Certes, il y a eu les Jeux olympiques pour, le temps de brillantes démonstrations, libérer, quelques-uns, de l'effroyable idée selon laquelle la planète serait l'otage d'un mal qu'avec toute la volonté du monde, la science peinerait à maîtriser. Des jeux, rendons-leur grâce, qui n'auront pas totalement détourné les regards des cercueils qui s'accumulent mais auront permis, à certains d'entre nous, de s'affranchir, même de façon furtive, du sentiment que plus rien ne sera désormais réalisable, au-delà de l'acte qui consiste à enterrer ses morts à la va-vite. Dans l'urgence. Sans pouvoir décemment se recueillir sur les tombes fraîchement creusées. Encore faut-il que cela soit rendu possible par des services totalement débordés. Une gestion dont on nous dira de parler moins sévèrement et que l'on nous suggérera de décrire autrement. De positiver en ne pointant pas du doigt le dénuement des structures sanitaires. De ne pas trop insister sur l'impuissance criante d'un personnel médical désemparé, voire sérieusement inquiet. Des hommes et des femmes qui veillent sur nos vies au détriment des leurs ! Je n'ai aucune envie, en ces temps difficiles qui alimentent le désarroi environnant et où l'on cultive parfois, à l'excès, un sentiment d'abandon qui n'aide pas à aller mieux, de passer à autre chose. De me dire que j'en ai assez parlé et qu'il serait temps pour cet espace d'évoquer autrement ce quotidien qui ampute, par brassées entières, les familles de celles et ceux qui leur sont chers. Pourquoi ? Mais, parce qu'il ne se passe pas une seule journée sans que mon téléphone m'alerte un nombre incalculable de fois que des proches, des amis ou des voisins ont été soit hospitalisés, soit n'ont pas pu l'être, soit ont déserté ce monde. Et même si par ailleurs, on vous sollicite pour une contribution minimale, ce n'est jamais pour un évènement plaisant. L'heure n'étant pas aux réjouissances, on s'émeut à regarder faire ou à tendre la main à cette jeunesse pleine de ressources et dont on se réjouit qu'elle ait de la suite dans les idées qu'elle traduit sur le terrain en prenant les initiatives qu'il faut pour parer au plus pressé. M. B.