M�me s'il s'agissait d'un sommet ordinaire pr�vu de longue date dans les calendes de l'Union, le sommet qui s'est achev�, hier, � Bruxelles pr�sentait, n�anmoins, les caract�ristiques d'une rencontre extraordinaire, voire exceptionnelle. Trois faits ont marqu� la rencontre d'avant-hier et d'hier du sceau de "extr�mement important". Il y a eu, tout d'abord, l'annonce des r�sultats de l'�lection am�ricaine qui a vu George W. Bush rempiler pour un second mandat au grand d�sespoir de l'Allemagne, de la France et de la Belgique. "La vieille Europe", en somme telle que d�finie, l'an dernier, par Ronald Rumsfeld est rejointe, quelques mois plus tard, par l'Espagne de Jos� Luis Rodriguez Zapatero. Ensuite, vinrent les informations et contre-informations contradictoires autour du sort de Yasser Arafat. Est-il d�c�d� ? Est-il encore en vie ? Dans quel �tat de sant� se trouve-t-il ? Est-ce le coma irr�versible ? Une paralysie c�r�brale ? Le tout ponctu� par une bourde diplomatique rare, œuvre du Premier ministre luxembourgeois qui n'a pas h�sit�, un seul instant, � d�cr�ter devant une mar�e impressionnante de journalistes le "d�c�s du leader palestinien". Ce qui n' a pas �t�, bien �videmment, du go�t de ses coll�gues pr�sents avec lui � Bruxelles. Et notamment de celui du pr�sident fran�ais. Jacques Chirac, un sandwich dans la main gauche et une bi�re belge dans la main droite, a eu une explication "franche" et "directe" avec son homologue luxembourgeois; ce qui en langage diplomatique signifie que Chirac �tait dans une col�re verte. Comment, en effet, estil envisageable et m�me courtois d'annoncer la mort de Yasser Arafat avant le pays — la France — qui l'a accueilli et qui lui a permis de quitter Ramallah, apr�s moult n�gociations avec Isra�l, et d'atterrir sur le tarmac d'un h�pital militaire de la banlieue parisienne. Deux heures ou trois heures plus tard, le chef du gouvernement luxembourgeois faisait marche arri�re en retirant ses "propos" concernant le d�part de Abou Ammar vers l'Audel�. Il est, par ailleurs, presque acquis � l'heure o� nous mettons sous presse, que Yasser Arafat est, cliniquement mort et que les d�cideurs de l'UE attendent, simplement, que les modalit�s pratiques de l'organisation des fun�railles soient r�gl�es avec Tel-Aviv. Abou Ammar sera-t-il inhum� � J�rusalem comme c'�tait son vœu ? Ariel Sharon acceptera-t-il cela ? Pas si s�re... O�, alors, enterrer Yasser Arafat ? Ramallah, son ultime refuge, pour une r�sistance de derni�re esp�rance ? A Ghaza comme le souhaitaient ardemment les Isra�liens ? Le sommet de Bruxelles a v�cu au rythme de l'�volution de l'�tat de sant� du vieux leader palestinien. A telle enseigne que le troisi�me �v�nement, d'une grande port�e, pourtant, la visite de Ayad Alaoui, Premier ministre d�sign� du gouvernement Irakien provisoire, a �t� rel�gu� au second plan. Les dirigeants des Vint-Cinq peuvent, pourtant, se consoler parce qu'ils ont r�gl� l'�pineux probl�me de la composante de la future commission europ�enne : le commissaire d�sign� par l'Italie, Buttiglione, qui avait tenu des propos sur la femme et les homosexuels, jug�s inacceptables par les socialistes, les Verts et les lib�raux. Le proche du pape, lobbyiste acharn� au service des id�es de l'Eglise catholique, fervent d�fenseur de la ligne la plus carr�e et la plus conservatrice de Jean-Paul II, a fini, donc, par jeter l'�ponge et c'est l'ex-ministre des Affaires �trang�res du gouvernement, Berlusconi, qui le remplace...