Football ! Belmadi souhaite le retour du public à Blida pour le match contre le Burkina Faso. Moi, je souhaite le retour du... ... gazon ! J'ai attendu le démenti. Plusieurs jours de suite. Il n'est pas venu. Je m'étais interdit d'aborder le sujet tant que les personnes incriminées n'auraient pas eu ce délai républicain et civilisé de donner leur version des faits et de se défendre. Elles n'ont fait ni l'un ni l'autre. Accroissant ma profonde perplexité en la nature humaine lorsqu'elle s'oublie, accrochée aux basques des puissants du moment. Un directeur de radio régionale et des consœurs et confrères animateurs et techniciens se sont fait lourder de cette station pour avoir diffusé une chanson de Fairuz sur la naissance de Jésus, sur la chrétienté et sur la beauté des âmes pures. Et toujours personne pour me mettre sous mon gros nez un foutu début de commencement de démenti de cette information inouïe de stupidité crasse, d'arbitraire sale et d'exclusion affichée d'une partie de nos concitoyens à part entière, ceux de confession chrétienne. J'ai travaillé à la Radio Chaîne 3 de longues années. Aux matinales. Et j'ai le souvenir des fêtes de Pâques, lorsque je devais céder l'antenne à un père catholique ou protestant venu dire en nos murs, ses murs, la messe et la parole de paix. Comment, des années après, en temps d'Algérie nouvelle, dite d'apaisement, en est-on arrivé là ? Qui a eu cet éclair d'imbécillité ignoble pour licencier ou suspendre des gens de radio pour ce motif ubuesque ? Lorsque Tebboune évoque —à juste titre — les restes actifs de la Içaba, il lui faudrait demander à comprendre cet épisode de la Radio constantinoise. Qui tresse les trous dans la raquette pour les rendre aussi grands et faciles d'accès à l'innommable ? Je reste pétrifié face à cet épisode attentatoire à la liberté de culte et à cette diversité confessionnelle qui fait notre force. Qui a fait notre force de tous temps, et surtout des temps des maquis où nos compatriotes chrétiens, juifs, agnostiques ou athées ont fait aussi, pleinement, l'épopée libératrice. Il est d'ailleurs sidérant d'étrangeté que ces limogeages, pour ce motif, interviennent maintenant, au moment où se débattent les questions mémorielles, les destins communs, les trajectoires civilisationnelles des uns et des autres et le déni brutal et soudain fait à l'autre d'avoir été un jour Nation ! On aurait voulu donner du... blé à moudre au « Jupiter d'Amiens » que l'on n'aurait pas procédé autrement. Moi, l'anticlérical assumé, je crois au moins en une chose : il n'y a jamais de hasard en la matière. Cette matière éternellement incandescente. J'en jurerai sur le thé que je fume pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue. H. L.
