Au calme que l'on savait précaire a succédé, ces dernières quarante-huit heures, une tension palpable dans les pays du Sahel. Au-delà de nos frontières plein sud, les armes se sont, en effet, remises à crépiter au même moment où se tenait, dans la capitale mauritanienne, une réunion de hauts responsables militaires des pays membres du Conseil des chefs d'état-major du Comité opérationnel conjoint (Cemoc). Une réunion militaire de haut rang destinée à l'étude et l'évaluation de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, ainsi que l'échange d'analyses et des enseignements tirés par chacun des pays membres depuis la dernière réunion de ces mêmes chefs militaires, en octobre de l'année dernière, à Bamako. Des enseignements, ils ont dû en tirer pas mal eu égard à la situation qui prévaut dans la région, mais pas suffisamment si l'on en juge par ce qui vient de secouer le Burkina Faso dans la nuit de dimanche à lundi, lorsqu'une attaque terroriste a pris pour cible le Aziz-Istanbul, un restaurant très fréquenté de Ouagadougou, où un Algérien a été blessé et un autre tué, puis dans la journée de lundi, au nord-ouest du Mali, à Tombouctou, où des agents de sécurité travaillant pour la Mission onusienne, la Minusma, ont été tués dans une attaque alors que des Casques bleus ont été blessés dans l'échange de tirs lors duquel six parmi les assaillants armés de kalachnikovs, venus du nord du Mali, ont été neutralisés. Une situation qui a déjà contraint les Algériens à renforcer les mesures de sécurité exceptionnelles aux frontières sud après que la Mauritanie eut annoncé, le 15 juillet dernier, la fermeture de ses frontières avec l'Algérie aux civils et de décréter la bande frontalière avec notre pays comme zone militaire. Une décision de la part des Mauritaniens qui résulte sans doute des accords conclus à l'issue de la rencontre tenue à Bamako, au début du mois de juillet dernier en présence du Président français, avec comme finalité la mise sur pied d'une force de dissuasion contre les groupes terroristes qui ont essaimé un peu partout dans cette région d'où, entre autres, proviendrait une partie de la grande quantité d'armes sur laquelle met la main, en maints endroits du Grand Sud sur le territoire national, de façon quasi cyclique, l'armée algérienne depuis plus de deux ans maintenant. Des découvertes qui se sont fait plus rares ces derniers temps jusqu'à il y a trois jours, lorsqu'un communiqué du ministère de la Défense nationale est venu annoncer qu'une patrouille de reconnaissance de l'ANP, qui accomplissait une mission dans le cadre de la sécurisation des frontières près de la zone frontalière de Bordj-Badji-Mokhtar, a découvert, dans la matinée de dimanche donc, une cache d'armes contenant une quarantaine de 40 pièces et des munitions. Des lance-roquettes RPG-2, des mitrailleuses PKT, des fusils mitrailleurs FMPK, des mitrailleuses RPK, des pistolets mitrailleurs kalachnikovs, des fusils semi-automatiques Simonov, des fusils à répétition et différents calibres de munitions ont été retrouvés par les militaires algériens mobilisés à travers le dispositif sécuritaire exceptionnel mis sur pied au Sud, aux portes d'un territoire que même avec l'importante contribution de l'armée française, les forces stationnées dans la région n'arrivent pas à maîtriser, laissant ainsi persister la menace terroriste que fait peser sur l'ensemble du Sahel Al-Mourabitoune, le groupe de Mokhtar Belmokhtar affilié à Al-Qaïda. Menace qui s'est matérialisée, donc, par l'attaque contre les agents collaborateurs de la Minusma onusienne, probablement les tentatives d'incursion sur le territoire national, et l'attentat contre le restaurant de Ouagadougou qui a fait dire à Cynthia Ohayon, analyste sur le Burkina chez International Crisis Group, lorsqu'elle a été interrogée par RFI, que cette attaque ne la surprenait pas.