Badis Diab est un jeune Algérien établi en France. Après une expérience dans l'entrepreneuriat et le travail humanitaire, il s'est lancé dans l'écriture à la faveur de l'apparition de la crise sanitaire mondiale. Dans cet entretien, il explique qu'il a décidé d'écrire lors de la première vague de la pandémie de coronavirus, devant l'urgence humanitaire provoquée par le virus et devant le manque de solidarité internationale à destination du monde pauvre. Dans son livre Agir pour exister, il tente de diagnostiquer les raisons de la fracture sociale entre les riches et les pauvres, tout en proposant des solutions afin de rééquilibrer les rapports sociaux et apporter une forme de dignité dans la vie des populations les plus défavorisées. Le Soir d'Algérie : Pouvez-vous faire une petite présentation à nos lecteurs ? Badis Diab : Je suis un jeune Algérien de Constantine âgé de 29 ans. Je suis entrepreneur social et activiste humanitaire dans plus de 71 pays à travers le monde. Et depuis peu, je suis essayiste pour les éditions Spinelle (Paris, France) et auteur de l'ouvrage Agir pour exister, paru en juillet 2020. Mon travail principal s'articule autour du déploiement d'une aide humanitaire d'urgence pour de nombreuses populations, que ce soit en Afrique, en Asie, au Proche-Orient ou en Amérique du Sud, avec la volonté de revenir à l'essence même d'une action sociale authentique, ne faisant aucune différence entre les bénéficiaires, quelles que soient la couleur de la peau, l'origine ethnique ou la confession religieuse. Mais avant d'en arriver là, vous étiez un sportif. Du football à l'entrepreneuriat, au travail humanitaire puis à l'écriture. Comment ce parcours a-t-il été rendu possible ? Friedrich Nietzsche a dit : «Deviens ce que tu es.» Je crois que nous sommes tous nés avec une quête de sens, un objectif de vie, et, au fil des années, je me suis moi-même recherché pour connaître les raisons de ma présence en ce monde. Au départ, je pensais réellement que j'allais réussir ma vie en tant que footballeur, car j'étais doué et évoluais déjà très jeune dans un club professionnel, et puis, je me suis aperçu, au fil du temps, que le football n'était pas fait pour moi. Puis s'est ouvert à moi l'entrepreneuriat, j'ai fondé une start-up qui a fonctionné et qui m'a permis de me sortir du prolétariat et à 25 ans, lors d'un voyage professionnel, j'ai découvert la misère du continent africain qui m'a poussé à m'engager rapidement dans l'action humanitaire à travers toute l'Afrique de l'Ouest, où j'ai enfin compris que ça allait devenir ma vocation. Et puis, enfin, le témoignage de mes expériences humanitaires et de mon diagnostic de la situation alarmante du monde pauvre m'a permis de me lancer naturellement dans l'écriture. Aujourd'hui, je pense avoir emprunté le bon chemin pour devenir ce que je suis réellement, car je n'ai jamais cessé de suivre mes rêves. Comment vous est venue l'idée d'écrire un livre ? J'ai pris la décision de me lancer dans l'écriture lors de la première vague de la pandémie de coronavirus, devant l'urgence humanitaire que je constatais et devant le manque de solidarité internationale à destination du monde pauvre, j'ai compris que c'était le moment pour moi de prendre mon stylo pour diagnostiquer les raisons de la déstabilisation du monde et de la fracture sociale entre les riches et les pauvres, mais aussi en proposant des solutions simples et adaptées afin de rééquilibrer les rapports sociaux et apporter une forme de dignité dans la vie des populations les plus défavorisées. Le titre du livre est Agir pour exister. Deux verbes (agir et exister) pour deux actions (action et existence). Pourquoi le choix d'un tel titre qui, globalement, renvoie à une philosophie de vie ? Un jour, j'ai entendu une phrase qui m'a profondément bouleversé : «Si tu n'es pas dans ce monde pour le changer, alors tu es inutile pour tes sœurs et tes frères.» C'est à ce moment-là que j'ai commencé à me remettre en question. Que ce soit à travers les voyages humanitaires ou la lecture, j'ai accepté l'idée que nous étions dans ce monde pour le changer à notre échelle respective, mais aussi pour nous changer nous-mêmes par la même occasion. Alors, il est devenu naturel à mes yeux que l'action véritable, sociale et humanitaire me permettrait d'exister véritablement et d'être utile pour l'humanité. Je n'accepte pas l'idée qui serait de vivre uniquement pour manger, dormir et consommer, en attendant de vieillir. De ce fait, le titre Agir pour exister m'est venu en tête naturellement. Mais de quoi parle exactement votre livre ? Agir pour exister revient, dans un premier temps, sur mon parcours d'activiste humanitaire et décrit, dans les profondeurs, ce qui m'a fait basculer dans un engagement social quotidien et constant. Par ailleurs, cet ouvrage est une succession de courts chapitres où j'aborde les thématiques les plus importantes, qui m'ont permis de lutter, et ce, tous les jours de l'année, contre l'injustice sociale à travers le monde. Ainsi, il est question de l'humanisme, des inégalités sociales, du temps, du courage, de l'amour, du sacrifice de soi, de l'examen de conscience ou encore de la religion. Pour finir, l'idée de ce livre est également d'analyser les causes de la déstabilisation du monde et du déséquilibre social, et de proposer des solutions adaptées pour combattre la pauvreté et la misère. Vous êtes aussi président d'une fondation. Quels sont ses projets ? L'ONG Unity que j'ai cofondée en 2019 s'inscrit dans la volonté de proposer une aide humanitaire à des populations toutes aussi diverses les unes que les autres, et ne faisant aucune différence en fonction de leurs spécificités, dans le but de revenir à l'origine même de ce que devrait être l'engagement humanitaire dans toute son authenticité. De ce fait, nous apportons des aides quotidiennes à des catholiques en Amérique du Sud, à des musulmans en Afrique de l'Ouest et au Proche-Orient, à la communauté juive Lemba au Zimbabwe ou à des bouddhistes dans le district de Rupandehi au Népal. Nous agissons dans 71 pays dans le monde, et ce, sur plusieurs thématiques : l'aide à l'enfance ; l'éducation ; l'aide aux femmes isolées ; le handicap ; la santé ; la biodiversité et la cause animale. Depuis la création de la fondation, il y a presque deux ans, nous avons apporté des aides quasi quotidiennement, et ce, tout au long de l'année, quelles que soient les contraintes et les difficultés. Le projet est de continuer et de perdurer. Entretien réalisé par Karim Aimeur