Il m'arrive parfois de parler de messages et d'échanges, mais jamais à sens unique, puisque nous les lisons. Les remarques censées aiguiser les consciences sont légion. Elles s'adressent à une presse, dite «sans éthique» et qui composerait avec un optimisme béat destiné à endormir les consciences. Comment se convaincre qu'il n'y aurait absolument rien à faire pour restituer au pays une dignité et un lustre égarés en cours de route ? Et comment ne pas insister sur la nécessité de développer une contradiction qui soit, de fait, utile à la critique négative ? On aura beau, par conséquent, se moquer de congés qui n'en seraient pas, selon ceux qui ne conçoivent une coupure que si elle est consommée à l'extérieur du pays, aller ici et là, sans se poser de questions et surtout sans but précis, procure un bien-être très particulier. Bien sûr, il y aura, toujours, cette forte dose de regrets qui ponctuera vos pas mais l'on ne perd rien, bien au contraire, à regarder d'un œil attendri ces formes qui nous entourent et nous racontent la maltraitance dont elles sont victimes. Prendre le temps de déambuler, par beau temps et même quand il pleut, à travers les rues d'Alger. Emprunter les ruelles qui mènent inévitablement quelque part et renouer avec l'insupportable abandon dont sont l'objet les vieilles bâtisses qui font le patrimoine et portent en elles une histoire inconfortable qui évolue dans un inlassable travestissement. Comment, dès lors, s'étonner que les repères s'effondrent avec une telle gravité ? Le bien-être est pourtant possible, même s'il s'efface au contact des trous béants dont souffre la Casbah. Des blessures profondes qui disent la maltraitance qu'ont subie les maisons qui étaient là et ne le sont plus. Ecumer les rues d'Alger à la recherche d'un soupçon de détente. Nous reviennent alors en mémoire les argumentaires quelque peu crédibles que l'on développe, avec arrogance et certitude, pour vendre du vent aux plus naïfs d'entre nous. Les murs lézardés et mal en point d'édifices malmenés par leurs occupants. Parce que, attention, chacun a sa part de responsabilité dans la détérioration du vieux bâti ! M. B.