Encore une charrette de candidats, � l�agr�ment d�un parti, recal�s. Tout autant que leurs pr�d�cesseurs de 1999, ces nouveaux pr�tendants viennent de recevoir la m�me r�ponse � la virgule pr�s. �Dossier incomplet�, tranche brutalement l�inamovible ministre de l�Int�rieur. Puis d�ajouter comme un acte d�accusation : � �D�ailleurs ces personnes savent pourquoi � ! Une fin de non-recevoir qui, en d�finitive, n��tonne que ceux qui veulent bien encore s��mouvoir du sort des libert�s politiques et sur leur vocation personnelle � les promouvoir. Car, enfin, fallait-il � ce point �tre dupe et croire un seul instant, qu�apr�s dix ann�es d�un huis clos parfaitement entretenu, le pouvoir veuille subitement entrouvrir quelques portes ? Au-del� des louables critiques de principe imputant � la mainmise administrative ces refus, d�ailleurs contraires aux r�gles constitutionnelles, d�o� a-t-on tir� la certitude que le contexte de 2009 serait porteur de quelques opportunit�s dans ce domaine ? Sans trop accabler cette na�vet� calcul�e et qui feint de les d�soler, l�on est en droit de supposer, cependant, que derri�re les r�centes initiatives de cr�er des partis, il y aurait une sorte d�offre de service, venant en compensation (pour certains seulement il est vrai) � leur implication dans la mascarade de la derni�re pr�sidentielle. Sinon l�on ne voit gu�re d�autres raisons plausibles, coh�rentes et argument�es justifiant ces tardives d�marches alors que se poursuit le travail de laminage des courants politiques que Bouteflika a trouv�s � son arriv�e en 1999. La cruelle r�alit� du pluralisme alg�rien est tellement �vidente qu�il suffit d�un inventaire de l��tat des lieux du Parlement pour constater que, bien plus que par le pass�, la traque des chapelles encore r�fractaires demeure � l�ordre du jour. Une domestication par tous les recours, m�me dilatoires, comme ceux de la censure de certaines paroles de d�put�s. L�illustration est d�ailleurs �difiante quant � la diversit� des moyens adopt�s pour atteindre cet objectif. En voici un floril�ge extrait du pass� r�cent, c�est-�-dire � la veille et au cours du second mandat. Qui ne se souvient pas de ce parti r�put� majeur, qui fut d�capit� pour cause d�indocilit� ? Et qui n�a pas en m�moire le siphonage �scientifique� de cet autre vid� de sa base militante jusqu�� n��tre r�duit qu�� un za�m pr�chant dans le d�sert ? Peut-on �galement oublier les anecdotiques frasques de ce secr�taire g�n�ral de parti qui n�a jamais con�u sa vocation qu�en multipliant les reniements ? Survivant � l�ombre des voix officielles, il illustre, � ce jour, ce que l�on fait de mieux comme caniche aux roquets lanc�s sur commande. En l�ger d�calage des officines pures et dures de la courtisanerie, nous retrouvons embusqu�e, cette surr�aliste version de notre trotskisme incarn�e par une diva de la dialectique mais toujours sensible aux maroquins du Parlement. Parti au demeurant sympathique, mais seulement comme peut l��tre un agitateur imbu de son dogme mais ne d�daignant pas les avantages que lui conc�dent charitablement les �ennemis de la classe�. En clair, un mod�le de la compromission heureuse lorsque celle-ci parvient � conjuguer les mots d�ordre prol�tariens et la soupe du pouvoir. A grands traits, nous avons l� une photo de famille d�un multipartisme vivant dans l�arri�re- cour du r�gime. Que la majorit� d�entre ces �partis� ait choisi de s�impliquer ind�cemment aux c�t�s du pouvoir et lui servir de cache-sexe d�mocratique alors que d�autres aient pr�f�r� garder un subtil �quant � soi� ne les diff�rencie que formellement. En effet, depuis le temps qu�ils envoient aux Assembl�es des ��lus� fant�mes, ne se sont-ils pas finalement inclin�s devant la corruptibilit� politicienne ? Peu ou prou, ils ont contribu� � brouiller, dans l�opinion, l�id�e que l�on se faisait de ces valeurs attach�es aux libert�s publiques. Pour n�avoir pas su demeurer dans le cercle vertueux du combat d�mocratique, ils n�ont pas seulement aid� le syst�me � se maintenir. Ils ont commis le pire : celui qui a fini par d�mon�tiser la parole politique aupr�s de l��lectorat et cela en toute connaissance de cause. Tous sans exception ne pouvaient un seul instant ignorer la tendance liberticide du r�gime. Combien de fois s�est-il attaqu� � la question des libert�s politiques sans que ces atteintes les aient fait r�agir ? R�futant � chaque occasion la confrontation id�ologique et le principe de l�alternance, n�avait-il pas eu le m�rite cynique de signifier aux partis qu�ils ne doivent leur �existence� que par le fait du prince ? Or ceux-l� �taient demeur�s sans riposte. Il est vrai, par ailleurs, que cette fa�on de nuancer l�accusation en direction du pouvoir peut para�tre excessive et injuste mais elle n�est pas sans int�r�t. Tout au moins au plan de la morale politique dont seuls les courants auraient d� �tre les d�fenseurs. En effet, puisque les oukases r�glementaires ou sombrement administratifs sont notoirement le signe distinctif du r�gime, c�est naturellement vers les partis qu�est retourn�e la question. Evaluer le recul des libert�s � l�aune de la faillite des acteurs de l�espace politique ne doit pas �tre consid�r� comme un proc�s mais une remise en perspective. Car tout recentrage de la probl�matique du devenir d�mocratique passe imp�rativement par le solde de tout compte d�une longue d�cennie au cours de laquelle la soci�t� politique a sombr� dans les calculs d�appareils. A partis croupions, d�mocratie croupissante ! Or, pour sauver du naufrage final les libert�s, l�heure n�est plus � l�accouchement de nouveaux partis mais � des �tats g�n�raux au nom de l�urgence r�publicaine.