«L'absence du ministre algérien des Affaires étrangères à la toute dernière session de la Ligue arabe est en elle-même une position très claire à l'égard de cet évènement», font savoir des sources bien informées sur le sujet. La réunion sensible a d'ailleurs débouché sur des décisions «contraires à toutes les positions affichées jusque-là par notre pays», ajoutent ces dernières. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - 12 novembre 2017 : une information diffusée par des agences de presse internationales fait rapidement le tour du monde. L'Arabie Saoudite vient d'introduire une demande «urgente» pour la tenue d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays arabes au siège de la Ligue arabe. Riyad fait savoir que les discussions porteront sur «l'Iran» et les «violations dont il s'est rendu coupable». Dans un mémorandum, elle rappelle le tir d'un missile (le 4 novembre dernier) près de Riyad par les rebelles yéménites houtis que l'on dit soutenus par Téhéran. Le fait avait été qualifié «d'agression militaire» par le prince Mohamed Ben Salmane, mais l'Iran nie toute implication dans cette affaire et met en garde les Saoudiens. Pour justifier leur requête, ces derniers évoquent également l'incendie d'un pipeline relié à Bahreïn. L'Iran dément une nouvelle fois son implication, mais Manama, connue pour ses liens avec les Al-Saoud, réagit en criant au «sabotage». La guerre froide qui s'est installée entre les deux grandes puissances régionales prend des allures menaçantes. Elle accentue également les divisions dans le monde arabe. Bahreïn, les Emirats arabes unis et même Djibouti (actuellement présidente de la Ligue arabe) soutiennent la demande de leur allié saoudien. Le Liban refuse d'assister à une réunion qui survient au moment où le royaume se débat dans une crise où il est accusé d'être à l'origine de la démission de Hariri à partir de Riyad. D'autres pays sont dans la gêne. Le gouvernement irakien fait savoir qu'il sera représenté par un haut cadre de son ministère des Affaires étrangères. A Alger, l'opinion s'interroge sur la position qu'adoptera le pays dans une affaire aussi délicate. La réponse se fait connaître dimanche : au siège de la Ligue arabe, la place réservée au chef de la diplomatie algérien est occupée par notre ambassadeur au Caire, Nadir Larbaoui. «En diplomatie, c'est une position claire, c'est un refus de participation», affirment des sources proches du ministère des Affaires étrangères. «L'Algérie, dit-on, a refusé de prendre part, de cautionner une aventure de guerre qui, d'autre part, s'inscrit en porte à faux avec notre position de neutralité bien connue. La position traditionnelle de l'Algérie a toujours consisté à garder une distance avec les conflits qui sévissent dans cette région (Qatar, Yémen, Iran), tout en exprimant sa solidarité avec les autres pays arabes. Pour nous, il est très important de garder une bonne distance avec les tensions qui s'aiguisent dans la région arabe.» Notre source s'interroge par ailleurs : «Comment s'impliquer dans une action contre-nature qui vise à considérer des partis comme des mouvements terroristes ?» La résolution adoptée par la Ligue arabe accuse, en effet, le Hezbollah de fournir à certains pays arabes «des armes sophistiquées et des missiles balistiques». Le Hezbollah est de nouveau qualifié d'organisation terroriste. Une qualification qu'Alger refuse. Lors de la 145e session de la Ligue arabe et sous pression de l'Arabie saoudite, le mouvement avait été officiellement classé parmi les organisations terroristes. L'Algérie avait alors refusé de s'inscrire dans «une décision qui n'est pas conforme à la légalité internationale (...) les résolutions onusiennes et les organisations terroristes n'incluent pas les composantes politiques reconnues au niveau national et international».