Après avoir longtemps dormi sur ses lauriers et compter exclusivement sur une richesse éphémère tirée d'une ressource épuisable, le gouvernement s'aperçoit qu'il faisait fausse route. Il tente, parfois avec précipitation, de réorienter la politique économique du pays. Il a, à ce propos, inventé un concept : le développement économique du pays passe par les collectivités territoriales. A cet effet, il a sommé ses structures locales (walis et directions exécutives) de lancer, au plus vite, des projets productifs. C'est dans ce cadre que la Direction de la pêche et des ressources halieutiques (DPRH) de la wilaya de Boumerdès a regroupé, en cours de semaine, une vingtaine de gros investisseurs à la Maison de la culture Rachid-Mimouni pour une journée intitulée «L'investissement dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture». En fait, la DPRH a regroupé ces investisseurs pour les informer et, surtout, les rassurer quant à la disponibilité de certaines institutions financières comme la Badr, la BDL, la CRMA et la SAA pour les accompagner dans la réalisation de leurs projets. Certains de ces investisseurs (14) ont d'ores et déjà bénéficié de terrains dans la nouvelle zone d'activités dédiées à la pêche et les métiers y afférents. Pour rappel, une zone d'activités de pêche de 20 hectares est en cours d'aménagement dans la commune de Zemmouri, sur les bords de la RN24 (Alger-Azzefoun) pas loin du port de pêche de Zemmouri-El-Bahri. Ceci pour l'amont. D'autres investisseurs ont, par contre, des projets en aval comme l'installation de fermes d'élevage et des cages d'élevage en mer. Cette dernière catégorie d'investisseurs va mettre en jeu de gros financements pour des projets à haut risque économique surtout environnementaux. Il est normal de dialoguer avec eux pour les rassurer. Dans la politique du renouveau économique, le secteur de la pêche occupe désormais une place non négligeable à Boumerdès. Pour rappel, la wilaya de Boumerdès est choisie comme région pilote par l'UE dans le cadre du projet de coopération avec les pays de la rive sud de la Méditerranée «Cluster maritime intégré». «Ce projet, rappelle M. Kadri, le DPRH de Boumerdès, est un concept économique dont l'objectif principal est le développement durable de l'économie maritime, du littoral et la valorisation des produits de la pêche et de l'aquaculture dans le cadre de l'économie bleue.» Au cours des débats, les investisseurs présents à cette rencontre ont soulevé des problèmes qui se rapportent à l'assurance de leurs projets, tout particulièrement de l'assurance aux cheptels qui seront installés et les moyens techniques à mettre en œuvre en cas de sinistre. Quant aux responsables des banques, ils ont expliqué les modalités de financement et les avantages accordés par l'Etat. Ils ont, à l'occasion, détaillé la formule du crédit de production (crédit d'exploitation). Pour un objectif de production de 600 tonnes, la banque consentira un crédit de 170 millions de dinars (17 milliards de centimes) bonifié à 100% avec un délai de remboursement de 24 mois pouvant aller jusqu'à 30 mois. En matière de ferme d'élevage en mer, la wilaya de Boumerdès compte créer une zone de 400 hectares à l'est de Zemmouri-El-Bahri. Par ailleurs, un élevage de poisson en cage est fonctionnel depuis peu entre le Figuier et Zemmouri-El-Bahri. En clair, les pouvoirs publics veulent faire du rivage de la wilaya de Boumerdès un exemple en matière de développement durable du secteur de la pêche. Il était temps. Depuis deux décennies, nous étions de ceux qui défendaient la triple vocation de la wilaya de Boumerdès que sont l'agriculture, la pêche et le tourisme. Le premier secteur commence à donner quelques satisfactions mais sans aucune contribution financière au budget de la wilaya, la pêche comme on le voit fait l'objet de plus d'intérêts. Par contre le tourisme, en plus des retards de plus de 20 ans mis dans l'exécution des plans d'aménagements chaque fois refaits, souffre en outre de réticences d'ordre idéologique.