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«Paris se souviendra, la Seine témoignera»
IL Y A 59 ANS, DES HEROS ANONYMES PORTAIENT LE COMBAT LIBERATEUR DANS L'ANTRE DU COLONISATEUR
Publié dans Le Soir d'Algérie le 17 - 10 - 2020

Les militants d'une cause juste qui font abstraction du contrôle du pouvoir pour le pouvoir et qui mettent en avant leurs convictions politiques créent des miracles. Leurs parcours et leurs faits d'armes enrichissent et grandissent les mémoires des sociétés auxquelles ils sont rattachés. Les militants, les militantes et les responsables de la Fédération du FLN de France ont créé ce miracle. Aucune manipulation de l'Histoire ne pourra les en déposséder.
Les évènements dramatiques et héroïques d'Octobre 1961 en plein Paris ne sont pas une simple émeute de « musulmans d'Algérie » en mal de plus de bien-être matériel, mais c'est une bataille conçue par la direction du FLN des maquis et idéalement exécutée par les responsables et les militants et militantes de la Fédération du FLN de France. Ce plan visait un objectif : mettre le dossier de l'Algérie en guerre contre la colonisation de la Patrie par l'armée et l'establishment français au-devant de la scène politico-médiatique internationale. En effet, une violente répression menée par l'administration coloniale dans un lieu symbolique comme Paris, capitale des droits de l'Homme, contre une population déracinée totalement pacifique et vulnérable, est mieux rentable au plan politique qu'une opération militaire bien réussie dans les djebels de l'Algérie martyrisée.
C'est sûrement ce que se sont dit les responsables du FLN révolutionnaire, eux qui ont décidé de déplacer la bataille politico-militaire de la guerre de Libération dans l'antre de l'ogre colonisateur. Pour les moudjahidine de la Fédération du FLN de France, il est question de la bataille de Paris. L'Histoire révélera, un jour peut-être, que les manifestations du 17 Octobre 1961 dans la capitale française, venues après celles du 11 Décembre 1960, ont été un tournant décisif dans le processus des négociations avec le gouvernement de De Gaulle pour l'aboutissement de la revendication de Novembre 1954 : l'autodétermination aux Algériens. «C'est la première fois dans l'Histoire des peuples en lutte pour leur indépendance que le colonisé porte la guerre sur le sol du colonisateur. La bataille des Algériens à Paris est une bataille de Dien Bien Phu politique.» C'est ce qu'a dit le fameux général Giap sur les événements d'Octobre à Paris, pour mettre en exergue l'ampleur du front ouvert par les patriotes de la Fédération de France.
Ce 59e anniversaire du 17 Octobre 1961 est une halte nécessaire pour les Algériens. D'aucuns pensent qu'il est inutile d'accomplir un rituel comme l'affectionne le système algérien, mais de faire parler plutôt les témoins pour dire aux jeunes que l'indépendance de l'Algérie a été chèrement payée par les patriotes, les vrais. Dans le même ordre d'idées, il faut contourner le cloisonnement mis en place sur la Révolution de Novembre pour mettre à la lumière du jour tous les faits, bons ou mauvais — les Algériens ont de quoi s'enorgueillir légitimement et sans vantardise — notamment la contribution et les sacrifices consentis par la communauté nationale établie en France. Cette contribution et les sacrifices qui en découlèrent ont été d'une importance essentielle pour la victoire finale. Ce fait est occulté par ceux qui n'ont ni de bilan à faire valoir, encore moins un fait d'armes à accoler à leur médaille imméritée qui leur sert d'argument politique pour légitimer leur pouvoir. Ceux-là mêmes qui ont vainement tenté d'effacer de la mémoire nationale l'apport des militants de la Fédération de France à la Révolution de Novembre. Ghafir Mohamed dit Moh Clichy est un témoin de cette épopée qui est synonyme de courage pour le recouvrement de la dignité piétinée du peuple algérien. L'ancien chef de la Super-zone (rive gauche de Paris) est un témoin durant les préparatifs et le déroulement des manifestations de cette journée mémorable. Dans son essai Droit d'évocation et souvenance sur le 17 Octobre 1961 à Paris, il a listé un certain nombre de faits marquants de cette période tragique. Il reste marqué particulièrement par les atrocités auxquelles se sont livrés, en toute liberté, les policiers parisiens sous le commandement de Maurice Papon. Il a également fait allusion aux retombées politiques de cette action.
Le contexte
À la lecture du récit de M. Ghafir, l'observateur ne manquera pas de noter quelques indices sur la situation politique d'avant la date du 17 octobre 1961. Ce qui permet de situer l'importance des événements décidés et contrôlés par la direction du FLN et concrétisés par la Fédération de France. Au début de l'année 1961, dans les deux camps adverses, la situation était difficile. Le général de Gaulle a été appelé en urgence pour contrecarrer le complot d'Alger et sauver la IVe République vacillante. Dans le camp adverse, le binôme FLN/ALN subit des pressions terribles, notamment à l'intérieur où les wilayas combattantes manquaient d'armement, de ravitaillements et d'informations. Le FLN se positionne en seul interlocuteur du gouvernement français que préside le général de Gaulle. Ce dernier fait face aux partisans de l'Algérie française. Dès lors, le FLN augmente les pressions pour ramener le Général à la table des négociations. «Le Comité de coordination et d'exécution (CCE) décide, à partir du Caire, de transporter la guerre dans le territoire français pour la libération de l'Algérie», dira Ghafir. Il précise, en outre, qu'«en juillet 1958, la Fédération de France du FLN créa l'Organisation spéciale (OS), en gardant le schéma de celle initiée par le PPA. Elle est constituée de fidayine volontaires, de commandos formés en Allemagne et au Maroc pour des opérations paramilitaires sur tout le territoire français, ciblant uniquement des objectifs militaires, policiers et économiques. Le 25 août 1958, à zéro heure, le deuxième front armé est engagé sur l'ensemble du territoire français». La 7e Wilaya est née. Cette organisation a, en outre, à son actif plusieurs opérations, notamment l'attaque de la raffinerie de pétrole de Mourepiane, attaque qualifiée par le journal Le Provençal de catastrophe nationale. La même organisation (l'OS) a mené en plein centre de Paris une action contre Soustelle, alors ministre de l'Information. Le livre de Ali Haroun énumère ces actions. Réagissant à ce harcèlement des fidayine de la Fédération de France, l'Etat français, par le biais de Papon, préfet de Paris, décrète un couvre-feu qualifié de raciste, contre les Algériens de souche. Le FLN en situation d'offensive en France est sommé de riposter, surtout au plan politique.
La manifestation des femmes
«La Fédération décide d'organiser un boycott du couvre-feu en changeant de stratégie afin de renverser l'opinion publique française. Alors que les actions armées s'inscrivaient dans une logique de clandestinité et de guerre, le boycott du couvre-feu doit prendre la forme d'une manifestation pacifique de masse au grand jour», explique l'ancien chef de l'Amala (Super zone) de la FDF. Selon lui, le Comité fédéral a donné des consignes pour que la manifestation se déroule en trois phases.
Le premier jour – le samedi 14 octobre, au plus tard le mardi 17 octobre — les responsables du FLN avaient demandé à tous les Algériens et Algériennes de Paris et de sa banlieue de tout âge de sortir. Par mesure de sécurité, les cadres recherchés ont été dispensés de présence aux côtés des manifestants. Les organisateurs ont prévu des arrestations. Des consignes avaient été données aux femmes de sortir dans la rue pour scander les slogans «À bas le couvre-feu raciste !», «Libération de nos époux et de nos enfants !», «Négociez avec le GPRA !», «Indépendance totale de l'Algérie !» L'extension des manifestations à tout le territoire français et une grève générale sont les deux autres étapes. Pour notre interlocuteur, les 12 000 arrestations sont une indication de la marée humaine qui a adhéré aux consignes du FLN. Incontestablement, la Fédération de France du FLN a remporté une victoire politique majeure dans le déroulement de la bataille de Paris.
Crime d'Etat
Malheureusement, le succès de la manifestation eut un coût très élevé pour l'émigration. En effet, dans son rapport daté du mois de juillet et adressé à ses responsables, dont une partie avait été reprise par l'écrivain Jean-Luc Einaudi dans son livre Un massacre à Paris, Ghafir Mohamed constatait que «la répression a été intense sur l'ensemble de la Zone ces dernières semaines. Les XVe et Ve arrondissements, en particulier, ont été les plus touchés par les fouilles et les perquisitions multipliées jour et nuit. Cette répression est dirigée souvent par des traîtres, des harkis, particulièrement dans les quartiers des deux régions citées. Mais pour nous, l'implication des harkis particulièrement féroces n'a changé en rien nos activités qui ont été, au contraire, intensifiées et étendues sur l'ensemble de Paris et de sa banlieue (...) En dépit de centaines de plaintes, les harkis séquestraient, torturaient et assassinaient en toute tranquillité dans les caves parisiennes sous les yeux de M. Patin et de la Commission de sauvegarde». «Une réaction unanime est constatée chez les militants, c'est celle de reprendre les actions contre la police et principalement les harkis, du moins pour se défendre légitimement. Nous savons que l'ordre donné par notre gouvernement d'arrêter les opérations offensives en France a une signification politique vis-à-vis de l'opinion française et internationale. » Dans son autre livre intitulé La bataille de Paris, J. L. Einaudi cite, en annexe, la lettre rendue publique le 31 octobre 1961 par des policiers républicains. Ils dénonçaient les atrocités commises par leurs collègues et les miliciens de Papon. «Dans le 18e, des membres de brigades spéciales du 3e district se sont livrés à d'horribles tortures. Des Algériens ont été aspergés d'essence et brûlés «par morceaux ». Pendant qu'une partie du corps se consumait, les vandales en arrosaient une autre et l'incendiaient. Ces quelques faits indiscutables ne sont qu'une partie de ce qui s'est passé ces derniers jours, de ce qui se passe encore.»
M. Ghafir estime le nombre d'arrestations à 12 000 personnes. «Des centaines de cadavres de manifestants abattus par balles jonchent les grands boulevards. Des centaines de personnes ont été jetées dans la Seine», écrit-il dans son témoignage. «On a dénombré 327 noyés, d'après les chiffres déclarés par Mourad Oussedik, membre du collectif des avocats du FLN. Ces assertions se basent sur les rapports médico-légaux. Ils ont été, en outre, confirmés par les recherches de l'historien J. L. Einaudi.» Pour cet acteur des événements, il ne fait aucun doute qu'un crime d'Etat a été commis le 17 octobre 1961 contre une population désarmée. Ce forfait a été perpétré par la police et les miliciens avec l'assentiment du gouvernement français.
Les réactions
En plus du succès politique incontestable engrangé par le FLN et le GPRA, (Gouvernement provisoire de la République algérienne) naissant, la bataille menée par la 7e Wilaya a été, sans doute, un moment crucial pour mettre les humanistes, les révolutionnaires, les démocrates et certains hommes de la gauche française devant leurs responsabilités morales. Elle les a poussés à se démarquer de la négation humaine infligée aux Algériens — « les indigènes que nous étions, étaient dépourvus de la citoyenneté française ». Devant la férocité de la répression qui a ébranlé la conscience occidentale, la réaction a été à la mesure des atrocités commises par la police française. Et c'est dans cette réaction que réside justement la victoire du FLN. Moh Clichy énumère quelques-unes de l'époque. Il rappelle que «le 24 octobre, Youcef Benkhedda, président du GPRA, déclarait : «Aux yeux du monde entier, ces tragiques événements de Paris montrent une fois de plus le génocide perpétré par le colonialisme français contre le peuple algérien. Le couvre-feu raciste a été brisé par nos militantes et militants pour la seconde fois à Paris. Cette ville revêt aujourd'hui l'aspect d'une ville en état de guerre.» Il rappelle, par ailleurs, la position courageuse de policiers qui ont dénoncé ces exactions. «Ce qui s'est passé le 17 octobre 1961 et les jours suivants contre les manifestants pacifiques, sur lesquels aucune arme n'a été trouvée, nous fait un devoir d'apporter notre témoignage et d'alerter l'opinion publique. Nous ne pouvons taire plus longtemps notre réprobation devant les actes odieux qui risquent de devenir monnaie courante et rejaillir sur l'honneur du corps de la police tout entier», écrivait un groupe de policiers républicains.
La lettre en question a été reprise par Einaudi dans son second livre La Bataille de Paris. «Dix jours après le 17 octobre, les 28 et 29 octobre 1961, contacts secrets à Bâle (Suisse) entre les représentants du GPRA et le gouvernement français, représentés respectivement par Messieurs : Rédha Malek et Mohamed Seddik Ben Yahia, Claude Chaillet et Bruno Deleusse», rappelle Moh Clichy. Faisant une observation sur les sentiments liés à ce qu'il a vécu, il écrit : «De tout temps, les Algériens ont connu une succession de mises en état de résistance. Des rendez-vous que l'Histoire nous a fixés. Par défi et par continuité, nous avions su à chaque fois y répondre par une abnégation résolue et avions toujours essayé de nous hisser à la hauteur de notre destin.» Que reste dans notre pays martyrisé de cet esprit et de l'héritage légué par le FLN de 1954 ?
Célébrer de manière citoyenne le 17 Octobre, le 11 Décembre, le 1er Novembre ou les dates marquantes de la guerre de Libération est maintenant un devoir. C'est une manière de faire barrière à l'intrusion des islamistes qui créent de nouveaux concepts pour tenter de rattraper l'Histoire, eux les « assimilationnistes » qui attendaient depuis 1954 la direction du vent pour s'orienter. Ce courant politique se livre, ces dernières années, à une véritable révision de l'histoire de la guerre de Libération, dans laquelle il est absent.
MASSACRES DU 17 OCTOBRE 1961 À PARIS
Les méthodes de la Gestapo usitées par Papon
«Par un coup reçu, nous en porterons dix», dit Papon, le préfet de Paris aux policiers de la capitale française. Il leur ajouta : «Réglez vos comptes personnels avec les Algériens, vous êtes couverts par le pouvoir.»
Cela se passait en 1961, lors de la manifestation pacifique de la communauté émigrée en France organisée par la Fédération du FLN de France.
Pour rappel, l'ancien préfet de Paris a été condamné en 1998 par la justice française pour complicité de crimes contre l'humanité. Entre 1942 et 1944, il a, en effet, participé activement à la déportation massive de Juifs pour leur extermination dans les sinistres chambres à gaz en Allemagne d'Hitler. Ghafir Mohamed dit Moh Clichy, ancien responsable au sein de la Fédération de France du FLN au moment des événements dramatiques du 17 Octobre 1961, rappelle ces prises de position du préfet de police de l'époque, pour souligner la gravité des dépassements enregistrés. Et pour cause, de hauts responsables de l'Etat français autorisaient donc les fonctionnaires de police à procéder à des exécutions sommaires systématiques des Algériens de souche.
Ce qui ressort du récit est que dans la capitale de l'humanisme universel, terre d'asile qui a vu la naissance de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, la loi édictée par le droit est mise entre parenthèses pour l'application de celle du talion contre des civils. «C'est un crime d'Etat !», s'insurge ce militant cadre de la Fédération de France. L'effarant bilan déploré à la fin du mois d'octobre 1961 faisait état au minimum de 327 Algériens jetés dans la Seine, victimes, par conséquent, d'exécutions sommaires. Par ailleurs, à la lecture des témoignages on ne peut que rester effaré. Pour le malheur des Algériens de Paris, l'ancien préfet de la capitale française s'est inspiré des méthodes et de la même organisation que la Gestapo contre les Algériennes et les Algériens qui réclamaient l'indépendance de leur pays. Dans le témoignage de M. Ghafir, nous avons relevé quelques faits qui sont étrangement similaires à ceux qui se sont passés sous le régime de Vichy pour lequel Papon a fait cas de dévouement exemplaire. Il a décrété un couvre-feu exclusivement contre les Algériens, qualifié de raciste par le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Il a monté une milice qui agissait en toute liberté pour mener des rafles et des exécutions contre les émigrés algériens.
Cette police parallèle dénommée Forces de police auxiliaire, dont le commandement revenait au capitaine Rymond Montaner, est composée de policiers marginaux et surtout de harkis, comme celle de Joseph Darmand.
La sinistre milice de Darmand travaillait, rappelons-le, durant l'occupation de la France sous les ordres de la Gestapo. Elle collaborait au démantèlement des réseaux de la Résistance et à la déportation des Juifs de France. «Papon, les camps d'assignation à résidence surveillée CARS, où peuvent être internés, sur simples décisions administratives sans jugement, les Nord-Africains suspects. Les rafles massives sont organisées, les violences et les détentions arbitraires au faciès se multiplient», écrit dans son récit l'ancien responsable au sein de la Fédération de France. Cela ressuscite, bien entendu, d'autres macabres souvenirs.
Papon a été condamné par la justice française pour complicité du crime commis contre les Juifs. Par contre, il n'a jamais été inquiété pour les forfaits qu'il a lui-même organisés contre les Algériens entre 1961 et 1962.
Abachi L.


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