Arrivées sur place, à El-Harrouch après le tremblement de terre, les autorités se sont engagées auprès des populations locales : « Ne vous inquiétez pas ! Nous allons faire... ... bouger les choses » ! Je les vois bien, au journal ! Ouiiii ! Je ne suis pas aveugle ! J'ai remarqué que la direction du canard zyeutait de plus en plus mes cheveux. Ma tignasse « m'kecherda », bien épaisse et bien crépue ! Pour le moment, ils ne m'ont encore rien dit. Mais je sens bien qu'ils veulent épouser le mouvement d'ensemble. Le mouvement « lissage » en vogue ces derniers jours. Je devine sans peine qu'ils vont finir par m'en toucher un mot, voire plusieurs phrases, ensuite ils passeront aux représailles. Comme de m'interdire l'accès à la rédaction. Eh ben, rien ! Il n'en est pas question ! Crépus et fournis, ils sont, crépus, fournis et bien rêches ils resteront ! Personne ne touche un poil de mes cheveux ! Lisser ma chevelure ! Et puis quoi encore ? Vous m'imaginez là, maintenant, me plantant devant vous, pour cette chronique, avec des cheveux lissés. Tirés au brushing ? Non, bien sûr ! Et puis, je ferais comment pour la lire ma chronique avec des mèches bien droites tombant devant mes yeux, et faisant barrière ? Attention aux dérives ! Cette histoire de lissage des cheveux et de guerre aux tignasses « m'kecherdine », ça risque de nous mener loin, très loin ! Entraînés dans leur folie capillaire, ils sont capables d'adopter des attitudes extrêmes. Ne me dites pas non ! On l'a vu à travers l'Histoire ! Dès que des hommes s'arrogent le droit de porter un jugement sur les cheveux des autres, ça produit un effet... boule de neige, et ça peut se terminer à la... tondeuse. Si ! Si ! Relisez l'Histoire ! On a tondu des gens pour moins que ça, juste pour des bisous ! Mon Dieu ! Comment oserais-je alors me présenter devant vous, la boule à zéro ? Sans un cheveu sur la tête ! Chauve ! Déjà, avec la Covid-19 et le confinement, j'étais au bord du burn-out, si en plus, je dois me cacher pour échapper au Babylisse, où va-t-on comme ça ? Tenez ! Tout à l'heure, j'ai eu une première grosse alerte. Lorsque j'ai envoyé la chronique au journal, ils m'ont immédiatement appelé. Mon cœur a bondi. Finalement, le rédacteur en chef m'a juste lâché dans le combiné : « Hakim ! Ta chronique, au poil, aujourd'hui ! » Hum ! Hum ! J'me méfie grave ! Il a voulu dire quoi, le Barbier de Séville du Soir avec son «au poil » ? La traque et la guerre contre les « m'kecherdine » battent leur plein, moi je vous le dis ! Ils ne s'arrêteront qu'une fois leur objectif atteint : nous rendre tous parfaitement lisses. Totalement lisses ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.