Amélioration du climat des affaires, ouverture de tous les secteurs, à l'exception du secteur militaire, à l'investissement privé, lever les obstacles bureaucratiques qui freinent l'investissement, tels sont les objectifs du forum des chefs d'entreprise (FCE), étalés, hier à El Oued, par son président, Ali Haddad, à l'occasion de l'université d'été de l'organisation patronale. «Le défi pour notre pays est celui de réussir sa diversification économique, en l'inscrivant de plain pied dans les économies de demain, celles de l'après-pétrole. Cette diversification doit cibler à réduire la forte propension à l'importation, conquérir des marchés à l'export, et encourager l'investissement national productif», a-t-il d'emblée, déclaré dans son intervention d'ouverture des travaux de ce rendez-vous, placé sous le thème «Une entreprise intelligente pour une économie nouvelle». Le président du FCE a affirmé que cette perspective requiert des réformes audacieuses, et une ouverture plus affirmée de l'économie nationale, en reprenant l'appel du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l'occasion de la dernière réunion du Conseil des ministres, à «approfondir les réformes déjà engagées dans tous les secteurs». L'orateur a expliqué que la Constitution révisée en février 2016 offre l'ancrage pour engager les réformes les plus approfondies et les plus innovantes. L'article 43 de la constitution est, à lui seul, un programme qui consacre de manière solennelle la liberté d'investissement et de commerce, et met à la charge de l'Etat d'œuvrer «à améliorer le climat des affaires et à encourager sans discrimination, l'épanouissement des entreprises au service du développement économique national», a-t-il rappelé. Priorité Pour le président du FCE, le volet prioritaire auquel il faudrait s'attaquer en toute urgence, est celui du climat des affaires, «afin de l'assainir des lourdeurs et pratiques bureaucratiques qui pèsent sur le monde de l'entreprise». Dans ce contexte, il a appelé à simplifier l'environnement fiscal, administratif et bancaire de l'entreprise, et améliorer les conditions d'accès au foncier. «En second lieu et en corollaire de l'assainissement du climat des affaires, une dynamique entrepreneuriale devra être engagée et encouragée», a-t-il plaidé, estimant que «l'accélération du rythme de création des entreprises est sans conteste l'enjeu fondamental et crucial des prochaines années». Pour lui, pour réussir la diversification de son économie, l'Algérie doit créer, dans les quelques prochaines années, des centaines de milliers d'entreprises. Il a déploré le fait qu'à cause des lourdeurs bureaucratiques, l'Algérie n'a créé durant les quatre dernières années que moins de 200.000 entreprises, alors qu'en France, plus de 64.000 ont été créées, pour le seul mois de janvier dernier. «Nous devrons assimiler que les économies de demain et de l'après-pétrole ne s'accommodent d'aucune hésitation bureaucratique», a-t-il appuyé, précisant que ce n'est pas les opportunités d'investissement qui manquent dans notre pays. Ouverture «En visitant nos villes et territoires, on peut constater l'énorme potentiel d'opportunités qu'ils recèlent dans l'agriculture, le tourisme, l'industrie, les transitions énergétique et écologique, la gestion des déchets, la rénovation du bâti et du cadre de vie, l'embellissement de nos villes et la réalisation d'aires d'attraction et de loisirs», a-t-il expliqué. Mais pour explorer toutes ces potentialités, Ali Haddad soutient que l'Algérie doit donner, à l'adresse des opérateurs économiques nationaux et étrangers, des signaux forts d'ouverture de son économie. Et il appelle à l'ouverture de tous les secteurs à l'investissement privé. «A l'exception des industries militaires, les autres secteurs doivent être ouverts, sans a priori, à l'investissement privé. C'est un gage d'amélioration incontestable du climat de l'investissement, et un impératif pour renforcer l'attractivité économique de l'Algérie», a-t-il lancé. Et de poursuivre que «grâce à la politique menée et conduite par Son Excellence, le président de la République, Monsieur Abdelaziz Bouteflika, le paysage économique national a fait émerger des entreprises privées leaders, ayant gagné en maturité. Elles disposent de capacités à même de leur permettre de prétendre légitimement, investir plusieurs domaines d'activité». Le président du FCE a appelé, en outre, à poursuivre les efforts de soutien à la production nationale et d'accompagnement de nos entreprises, notamment les PME, avant d'affirmer que l'investissement public nécessite la diversification des sources de financement, à travers le renforcement du Partenariat Public-Privé. Ali Haddad a, par ailleurs, appelé à développer, à l'adresse de la communauté à l'étranger, une démarche volontaire traduite en décisions concrètes, pour garantir un meilleur apport au développement du pays. Il affirme que le FCE n'a aucun lien avec Kamel «El Bouchi» Ali Haddad : «Celui qui a fauté doit payer» Le président du FCE, Ali Haddad, a indiqué que l'organisation patronale qu'il dirige, n'a aucune relation avec Kamel el bouchi, accusé principal dans l'affaire de la saisie de 701 kg de cocaïne. «Le FCE n'a aucune relation avec cet individu. Il n'est pas adhérent de l'association. Il est entre les mains de la justice qui fait son travail», a-t-il déclaré, lors d'un point de presse à la fin de l'Université d'été du FCE, qui s'est tenue à El Oued. «Celui qui a fauté doit payer», a-t-il ajouté. Concernant l'absence des membres du gouvernement à la rencontre, le conférencier a indiqué que le FCE n'a invité aucun officiel, à part le wali d'El Oued. Il a souligné que des représentants de plusieurs ministères étaient présents. «Nous n'avons aucun problème avec les pouvoirs publics, et nous sommes en parfaite harmonie avec eux. On soutient les pouvoirs publics dans toutes leurs actions. Nous ne sommes pas un parti d'opposition. On fait des propositions, mais c'est aux pouvoirs publics de les accepter ou non», a-t-il déclaré. Interrogé sur les rencontres avec les partis politiques, il a affirmé que le FCE a reçu 5 invitations dans ce sens, dont le Fln et le Msp. «Nous allons les rencontrer, mais pour discuter uniquement dans le cadre économique», a-t-il précisé. Il a ajouté qu'il était prêt à rencontrer la SG du PT, Louisa Hanoune, si son parti lui adresse une invitation. «Louisa Hanoune est une Algérienne, si elle nous invite, on ira la rencontrer», a-t-il dit. Le président du FCE a réitéré, en outre, son soutien au chef de l'Etat et au cinquième mandat. D'autre part, Ali Haddad a affirmé que le marché informel fait des dégâts à l'économie nationale. Il a assuré que les pouvoirs publics vont parvenir, sans doute, à éradiquer ce phénomène. Concernant l'appel à ouvrir tous les secteurs à l'investissement privé, sauf dans l'armée, le conférencier a répondu que «si l'armée nous demande d'investir dans le secteur ou à sous-traiter des projets, on le fera et on est disponible». Interrogé enfin, sur Fertial, il a indiqué que l'Etrhb a racheté 17% des actions en 2016, et que la société privée lui a demandé le rachat du reste des actions. Il a fait savoir que le dossier est entre les mains des pouvoirs publics qui trancheront la question.