Les conditions dans lesquelles exerce le personnel médical astreint à effectuer des gardes sont « inacceptables ». C'est le ministère de tutelle qui use de ce qualificatif dans une instruction adressée à l'ensemble des structures de santé. Leurs gestionnaires sont sommés de garantir un «minimum» qu'il s'agisse d'hygiène ou de sécurité. Nawal Imès- Alger (Le Soir)- La situation était déjà connue de tous : depuis de longues années, les différents corps exerçant au sein de structures de santé se plaignent des conditions dans lesquelles ils sont appelés à mener leurs missions. Ceux qui effectuent les gardes sont doublement pénalisés. Une fois n'est pas coutume, le ministère de la Santé fait le même constat que les concernés. Dans une instruction émanant du secrétaire général du ministère de la Santé, portant sur «l'amélioration des conditions de travail du personnel de garde », il est clairement dit que les conditions d'exercice sont souvent « inacceptables ». Le secrétaire général du département de Benbouzid, signataire de ladite instruction, note qu'«il a été constaté au cours des visites d'inspection mais également à travers les plaintes reçues au niveau du ministère de la Santé que les conditions de travail sont souvent inacceptables, notamment pendant les périodes de garde », ajoutant que l'amélioration des prestations fournies par le secteur public ne peut se faire sans l'efficacité du personnel de santé dont le rendement ne peut être optimal si les conditions de travail ne sont pas réunies et que l'environnement ne s'y prête pas. A cela vient s'ajouter une grande démotivation du personnel mais aussi un impact négatif sur la prise en charge des malades, note l'instruction dans laquelle il est demandé aux gestionnaires des structures de santé de prendre, «dans les plus brefs délais», un ensemble de mesures parmi lesquelles celles devant assurer la sécurité du personnel, notamment durant les gardes de nuit, veiller à l'application des règles en matière d'hygiène, doter les professionnels de santé des moyens nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches, réserver des espaces de repos répondant aux normes en matière d'hygiène en plus de penser à équiper ces espaces de connexion internet. Pour la tutelle, ceci constitue «le seuil minimal qui doit être garanti aux professionnels de la santé et doit faire partie du schéma d'organisation de toutes les structures de santé et qu'elle fasse l'objet d'une évaluation permanente de la part des gestionnaires». L'ensemble des mesures à prendre doit se faire à travers des réunions périodiques avec les commissions d'hygiène et de sécurité en prenant en compte les recommandations des médecins du travail. L'instruction a suscité beaucoup de réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Sur sa page Facebook, le Syndicat national des praticiens de santé publique a commenté par un «vaut mieux tard que jamais» alors que de nombreux médecins ont témoigné sur les conditions dans lesquelles ils exercent pendant les gardes, inondant la toile de photos de chambres insalubres et de repas à la limite du mangeable. Aux revendications essentiellement liées à l'hébergement et à la restauration, se sont souvent ajoutées celles liées à l'inexistence du minimum requis pour mener à bien une garde dans de nombreuses structures de santé sans compter l'insécurité qui s'est soldée par l'agression du personnel médical en exercice par des patients ou par des accompagnateurs. N. I.