier au « diapason ». Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Dans la mesure où les banques ne sont, selon lui, qu'une partie d'un écosystème où opère plus d'un intervenant. « Il y a lieu de revoir la philosophie de fonctionnement de ce système afin de l'adapter aux besoins du pays », a-t-il soutenu, hier mercredi, lors de son passage à la Radio nationale. Evoquant les facteurs qui, à son sens, freinent son développement, Rafik Boussa relève qu'on ne peut pas parler d'innovation financière tant qu'on reste tributaire d'une «autorisation» ; en sachant que «tout est interdit sauf autorisation», regrette-t-il. Il constate que c'est cette situation de blocage qui étouffe «toute innovation financière». À propos des réformes bancaires, l'expert financier estime que plusieurs ont été déjà engagées, mais « beaucoup reste à faire en termes de développement», signale-t-il. Pour lui, il est urgent «d'accélérer» ces réformes dans l'espoir de relancer une économie fragilisée. Que faire ? Le président Grant Thornton Algérie suggère, pour la partie relative au paiement, lequel est basé sur l'espèce, « d'aller vers de nouveaux instruments de paiement». Il affirme que des solutions technologiques existent et qu'il reste seulement à les déployer. Défendant son approche, il estime qu'il faut généraliser par tous les moyens possibles le paiement électronique, via téléphone mobile, comme ça se fait partout ailleurs. Pour lui, la crise de liquidités vécue dernièrement pas les citoyens à la veille des fêtes démontre à quel point ce système est «suranné». Abordant la question d'une refonte globale pour rendre les banques plus effectives pour dynamiser la croissance, l'intervenant tient à souligner que les banques publiques financent près de 80% des crédits économies du pays avec comme appui l'apport de quelques banques privées, qui elles aussi contribuent à soutenir la croissance nationale. Maintenant, soutient-il, «il faut que cette offre de financement soit renforcée à travers la diversification des produits », et que cela se fasse via marché boursier ou par le biais d'un financement classique, peu importe, «il faut prendre des risques et accompagner les entreprises». D'ailleurs, il rappellera que la crise sanitaire a frappé de plein fouet de nombreux opérateurs économiques et que les mesures engagées pour maintenir la survie de ces entreprises «n'ont malheureusement pas suffi et n'ont pas aidé certaines d'entre elles à remonter la pente». Il a, en outre, indiqué que la banque « ne pourra pas faire des reports sans pénalités puisqu'elle a des comptes à rendre aux actionnaires». Rafik Boussa a, par ailleurs, attiré l'attention sur le temps écoulé entre la prise de décision par les hautes autorités et leur mise en œuvre sur le terrain. «Cela nous fait perdre énormément de temps», se plaint-il. D'où la nécessité, insiste-t-il, «d'accélérer le process de publication des textes dans le Journal officiel et d'exécuter les décisions sans délai». M. Z.