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Alors monsieur Macron, crime, contre l'humanité ou pas ?
Publié dans Le Soir d'Algérie le 27 - 06 - 2017


Par Abdelkader Leklek
Quand on pose un problème, soit on le résout, et c'est la finalité, soit on le complexifie en épaississant d'une couche de difficultés ses éléments. La singularité du problème du propos, c'est qu'il ne se pose pas de la même façon pour ses protagonistes des deux côtés de la Méditerranée. Les rejets, les acceptations, les ressentis, les vécus, les empreintes laissées et leur résilience. Les capacités à absorber les traumas et se réorganiser pour éventuellement aller vers une solution entendue des deux parties exigent des engagements résolus, où la moindre hésitation remettrait tout en cause. Pour, en définitive, différer continûment un début de résolution. Cependant, quand les questions qui, présentement, sont de la sphère de l'impensé, voire de l'aire de l'impensable, comme dirait feu Mohamed Arkoun, sont stimulées pour rejoindre le domaine des possibles qui demeure toujours explorable, tout devient alors envisageable, voire accessible.
La mésintelligence sur le sujet traverse, en les perturbant, les histoires contemporaines de France et d'Algérie. Elle charrie moult visions, qui font qu'au final, les deux pays ne sont jamais arrivés à bout. Il me souvient avoir entendu, à ce sujet, Emmanuel Macron, lors d'un meeting de campagne électorale, pour le deuxième tour de la présidentielle qu'il remporta avec une large majorité, renvoyant l'extrême droite dans les cordes pour au moins un quinquennat, dire : «la confiance c'est l'affaire de l'autre.» Citant ainsi le philosophe de l'éthique, français d'origine lituanienne, Levinas. Ceci n'est pas un hasard, quand on découvre que le nouveau président de la République française côtoya la philosophie dans la proximité de Paul Ricœur, en qualité d'assistant éditorial ou de correcteur, pour son ouvrage La Mémoire, l'histoire, l'oubli (Seuil, 2000). Ces deux philosophes ont en commun d'avoir travaillé sur l'éthique inspirée de la Torah et du Talmud. D'ailleurs ceux d'entre les chercheurs qui avaient osé la comparaison entre les deux penseurs conclurent tous avoir abouti à un champ complexe où se confondraient les deux sages.
Par ailleurs, même s'il est d'usage qu'en France, il a toujours été admis que les promesses politiques n'engageaient que ceux qui les écoutaient, rappelons tout de même un principe bien de chez nous, qui fait de la parole donnée également une référence de vie. Ainsi, dans la même filiation d'entendement, un autre Français, philosophe à ses heures, le sociologue moine mystique-soldat, Louis Massignon, en avait fait le titre de son livre recueil d'articles, pour exposer son malaise face à cette parole donnée par les Britanniques aux Arabes de les débarrasser de la colonisation de l'empire ottoman et qui, finalement, ne sera pas tenue. Bien qu'il participa avec le grade de capitaine aux accords Sykes-Picot dès 1917, en qualité d'interprète et conseiller aux affaires arabes, Massignon protesta et manifesta son indignation dans le parjure anglo-français et le manque à la parole donnée, cette fois-ci par les deux grandes puissances, aux Arabes de leur créer un royaume indépendant.
Cette parenthèse étant fermée, disons qu'il est toujours agréable de titiller l'autre sur ses références de vie. Sinon plus fécond que de le contrarier en campant sur ses modèles et ses fondements propres pour l'amener à tenir ses promesses. Au-delà de toute autre considération, cette façon de procéder constitue un point de connexion-partage. En la circonstance, ce fut un moment d'histoire. Pas dans le sens de : ce qui a été. Comme le dit encore une fois Paul Ricœur, en définissant l'histoire, dans son livre cité plus haut, auquel aurait collaboré Macron. Mais entendu, comme un instant marquant, un moment mémorable. Toutefois, pour ce qui concerne un pareil fait historique, épisode baliseur dans une relation souvent chahutée, passé un délai de grâce accordé à son auteur, il lui faut mettre la forme pour que ce qui fut une déclaration déterminante devienne réalité. Ainsi est-il demandé au nouveau président de la République française d'honorer la parole donnée lors de sa visite à Alger, le 13 février 2017.
Ce jour-là, il déclara : «La colonisation fait partie de l'histoire française. C'est un crime, c'est un crime contre l'humanité, c'est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l'égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes.» Il conclura en affirmant ne pas vouloir «balayer tout ce passé».
Par-delà la diversité des signifiances dans les termes de cette puissante sentence, qui, du reste, s'emboîtent parfaitement, chacun de ses éléments renferme une complexité à fortes conséquences juridiques, morales et politiques. Politiquement, les Français continuent de vivre dans le déni de leur propre histoire contemporaine. Pour décrypter cette attitude, quelqu'un qualifiait cette infranchissable posture de soustraction à la réalité, de «ce passé qui ne veut pas passer». Que cela concerne la période vichyste ou bien les crimes commis par la France colonialiste en Algérie, en Tunisie, au Maroc en Afrique, à Madagascar, en Indochine, particulièrement au Viêt Nam et dans toutes les zones du monde où la France avait guerroyé, l'histoire officielle française s'interdit elle-même d'en rendre compte sinon en qualifiant des drames humains par des euphémismes nocifs et toxiques. Cette attitude fait encore beaucoup plus de mal aux victimes qui les ont subis et à tous leurs descendants. Pour occulter la colonisation de peuplement de l'Algérie, la plus violente forme des hégémonies, avec son enfilade de répressions, de bouleversements dans les structures sociétales, de calamites de tous genres, d'humiliations, d'indignités, de brutalités, de violences, de représailles, de bannissements, de déportations et d'enfumades. On sera passé de la qualification de colonisation pacifique, aux évènements d'Algérie, pour enfin reconnaître qu'il y eut la guerre d'Algérie. Ce dernier temps aura duré 45 ans de tergiversations, de 1954 à 1999. Puisque la France officielle ne reconnaîtra la guerre d'Algérie qu'en 1999 et encore dans le subterfuge, puisque dissimulée dans la loi numéro 99-882 du 18 octobre 1999 relative à la substitution sous l'expression «aux opérations effectuées en Afrique du Nord», ou encore «à la guerre d'Algérie ou aux combats en Tunisie et au Maroc».
Il s'agit en réalité d'une loi portant modification du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de guerre. Oui, mais combien de temps est-il permis à l'être humain d'éluder sa propre vérité, qui s'impose à lui quoi qu'il entreprenne comme prétexte pour la fuir ? A chaque occasion qu'un politique s'y était aventuré, tous les autres avaient fait chorus pour déballer chacun sa tirade, souvent fumeuse et ne résistant pas au débat. Ainsi pour descendre Macron, en plus des ténors du Front national, des associations de pieds-noirs, à l'occasion porte-parole des harkis, qui tous sont dans leurs rôles, d'autres avaient foncé dans le ridicule, la tête dans le guidon.
A l'exemple de Benoit Hamon qui s'emporte et lance : «Je ne suis pas pour caractériser cela comme un crime contre l'humanité, parce que cela veut donc dire que l'on envisage qu'une cour pénale internationale puisse juger des Français pour crime contre l'humanité d'une part, et d'autre part que nous hissons cette blessure-là au niveau de la Shoah, du génocide rwandais, du génocide arménien. Je ne veux pas rentrer dans une forme de concurrence mémorielle.» Et de noircir le trait, en mettant à l'index le manque de sérieux d'Emmanuel Macron, en ajoutant : «Je trouve que cette affaire est grave, lourde, une folie, de renvoyer tous les pieds-noirs, tous les rapatriés à une responsabilité qui n'est pas la leur, en l'occurrence celle d'être des criminels contre l'humanité. Ce serait une folie.»
Le malheureux vainqueur de la primaire socialiste qui se classa cinquième à la présidentielle, sur onze candidats, avec deux millions de voix environ, quand le premier arrivé, sans parti politique, Macron, récoltait 8 656 346, confirmait la déconfiture du parti socialiste et la déculottée, jamais connue depuis plus de cent ans. Et bis repetita, Hamon fut battu à plate couture et fut éjecté de la course, lors du premier tour des élections législatives du 11 juin 2017. Ainsi, il entérinait avec ce baroud d'honneur la débâcle totale du parti de la rose désormais effeuillée, dont ne subsistent que les épines et la tige rabougrie. Solde de tout compte.
Venant d'une personne qui avait toujours été rétribuée en qualité de permanent dans les jeunesses socialistes, jusqu'aux plus hautes sphères du parti socialiste, c'est-à-dire quelqu'un qui n'a jamais travaillé, donc une personne qui, jusqu'à preuve du contraire, demeure incapable d'empathie. D'où l'insignifiance de son propos. C'est le cas également de Bernard Accoyer, secrétaire général des républicains et ex-président de l'Assemblée nationale, qui objecta : «ces propos constituent une insulte à l'histoire de France et à la mémoire de millions de Français. Ils n'honorent pas le candidat à l'élection présidentielle qui fait le choix de la repentance plutôt que celui d'une lecture objective de notre histoire. Une repentance toujours agitée par la gauche et l'extrême gauche, qui contribue malheureusement à la défiance d'une partie des nouvelles générations envers leur pays.»
Après ce bref échantillon de réactions politiques, somme toute, épidermiques. Disons avant de passer aux conséquences morales, qu'il faut bien des aveugles au pays des borgnes, sans quoi, ce ne serait pas un pays.
Moralement, c'est s'indigner quand ce qui doit être le comportement à adopter face aux drames humains continue d'être sélectif et exclusif, pour des motifs idéologiques ségrégationnistes, pas l'inverse. Les politiques français nous opposent le cas arménien, la Shoah et le cas rwandais. Et après, il ne manquerait plus que nous déshumaniser et nous dépersonnaliser. Nous réifier. Les crimes contre l'humanité concernent élémentairement tous les humains, les Algériens y compris. Alors faire du formalisme face à ce qui est juste et équitable, c'est adopter des positions turpides, piteuses et lamentables. Et même si mon approche paraissait simpliste, elle aurait pour le moins dévoilé ces discours et ces proférations discriminatoires envers des êtres humains, par d'autres êtres humains, dont le vil intérêt locomoteur reste d'être réélus, qui plus est, niaisement occulté. Mais pour qui prennent-ils les êtres humains doués de raison, ceux de la droite et de la gauche françaises ? Pauvre démocratie, quand tu sers de carpette essuie-pieds. Ont-ils peur de faire face à leurs électeurs, de leur faire violence en leur disant la vérité ? Alors que la vérité consiste en la reconnaissance de la violence faite aux Algériens par la France officielle, ses armées colonialistes et tous ses supplétifs, durant un siècle et demi, sur des générations, et qui ne peut éternellement attendre.
Si en France la bien-pensance refuse de reconnaître des crimes dignes du retour à la barbarie après le siècle des lumières et la consécration des droits humains comme des crimes contre l'humanité, en se cachant derrière son petit doigt, ce n'est pas le fait du hasard. De construction jurisprudentielle, la notion de crime contre l'humanité a connu plusieurs développements au XXe siècle, particulièrement depuis le procès de Nuremberg contre les criminels nazis.
Mettant à profit cet état du droit et après avoir fait dans la négation d'une quelconque responsabilité de l'Etat français, en adoptant une posture manichéiste, entre la France de Vichy, dont François Mitterrand dira que «la nation française n'a pas été engagée dans cette affaire, ni la République, c'était un régime nouveau, différent, occasionnel», et la France de Londres qui qualifiait, elle aussi, Vichy à travers de Gaulle de «nul et non avenu», les Français joueront depuis la diversion pour ne pas rendre justice à tous les humains qui auront subi les horreurs et les monstruosités de la France officielle, qui est une et seulement une. Aux yeux des Français, tous ceux qui soutenaient le contraire étaient des révisionnistes. N'en déplaise à tous les tenants de ce conformisme, la France du régime de Vichy était légitime. Elle était légale aussi. Pétain est arrivé légalement au pouvoir. Ce sont les représentants élus du peuple français qui avaient voté pour lui et lui ont donné tous les pouvoirs. Ce qu'il en avait fait après, il l'a fait pareillement, au nom de la France. Cela fut reconnu par Jacques Chirac en 1995, quand il confessa : «Oui, la folie criminelle de l'occupant a été, chacun le sait, secondée par des Français, secondée par l'Etat français.» Autres temps, autres mœurs. Mais les faits historiques sont là, têtus et fronteaux.
Ce sont les victimes de ce qui fut appelé la Shoah — la catastrophe — et leurs descendants, secondés et soutenus par divers lobbys et autres groupes de pression juifs et sionistes activistes, particulièrement aux Etats-Unis, comme l'Aipec, l'American Israël Public Affairs Committee et le Conseil représentatif des institutions juives de France, le Crif, qui contraignirent les dirigeants français à la reconnaissance de cette responsabilité.
D'ailleurs les tribunaux français des deux ordres, le judiciaire et l'administratif, confirmeront cette conquête à travers les procès Barbie, Touvier et Papon. Mais pas seulement, puisque l'une des plus grandes et des plus emblématiques entreprises publiques, la SNCF, la compagnie française des chemins de fer, avait reconnu, dans le but de décrocher de juteux contrats aux Etats-Unis, son rôle dans la déportation des Juifs. Alors qu'auparavant l'entreprise insistait, mordicus, sur le fait que les cheminots étaient sous le joug de l'occupant nazi, sous menace de mort.
Le 25 janvier 2011, son président, Guillaume Pépy, exprimait sa profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les conséquences des actes de la compagnie de l'époque et qu'en son nom, il s'inclinait devant les victimes, les survivants et les enfants de déportés et devant la souffrance qui perdure encore. A travers ce chemin de croix, pour satisfaire certaines sommations insistantes et autres exigences, parfois intenables, la compagnie du rail français annonçait, début février 2012, la création d'un site internet en anglais (sic) sur le sujet de l'Holocauste. Et qu'elle venait aussi de déposer une copie de la totalité de ses archives numérisées de la période 1939-1945 dans trois centres de recherches et de témoignages sur la Shoah au Mémorial de la Shoah à Paris, au centre Yad Vashem à Jérusalem et à l'Holocaust Museum, à Washington. Suivez mon regard vous y découvrirez les oukases des organisations sionistes lobbyistes, que j'ai citées au début. Là il faut rappeler que les employés et les moyens de cette compagnie française avaient servi à transporter vers les camps de la mort et de la solution finale, selon des statistiques fiables, près de 76 000 personnes. Le but à travers ce rappel n'est cependant pas ici de comparer, ni de commenter les malheurs et les drames humains et de les utiliser pour défendre telle cause ou bien telle autre, encore moins d'établir une hiérarchisation des afflictions que subirent des êtres humains, les juifs, pour cause de religion, les tziganes pour cause d'origine, les homosexuels pour cause d'orientation sexuelle et les handicapés pour cause de conditions, d'un côté, et de l'autre, le peuple algérien, qui subit la colonisation de peuplement et tout son chapelet de piétinement de sa dignité. Il s'agit en l'espèce d'affirmer la responsabilité de la France dans les crimes contre l'humanité qu'elle commit en Algérie.
Si le crime contre l'humanité n'a jamais fait l'objet d'une convention générale, le statut de Rome, créant la Cour pénale internationale, la CPI, en a quand même donné une définition en son article 7. Il énumère 11 types d'actes inhumains, aptes à recevoir la qualification de crimes contre l'humanité, quand ils sont commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque. 9 types sur les 11 s'appliquent pour l'Algérie. Il s'agit de : 1) de meurtre ; 2) d'extermination ; 3) de réduction en esclavage ; 4) de déportation ou transfert forcé de population, 5) d'emprisonnement ; 6) de torture ; 7) de viol ; 8) de disparitions forcées de personnes ; 9) d'autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l'intégrité physique ou à la santé physique ou mentale. Etant entendu que la compétence de la CPI n'est pas rétroactive, depuis le 1er juillet 2002, il n'en demeure pas moins vrai que les actes cités supra ont été commis en Algérie, dans le cadre d'une attaque généralisée lancée contre les populations civiles algériennes et en connaissance de cette attaque par la France officielle de 1830 à 1962, par tous ses états-majors et par tous ses officiers. Des exemples de ces sinistres crimes, vécus, attestés et confirmés, jalonnent l'histoire de 132 de colonisation de peuplement de l'Algérie et certains de leurs suppliciés sont toujours vivants. Signalons tout de même que la loi française n° 64-1326 du 26 décembre 1964 dispose toutefois que «les crimes contre l'humanité, tels qu'ils sont définis par la résolution des Nations unies du 13 février 1946, prenant acte de la définition des crimes contre l'humanité, telle qu'elle figure dans la charte du tribunal international du 8 août 1945, sont imprescriptibles par leur nature».
Si la France a eu ses procès pour crimes contre l'humanité contre Barbie (1987), Touvier (1994) et Papon (1998), pour ce qui concerne l'Algérie, le généralissime Jacques Massu et le sinistre Paul Aussaresses, alias Commandant O, l'exécuteur de Ben M'hidi par pendaison, qui affirment publiquement avoir ordonné des exécutions extrajudicaires, en constituent en la matière un parangon caractéristique. Et que l'on n'aille pas invoquer les différences que le statut de Rome institue entre le crime contre l'humanité, le crime de guerre, le génocide et enfin le crime d'agression, pour nous flouer.
Laissons pour l'instant ce chapitre aux professionnels et aux praticiens du droit international. Qu'est-il enfin demandé à M. Macron ? Devenu président de la République française, et disposant d'une majorité parlementaire absolue, avec 350 députés depuis le 18 juin 2017, il est donc légitime, légal et décisif.
Il en est dès lors attendu, qu'il honore sa parole donnée, en lui faisant prendre la concrétisation qui sied. En somme, confirmer son engagement de campagne. La forme de réalisation, quant à elle, se fera sur le consensus des experts et des spécialistes des deux parties.
L'occasion de la prochaine visite annoncée en Algérie du président français serait une opportunité pour poser les premiers jalons de ce long, mais pas impossible, processus de reconnaissance.


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