Ouvert du temps de Benghabrit et ficelé avant son départ, le dossier de la réforme du baccalauréat ne voit toujours pas le jour. S'il n'est plus question d'appliquer à la lettre un projet de réforme légué par l'ancienne ministre du secteur, le département de l'éducation nationale n'envisage actuellement cette réforme que dans le cadre d'une réforme globale de l'enseignement secondaire. Pas de timing ni d'agenda pour le moment. En attendant, les sujets du baccalauréat font l'objet d'une évaluation. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Elevé au rang des priorités du secteur pour un temps, le projet de réforme de l'examen du baccalauréat a fini par être relégué aux calendes grecques. En quittant le ministère de l'Education nationale, Nouria Benghabrit avait pourtant laissé derrière elle un dossier quasiment ficelé avec des propositions et des dispositions qui auraient dû d'ailleurs être applicables dès cette année scolaire. C'est, notamment, le cas pour les épreuves anticipées qui auraient permis aux élèves de deuxième année secondaire d'être examinés dans les matières non essentielles pour ne se consacrer, lors des épreuves du baccalauréat, qu'aux matières essentielles. Il était également question de réactiver le contrôle continu en le valorisant pour, non seulement permettre aux élèves de revoir à la hausse leurs moyennes, mais surtout éviter que, dès le deuxième trimestre, les élèves des classes de terminale ne désertent les classes. Rien de tout cela n'a finalement été fait. Transmis au gouvernement pour approbation, le projet de réforme n'a jamais vu le jour. Depuis, il ne semble pas faire partie des priorités du secteur. En septembre 2019, et alors qu'il présidait la Conférence nationale des cadres de l'administration centrale, des directeurs de l'éducation de wilaya et des représentants des partenaires sociaux, consacrée aux derniers préparatifs de la rentrée scolaire, l'actuel ministre de l'Education nationale affirmait que «la réforme du baccalauréat est liée à la réforme de l'enseignement secondaire. Pour le moment, nous devons attendre la fin du travail de la commission d'experts installée à cet effet. Nous ne pouvons pas donner de date pour l'exécution de ce projet de réforme». Le ton était alors donné : le projet tel qu'élaboré par son prédécesseur était bel et bien enterré. En attendant de voir à quoi ressemblera la nouvelle version des réformes que proposera le département de l'éducation, ce dernier s'intéresse à l'évaluation des sujets du baccalauréat. Inspecteurs et enseignants de toutes les matières, toutes branches confondues, étaient, en effet, réunis à l'occasion d'un colloque national dédié à l'évaluation des sujets du baccalauréat. Il s'agit de faire le point sur les acquis des élèves, leurs compétences mais également leurs lacunes en analysant des réponses données par les candidats aux examens nationaux. Pas moins de 25 colloques similaires sont au programme selon un plan d'action mis en place par l'Inspection générale de l'éducation nationale pour donner à l'évaluation une « dimension scientifique conformément aux normes internationales ». Depuis plusieurs années déjà, les pédagogues s'accordaient à dire qu'en matière d'élaboration des sujets, beaucoup d'efforts devaient être faits. Ils reprochaient, en effet, aux sujets élaborés de ne faire appel qu'à la mémorisation sans mettre en valeur d'autres compétences. Tels qu'élaborés, les sujets ne nécessitent que d'apprendre par cœur pour ensuite restituer les cours tels que dispensés en classe. Une réalité qui est d'ailleurs à l'origine des nombreuses tentatives de triche aux examens nationaux. Les pédagogues réclament depuis longtemps déjà un juste équilibre entre des questions faisant appel à la mémoire et celles nécessitant davantage de réflexion. La réforme de l'examen, ajoutent-ils, ne peut se limiter à la seule réduction de sa durée mais nécessite, au contraire, une véritable révolution pour lui redonner le lustre qu'il a perdu au fil des ans. N. I.