Par Mourad N. Et Gbagbo, l�Ivoirien, prof d�histoire, a vu l'histoire le quitter et le jeter sur une seule image... Une image qui restera, pourtant, dans les m�moires. Une image surr�aliste. Film�e en plong�e (pour mieux �craser son sujet), cette image montrait un Laurent Gbagbo fatigu�, h�b�t�, comme �tranger � sa propre histoire. Assis sur le bord d�un lit, � c�t� de son �pouse, l�ex-pr�sident qui voulait co�te que co�te se maintenir au pouvoir aura �t� arr�t� devant des cam�ras et la symbolique de l'homme d�chu (en tricot de peau, en situation de contrainte, sans voix, etc.) aura fait le tour du monde � l�heure du tout info. Fallait-il le montrer ainsi, lui, le combatif, le subversif, l�un des rares chefs d�Etat africains � avoir pr�n� la fin de la tutelle postcoloniale � combien insidieuse ? La question reste pos�e pendant que son successeur Allassane Ouattara le promet � une proc�dure judiciaire qui touchera aussi certains cadres de la t�l� ivoirienne, accus�s, eux, de s��tre impliqu�s dans les massacres dont se sont rendus coupables les deux camps durant ces quatre derniers mois. Pour l�heure, le �boulanger � (surnom donn� � Gbagbo parce qu�il roulait ses adversaires dans la farine...) mange du pain noir avec des images qui resteront dans les m�moires (celles de Saddam et des Ceaucescu roumains sont du m�me acabit) et Ouattara a dans son collimateur des journalistes de la RTI tout en appelant � la r�conciliation... Les travaux d�Hercule, pour ainsi dire. Des images qui parlent Autres images, autre contexte, vendredi dernier notre t�l� dite nationale nous aura laiss� perplexes ! Du haut de la solennit� d�un bureau pr�sidentiel tombaient des images d�un autre �ge... Une vingtaine de minutes et un discours � la nation visiblement lu sans conviction. Sorte d��preuve orale dont devait s�acquitter Boutef, cette �corv�e� certainement con�ue pour rassurer a fini par inqui�ter... Des images qu'on regardait, qu�on entendait mais qu�on n��coutait pas ! Pour ce faire, pour �couter attentivement une feuille de route (menant o�, au fait ?), il aurait fallu des conseillers en communication. Ces derniers �taient aux abonn�s absents car l�ab�c�daire des techniques en audiovisuel semble s��tre �clips� alors qu�un homme visiblement mal � l�aise s�effor�ait de lire des feuilles noircies � l�encre lourde, des feuilles difficiles � soulever au fil des minutes, des gestes lents et des accents inaudibles malgr� des micros tr�s sensibles. De plus, c�est par deux fois au moins que le scotch� averti aura compris que le discours pr�enregistr� avait subi un montage, histoire de gommer les h�sitations, les r�p�titions ou les imperfections dues peut- �tre (...) � la puissance des projecteurs. Ceci dit, les images ont parl� beaucoup plus que le discours en question. Ne restent que les commentaires qui ont suivi sur, notamment, France 24 (notre ami Mohamed Benchicou a d� �tre �bloui par la plastique de la pr�sentatrice...), Al Jazeera (ah ! l�obscur expert en politique dite arabe !), Medi 1 Sat (le confr�re d� El Watan �gal � lui-m�me), Nessma TV, etc. Ces commentaires, � chaud, laissent les voies escarp�es de la vie politique grandes ouvertes alors que la libert� d�expression se mure le plus souvent dans des petits fleurets mouchet�s ne flirtant qu�avec l�allusion. Ces voies escarp�es et cette libert� d�expression feront-ils, un jour, bon m�nage ? Pas s�r, tant que l�ENTV frise avec le ridicule en couvrant une visite pr�sidentielle (� Tlemcen) via des JT aussi longs que des feuilletons � l�eau de rose... �Je t�aime, moi non plus� Et �a ne sent pas la rose, en face, avec un certain Franz Olivier Giesberg. Ce FOG est actuellement sous les feux de la rampe (outre sa �Semaine critique� sur F2) pour avoir mitonn� un plat fort �pic�, un bouquin intitul� Mr le pr�sident. Truff� de confidences, de propos de coulisses et de mots assassins � l�endroit d�un Sarkozy qu�il aura connu, c�toy� et m�me conseill�, ce livre aux saveurs cors�es juge avec s�v�rit� le bilan de l�actuel locataire de l�Elys�e. Tout le landerneau politico-m�diatique en parle et il est � se demander si certaines voies escarp�es de la politique et certains m�dias ne sont finalement que des impasses d�gueulasses o� amiti�, fid�lit�, sinc�rit� n�ont pas droit de cit�. �C�est le livre d�une d�ception�, disent certains ; �c�est un coup bas, un couteau dans le dos�, commentent d�autres journalistes n�ayant pas re�u le candidat Sarkozy � d�ner ou n�ayant pas pu se faire une place au soleil apr�s l'�lection du Nicolas en 2007... Franz Olivier Giesbert ne confesse pour sa part qu�une seule et vague compassion pour celui qui f�t son ami. L�aurait-il mal choisi ? Myst�re et boule de gomme. Toujours est-il que le FOG en question s�est livr� au m�me exercice de �vitrioleur� avec Mitterrand d�abord et Chirac ensuite. Il les avait �d�mont�s� apr�s les avoir �amicalement� cotoy�s, interview�s pour le Nouvel Obs et le Figaro ensuite. Rastignac � ses d�buts, Franz devient apparemment fourbe quand il conseille � son chroniqueur de �Semaine critique� (le fils de Guy Bedos) de mettre la p�dale douce au sujet du livre en question quant aux �ventuelles r�actions venant le l�Elys�e. A ce jeu, cynique pour les uns, de dupes pour d�autres, il est �vident que la proximit� (ou la promiscuit�) du politique et la m�diatique enfante nombre d�arrivistes et d�ambitieux allant plus loin que les personnages de roman � la Balzac... A l'inverse, il est de respectables ambitieux qui arrivent en Europe clandestinement et qui font trembler de peur les politiques et les m�dias. Pour preuve, l��Envoy� sp�cial� de ce soir sur la m�me F2 qui h�berge encore le FOG pr�-cit�, alors que sur TF1 on aura retrouv� mardi soir toute la loufoquerie d�un �Docteur House� encore plus d�jant� que lors de la saison derni�re. Profonde remise en cause existentielle... La peur au ventre Dans �Envoy� sp�cial� de ce soir donc, un reportage annonc� exceptionnel puisqu�il s�agit de ces �hordes de barbares�, partant de Zarzis (sud-est tunisien, donc proche de la Libye...) sur des embarcations de fortune pour chercher asile (et pourquoi pas fortune...) � partir de l��le italienne de Lampedusa. Une �quipe de journalistes serait mont�e � bord de l�un de ces rafiots surcharg�s... Une �quipe de plus qui veut certainement la preuve par l�image malgr� un voyage cauchemardesque, nous dit-on. Cauchemardesque pour qui, pour quoi ? Pour l��quipe � la cam�ra ou pour ces harraga en qu�te de vie meilleure ? Nous le saurons ce soir en d�cryptant la fausse compassion des uns et ce jeune Tunisien de 20 ans, surdou� para�t-il en football... Ce jeune sorti du lot des suppos�s barbares n�est rien d�autre que l�avatar sc�naristique du reportage pour mieux cacher la peur au ventre qu�ont les Fran�ais face � une �ventuelle invasion de jeunes pas surdou�s, trop affam�s...