«La prochaine rentrée universitaire se déroulera dans de bonnes conditions et aucun problème ne peut l'entraver». C'est Mohamed Mebarki, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui s'exprimait ainsi samedi à Alger. Craignant vraisemblablement qu'on ne comprenne pas son doux enthousiaste optimisme, le ministre a été tout de suite dans la précision-rectification : «La prochaine rentrée universitaire se déroulera dans de bonnes conditions. Nous n'avons aucun problème dans ce sens pour les établissements non finis, je tiens à vous dire qu'ils sont sept. J'ai reçu des assurances que la livraison sera faite au plus tard à la mi-juillet». Parce qu'au point où en sont les choses, on ne pouvait pas savoir si le ministre de l'Enseignement supérieur était si optimiste sur la qualité de la rentrée universitaire parce qu'il n'y a pas de problème ou parce que la rentrée universitaire pouvait bien se dérouler… en dépit de tous les problèmes ! Et des situations comme cette dernière, nous en avons tellement vécu des décennies qu'on a fini par trouver cela «normal». On aurait même pu, tant qu'à faire, partager l'assurance et l'optimisme de M. Mebarki. Des rentrées universitaires intervenues avec des mois de retard. Des filières entières dont les étudiants ont perdu un trimestre quand ce n'est pas un semestre parce qu'ils n'ont pas pu rejoindre leurs amphis à temps et dans de… bonnes conditions. Des instituts restés fermés au moment de la rentrée parce que les travaux de réfection n'ont pas été terminés en septembre comme prévu. Des examens de rattrapage qui tirent en longueur jusqu'à n'en plus finir. De nouvelles universités dont les délais de réalisation n'ont pas été respectés alors qu'on y a affecté des étudiants de toute une région ou de plusieurs spécialités. Des résidences universitaires restées à l'état de chantier. Des professeurs qui manquent. Des restaurants universitaires qui ont joué les prolongations après les vacances. Des professeurs qui manquent. Des grèves intempestives décidées parfois… avant les vacances parce que les enseignants font de la surenchère et la tutelle la sourde oreille. Des inscriptions tellement anarchiques ou bâclées que des milliers d'étudiants se retrouvent là où ils ne devraient pas être ou ne se retrouvent pas du tout. Et à chaque rentrée, on retrouve l'université dans l'état où on l'a laissée ou pire encore, puisque maintenant, on n'arrive même pas à assurer le minimum, une «rentrée» et un déroulement formel des études jusqu'à la fin du cursus de chaque étudiant. L'université algérienne est performante, tellement performante qu'un retour de vacances devient problématique. Au point où on s'y prend six mois à l'avance pour nous dire que la rentrée «se déroulera dans de bonnes conditions». Et de lui consacrer l'essentiel des travaux d'une «conférence nationale des universités» en marge de laquelle s'est exprimé le ministre pour nous rassurer sur la rentrée. Pour le reste, tout va bien et ça se voit. Slimane Laouari