- Dis ! Toi qui es au courant de tout, elle en est où l'enquête demandée par Djidji à la DGSN sur les récentes inondations ? - Elle patauge ! - ??? Je ne sais pas comment je suis parvenu à vous ce mercredi. Peut-être un miracle ? Ou un hasard ? Ou une fenêtre spatio-temporelle dans la bulle du temps ? Ou alors... d'ailleurs, suis-je vraiment parvenu jusqu'à vous ? Je ne peux même pas consulter les pages du Soir pour savoir si ma chronique a été publiée. J'ai l'impression d'être le dernier habitant sur terre et de parler à une Cb, une radio de transmission antique et crachotant tout, sauf des signaux de paroles humaines intelligibles. Il y a pourtant eu ce moment hier, à la fin de ma rédaction quotidienne de mes 30 lignes de pitreries. J'allais pour la 4 567e fois tenter d'envoyer mon papelard au canard, lorsque la barre de progression sur mon moteur de recherche a coulé une bielle ! Rien ! Failed ! Et puis, vers 12h30, alors que mes doigts, en pilotage automatique, pianotaient et pianotaient encore sur le clavier mon envoi, ça a semblé marcher. Je me suis dit « cette fois, c'est bon ! La chronique est partie ». De chez moi, vers le journal, et peut-être chez vous. Mais comment en être sûr ? En appelant le Soir, pardi ! J'ai appelé ! Appelé ! Et appelé encore. Finalement, c'est le gardien qui est venu décrocher : - Alors ? Ils sont où ? demandai-je d'une voix fiévreuse. - Ils sont dehors ! me répondit-il, visiblement ennuyé d'avoir été dérangé pendant sa sieste. - Mais qu'est-ce qu'ils foutent dehors ? Demandai-je encore, revenant à la charge comme tout bon journaliste que je ne suis pas. - Ils cherchent le signal ! lâcha-t-il, avant de raccrocher sèchement. Je crois que c'est à ce moment précis que j'ai enroulé le fil du téléphone, en boucle coulante autour du lustre, au plafond. Puis, dans la boucle, j'ai placé mon ordinateur, serré fort le nœud, et enfin, j'ai retiré brutalement la chaise, en dessous. Ce que j'ai fait, ensuite ? Oh ! Rien de spécial. Je me rappelle juste être sorti, moi aussi. Avec une pancarte sur laquelle j'avais griffonné « ESSIGNAL ! » Ah ! Oui ! J'allais oublier, juste avant, j'ai tout de même pris le temps de fumer du thé pour rester éveillé à ce cauchemar d'internet qui continue. H. L.