Nombreux sont les journalistes, qui demain, 3 mai, Journ�e internationale de la libert� de la presse, passeront " leur journ�e " au tribunal de Sidi- M'hamed. Ils y seront comme chaque mardi depuis quatre ans pour y r�pondre, qui d'une "diffamation", qui d'un "outrage au chef de l'Etat", qui des deux ou pour s'entendre condamner � la prison et � de lourdes amendes pour avoir fait leur m�tier. Sa�da Azzouz - Alger (Le Soir) - C'est le cas, entre autres confr�res, du directeur et du chroniqueur du Soir d'Alg�rie qui seront demain, mardi 3 mai au tribunal d'Alger pour le verdict d'un �ni�me proc�s intent� par le minist�re public pour outrage au pr�sident de la R�publique. Pour rappel, le 22 mars dernier le parquet avait requis une ann�e de prison ferme � l'encontre de Fouad Boughanem et Hakim La�lam et une amende de 250 000 dinars pour la publication. Dans son r�quisitoire, le procureur de la R�publique pr�s du tribunal d'Alger avait estim� que les "deux mis en cause" m�ritaient le maximum de la peine pr�vue par l'article 144 du code p�nal pour la publication en d�cembre 2003 d'une chronique intitul� "Ouled Lahram" et dans laquelle l'humoriste, animateur de la chronique "Pousse avec eux" a chatouill� la clan pr�sidentiel. Et c'est ainsi depuis l'adoption par l'Assembl�e populaire nationale � majorit� RND, du code p�nal pr�sent� en mai 2001 par Ahmed Ouyahia, alors ministre de la Justice. Code entr� en vigueur d�s sa publication au Journal officiel le 27 juin 2001. Un texte de loi qui consacre l'incarc�ration des journalistes et les amendes pour d�lit de presse. En renfor�ant les peines d'emprisonnement et les amendes pour "diffamation", les pouvoirs publics qui ont tent� de museler les titres irr�v�rencieux et mener les journalistes � l'autocensure ont ouvert la voie � un harc�lement judiciaire sans pr�c�dent. Ceux qui, comme nous �margent presque chaque mardi au tribunal d'Alger, auront relev� que tr�s souvent le journaliste se retrouve � la barre pour avoir fait son m�tier. Il est assign� en justice pour avoir travaill� sur la base d'un communiqu� de presse, pour avoir repris une d�claration, pour avoir r�alis� une interview avec une personne en possession de toutes ses facult�s physiques et mentales, une enqu�te d'investigation, pour avoir d�nonc� les dilapidations des biens publics ou pour avoir offert � des citoyens d'exercer un droit constitutionnel celui de s'exprimer. Inutile d'essayer d'expliquer au magistrat les techniques de presse et de journalisme, l'emploi du conditionnel, ou l'obligation faite au journaliste de prot�ger ses sources d'information. M�me les photographes de presse n'�chappent aux poursuites judiciaires pour diffamation. Tout comme les chroniqueurs et les caricaturistes accus�s d'avoir grossi les traits de telle ou telle personnalit� publique. Le parquet ne rate jamais l'occasion de s'autosaisir quand l'humour d�crit le pr�sident. Le minist�re de la D�fense r�plique d�s qu'une plume " malm�ne " un g�n�ral. Depuis l'av�nement du code p�nal et ses articles 144 et 144 bis les proc�s contre la presse pullulent. Aucun directeur de journal ne pourra vous dire combien de proc�s en diffamation ont �t� intent�s � ses journalistes et sa publication. M�me les avocats ont du mal � tenir cette angoissante comptabilit�. Directeurs de publications, journalistes, correspondants locaux sont r�guli�rement appel�s � la barre des accus�s et ce, dans tous les tribunaux du pays. Coupables, ils le sont m�me s'il s'av�re, preuves � l'appui, qu'ils n'ont fait que leur m�tier et qu'ils n'ont en rien diffam�. "La v�rit� est qu'aujourd'hui les journalistes n'ont pas besoin d'avocat. Le fait d'�tre journaliste est culpabilisant !!! ", avait d�clar� au tribunal Khaled Bourayou dans une de sa plaidoirie apr�s que le parquet ait demand� six mois d'emprisonnement ferme � l'encontre de quatre journalistes et du directeur du Matin lors du proc�s qui opposait ce titre au ministre de l'Energie et des Mines. Les journalistes ont �t� condamn�s le 19 avril dernier � trois mois de prison ferme. En esp�rant la d�p�nalisation du "d�lit" d'�crire, la presse reste en libert� surveill�e.