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Haro sur Mohamed Ramadhan !
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 11 - 2020

Le début de carrière de Mohamed Ramadhan ressemble un peu au phénomène yéyé en France qui vit tant de succès fulgurants, suivis d'autant d'échecs retentissants, avec des fins tragiques. Mais Mohamed Ramadhan a duré, et pas seulement grâce à sa ressemblance avec l'inoubliable star Ahmed Zaki, auquel on le comparait volontiers, pour le grandir ou bien pour le diminuer. Ses fans voyaient en lui non seulement le successeur de Zaki, mais encore celui qui allait le faire oublier, et ses détracteurs répliquaient qu'à part la ressemblance physique et si lointaine... Pour répondre à ceux qui dénigraient son talent supposé, Ramadhan, qui ne doit rien à une certaine homonymie, s'est mis à chanter ou à rapper, avec des clips en guise de plaidoyers pro domo. Le rappeur a encore cassé la baraque, avec des chansons toujours plus provocantes, qui ont augmenté la rancœur des plus vieux et grossi les rangs des plus jeunes, là où il recrute ses fans. En témoigne la popularité de son hymne personnel, Ana mafia, où il se présente comme un puissant et belliqueux membre de la célèbre organisation criminelle et modèle de gouvernance. Sans doute a-t-il jeté une pierre dans le jardin de la vraie mafia, en se proclamant aussi mafia qu'un autre, et donc susceptible de se hisser aux plus hautes marches de la société.
Sans parler de ses rôles dans les incontournables feuilletons égyptiens où il incarne le plus souvent des personnages qui vivent aux marges de la loi commune, en passant par la case prison. Ce genre de personnage et ce type de feuilleton à succès sont d'autant plus assurés d'une certaine popularité que ses protagonistes, hommes et femmes, ne cessent de se réclamer de la vraie foi. Quant à la polygamie si chère aux misogynes et aux islamistes (ils peuvent être les deux sans sourciller), Mohamed Ramadhan empile, excusez du terme, épouse sur épouse dans le plus récent rôle. Autant le rappeur accumule les provocations et les attitudes peu orthodoxes, autant l'acteur est conforme aux nouvelles normes sociales, à religiosité débordante. Comme on est bien loin d'Ahmed Zaki et du personnage de L'Ecole des cancres, qui a lancé la carrière de l'acteur disparu, avant les grands rôles où il a incarné Sadate et Hafez. Voilà donc un jeune acteur et fougueux acteur propulsé en peu de temps sous les feux de la rampe, artiste le mieux payé d'Egypte et qui risque de ne plus être payé du tout. Parce que le plus grand risque que court Mohamed Ramadhan, en dehors d'être poignardé par un fou furieux dans une rue du Caire, c'est celui d'être réduit au chômage, pour longtemps.
Oui, les artistes sont adulés en Egypte, on passe même souvent sous silence leurs frasques sentimentales, mais gare à celui ou celle qui enfreint certaines règles et irrite les syndicats. À ce titre, le syndicat des artistes est le plus mortellement patriote, et il interdit à ses membres affiliés volontaires ou d'office de critiquer jusqu'au moindre grain de sable du Sinaï. Il y a quelques années, la pauvre Shérine Abdelaziz, chanteuse à tubes en rafales, a commis la faute qui a failli lui être fatale: elle a osé dire que boire l'eau du Nil pouvait donner la bilharziose. Tout le monde sait que l'eau du Nil n'est pas potable en l'état et que la bilharziose qui résulte de sa consommation, même involontaire, a tué le célèbre rossignol brun, Abdelhalim Hafez. Mais conseiller publiquement, même à Beyrouth, et à des frères libanais et supposés arabes de boire de l'eau minérale au lieu de s'abreuver au Nil, c'est la suprême injure faite à l'Egypte. De ce point de vue, les Egyptiens ont quelque part les mêmes défauts que les Algériens: critiquer le pouvoir en Algérie est permis, même si ça conduit en prison, mais malheur à vous si vous le faites dans un pays étranger, vous êtes immédiatement accusé de traîtrise. Et quand je dis que les Egyptiens ont les mêmes défauts aggravés que nous, même s'ils nous ont inculqué les leurs à la longue, les faits sont là, indiscutables.
On sait, évidemment, que l'Egypte et Israël ont signé un accord de paix, mettant fin à l'état de guerre entre eux, que les drapeaux israélien et égyptien flottent au-dessus du Caire et de Tel-Aviv. Mais on sait aussi que si les Israéliens profitent largement de la paix avec leur puissant voisin, les Egyptiens sont beaucoup moins pressés que les Emirats à normaliser leurs relations avec Israël. Dans le domaine de la culture, les réticences égyptiennes sont encore plus évidentes, et vous verrez très peu d'intellectuels et de créateurs de l'Egypte faire ami-ami avec ceux d'Israël. Au pays du Nil, il y a une espèce de consensus non écrit, mais établi qui veut que même s'il y a des échanges d'ambassadeurs et même de touristes, les échanges culturels sont prohibés. C'est sans doute le plus grave défaut des Egyptiens, mais il est tenace: ils en oublient souvent Osiris et Amon Râ, pour croire qu'ils sont les descendants d'Ibn Al-Khattab et même d'Amr Ibn Al-As. Pour avoir fait trois guerres avec Israël, sans compter celles qu'ils ont faites à cause d'Israël, les Egyptiens sont plus arabes que tous les Arabes réunis, et ont donc mission de les guider. C'est sans doute légitime et compréhensif, mais quand ce patriotisme désuet et perclus de contradictions se perpétue et contamine du Golfe à l'Atlantique, cela donne des crises d'hystérie.
Or, le très peu conformiste Mohamed Ramadhan n'a pas oublié d'être intelligent : il sait parfaitement qu'il n'est ni le premier ni le dernier à se faire photographier avec un artiste israélien. Et qui plus est à Dubaï ! Seulement, ce qui est permis aux uns est interdit aux autres, comme le proclame le vieil adage accolé à la monarchie wahhabite et qui déclare illicite toute innovation. Les uns, en l'occurrence, ayant autorité et pouvoir d'émettre des fatwas, et les autres étant autorisés à les exécuter, sans les discuter et sans rechigner, comme des vérités divines. Mais si un certain Islam a mis au pas les poètes, le nouvel Islam, altier, unanimiste, et intolérant, ne viendra pas forcément à bout des rappeurs avertis, tels que Mohamed Ramadhan.
A. H.


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