Comme il fallait s'y attendre, les partis ayant appelé au boycottage du référendum, d'avant-hier dimanche, portant sur le projet de révision constitutionnelle ont été les premiers à réagir pour en prendre acte et inviter, du coup, le pouvoir en place, à en faire la lecture appropriée. M. Kebci - Alger (Le Soir) - C'est ainsi que le Rassemblement pour la culture et la démocratie estime que le pouvoir a «lamentablement échoué, même dans sa tentative de réunir des adeptes du partage de la rente autour de sa démarche». Et d'avertir dans un communiqué rendu public juste après la publication par l'Autorité nationale indépendante des élections, des résultats officiels de ce scrutin, contre la «persistance dans cette démarche et la promulgation d'une Constitution rejetée par 86,3% des électeurs». Car, selon le parti progressiste, ce serait «ouvrir la voie au désordre porteur de tous les périls», mettant en garde «ceux auxquels revient la charge de prendre une telle décision, d'assumer l'entière responsabilité de cet acte». Une responsabilité qui sera «d'autant plus lourde, qu'un autre choix existe», estime le RCD pour qui il s'agira de «réunir sans délais les conditions pour l'expression de la volonté du peuple souverain». Pour le parti que préside Mohcine Belabbas, le taux de participation annoncé, «bien que largement gonflé», pour le référendum du 1er novembre, constitue en lui-même un «désaveu populaire de la démarche de légitimation a posteriori du hold-up électoral opéré le 12 décembre 2019». Et de relever que «la mobilisation des moyens de l'Etat, avec administration et argent public généreusement distribué à la société civile de «la nouvelle Algérie», des appareils des partis politiques qui ont souscrit à cette démarche, des médias et de tous les corps de sécurité confondus, n'ont pas détourné les Algériens de la célébration de novembre authentique avant de vaquer à leurs occupations habituelles». Ceci non sans voir en cette «fin de non-recevoir pacifique et cinglante, conçue dans les entrailles du génie de notre peuple, loin de toutes les officines» une «meilleure leçon de maturité politique et de responsabilité». Un «sursaut de dignité exemplaire» que le RCD dit «saluer» Autre parti à réagir, le Front des forces socialistes qui estime, pour sa part, que «le pouvoir se retrouve face au verdict populaire». Pour le doyen des partis de l'opposition, «la crise multiforme qui secoue notre pays depuis des décennies, trouvera son épilogue à travers un processus constituant souverain, qui permettra l'émergence d'une alternative démocratique en Algérie». Et au coordinateur de l'instance présidentielle du FFS de regretter que «face à la spectaculaire dynamique populaire amorcée grâce à la révolution populaire du 22 février 2019, qui a pu ressusciter l'espoir chez l'écrasante majorité du peuple algérien, le régime en place a préféré reconduire ses vieux réflexes. Des réflexes bâtis sur la ruse et le louvoiement, à travers des coups de force politiques , afin d'imposer la seule feuille de route qui l'arrange et qui garantira son hégémonie absolue sur le destin politique de la nation». Et à Hakim Belahcel de se réjouir que «le référendum qui a été décidé d'une manière unilatérale et arbitraire par les tenants du pouvoir, vient de subir comme nous l'avons prédit, un rejet populaire général». Ceci non sans saluer le peuple algérien pour avoir «magistralement et pacifiquement tourné le dos à cette nouvelle tentative de détourner la volonté populaire, en imposant une Constitution antidémocratique et impopulaire». Du côté des participationnistes à ce référendum, la déception a été immense chez notamment ceux qui ont appelé à voter contre ce projet d'amendement constitutionnel. Une déception que le président du conseil consultatif du Front pour la justice et le développement tente d'en minimiser l'ampleur, en rejetant la responsabilité sur ceux qui ont appelé au boycott de ce scrutin qu'il invitera à «prendre leurs responsabilités». C'est ce qu'estimera Lakhdar Benkhellaf, qui ajoutera que cette Constitution, même «très faiblement adoptée» sera de mise au vu, selon lui, du vide juridique qui régit l'exercice référendaire. «Si ceux qui avaient boycotté ce référendum ont joint leurs voix aux nôtres, nous aurions pu faire avorter ce projet d'amendement constitutionnel démocratiquement», dira-t-il, relevant que nous sommes face à une Constitution qui manque «terriblement de légitimité populaire et politique». Du côté de la société civile, le vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme soutient dans un poste sur sa page Facebook, que la mise en échec du référendum est une réalisation du peuple». Et à Saïd Salhi, très impliqué dans le mouvement populaire du 22 février 2019, de «refuser qu'on lui dénie cette victoire car, estime-t-il, pour le reste, le combat continue». Pour rappel, le projet d'amendement de la Constitution a été approuvé par 66,80% des voix des électeurs inscrits lors du référendum qui a eu lieu, avant-hier dimanche, selon des résultats préliminaires annoncés, hier lundi par le président de l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie). M. K.