Depuis sa présentation, il y a quelques jours, la loi de finances pour l'année 2021 symbolise, comme ces précédentes, le peu d'intérêt porté par l'Etat au secteur culturel. Bien que la ministre de la Culture Malika Bendouda, nommée depuis janvier 2020, ne cesse de souligner la volonté de son gouvernement de redonner à la culture toute la place qu'elle mérite. Pourtant, le budget alloué à son ministère par le PLF 2021 dément catégoriquement ses aspirations puisqu'il figure parmi les moins importants de la répartition budgétaire de fonctionnement. Le producteur Yacine Bouaziz (Thala Films) le résume assez bien dans un court texte publié sur les réseaux sociaux : « Le budget accordé au ministère de la Culture est 16 fois inférieur à celui accordé au ministère des Moudjahidine... Pourquoi nos glorieux combattants se sont-ils battus ? N'est-ce pas pour que notre identité et notre culture puissent exister et rayonner ? Qu'est-ce qui justifie une répartition pareille ?». Le décalage est, en effet, saisissant quand on sait que la culture est un secteur qui s'adresse à l'ensemble de la population et notamment aux jeunes qui en représentent 75%, alors que le ministère des Moudjahidine, nonobstant les soupçons qui pèsent sur sa gestion financière, ne s'adresse normalement qu'à une minorité décroissante d'année en année. Adopté par l'APN mardi dernier, le projet de loi de finances prévoit des dépenses budgétaires en hausse de 10% par rapport à celles de l'an dernier : les secteurs dits stratégiques tels que la Défense, l'Intérieur, l'Education et la Santé bénéficient de budgets de fonctionnement s'élevant à des dizaines de milliards de dinars. Ils sont talonnés par l'Energie, les Affaires étrangères, les Affaires religieuses et les Moudjahidine. Sur 35 institutions, le secteur de la Culture arrive en 22e position et obtient 152 millions de dinars, soit 1,87% du budget global. C'est pour ainsi dire le taux approximativement classique du secteur au fil des dernières années, même si le PLF 2021 marque une certaine baisse en comparaison avec les précédentes répartitions, la culture ayant rarement dépassé la barre des 2%. S. H.