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La «Une» du libertaire
Crimes et procès célèbres : L'affaire Sacco - Vanzetti 1920 / 1927
Publié dans Le Temps d'Algérie le 23 - 05 - 2009

L'affaire Sacco et Vanzetti qui s'est ouverte sur le procès d'un crime d'Etat a pris les proportions d'un grand procès mondial dans la lutte de classes. Les guerres, les événements politiques ont pu masquer les problèmes qui furent soulevés à l'époque mais l'assassinat des deux anarchistes italiens reste encore aujourd'hui le symbole pour la classe laborieuse de l'émancipation internationale des exploités et du courage anarchiste.
La télévision a diffusé récemment l'excellent film réalisé sur le procès de Sacco et Vanzetti et le public a pu, une fois de plus, prendre en considération le courage et l'honnêteté de ces gens qui dirigent l'information et les débats, en refusant aux anarchistes et plus précisément à la fédération anarchiste de défendre face aux charognards communistes ou atlantistes ceux qui ne pourront jamais être récupérés par les politiciens.
La présence de la sœur de Bart Vanzetti et du petit-fils de Nicola Sacco dans ce débat tronqué et écœurant déroutait le spectateur honnête qui voulait apprendre quelque chose sur les victimes du capitalisme et de l'intolérance et non sur les impressions de leurs bourreaux, cinquante ans après.
Afin de rendre hommage à nos deux camarades qui dorment à jamais au fond de nos cœurs et dont la pensée nous anime pour pousser ardemment nos efforts dans la lutte pour l'anarchisme et essayer d'atténuer l'infamie perpétrée par les faux apôtres de la liberté que sont les gens de la télévision et du parti communiste, nous rappellerons qui ont été Sacco et Vanzetti, et dans quelles circonstances leurs vies de militants anarchistes ont été sacrifiées sur l'autel de l'intolérance et de l'injustice étatique.
Nous nous associons à Louisa Vanzetti dans son combat entrepris depuis des années pour la réhabilitation des deux compagnons anarchistes Bartholomeo Vanzetti et Nicola Sacco, bien que nous ne reconnaissions aucune justice étatique, et lui apportons notre soutien fraternel et moral.
Bartholomeo Vanzetti
«Sans nom dans la foule des sans nom», ainsi s'est-il décrit dans l'autobiographie de vingt pages qu'il a rédigée dans la prison de Charlestown : Histoire d'une vie de prolétaire. Bartolomeo était né en 1888 dans un petit village du Piemont : Villafalleto.
Doué pour l'étude et d'une intelligence particulièrement éveillée, il aurait pu, selon ses professeurs devenir enseignant ou même un savant.
Son père, estimant que les études étaient trop coûteuses, préféra le placer comme apprenti pâtissier plutôt que de le laisser continuer à étudier. De place en place, besognant de ville en ville, il attrapa une pleurésie si grave que son père vint le chercher à Turin début 1907 pour le ramener à la maison. Les jours qu'il passa chez lui, soigné admirablement par sa mère, ont été, a-t-il écrit plus tard les plus beaux de sa vie.
Mais ce bonheur fut éphémère, car sa mère atteinte d'un cancer devait mourir au bout de trois mois d'agonie. Vanzetti la soigna avec le même dévouement et la même tendresse qu'elle avait eue pour le soigner. Il s'embarqua au Havre pour l'Amérique après avoir traversé la France à pied. De New York à Plymouth. Bartolomeo a trimé dur, errant de ville en ville, faisant tous les métiers au bas de l'échelle sociale.
Pour combler son manque d'instruction, il avait lu Darwin, Spencer, Hugo, Zola et Tolstoï mais il était depuis longtemps convaincu que seule l'anarchie délivrerait l'humanité de ses chaînes et il étudiait les œuvres de Proudhon, Kropotkine et Malatesta qu'il affectionnait particulièrement. Tout d'abord employé à la Compagnie de Cordages de Plymouth comme la plupart des Italiens immigrés, il ne reprit jamais son emploi après une longue grève de revendication salariale en 1916.
Un ami repartant pour l'Italie lui revendit sa charrette à bras et son fond de commerce de poissons. C'est ainsi qu'il devint très connu et très aimé dans le quartier. Pommettes saillantes, moustache tombante, l'ami des enfants qui l'appelaient «Bart», effectuait tous les jours ses livraisons de poissons en poussant sa baladeuse dans ces rues très pauvres essentiellement peuplées d'Italiens et de Portugais.
Nicolas Sacco
Il était né en 1891, d'une famille de dix-sept enfants à Torremaggiore. Comme pour Vanzetti, les années passées au village de leur enfance étaient les plus belles et les plus douces qu'il ait vécu. A quatorze ans, il quittait l'école pour aller travailler aux champs. Avec son frère Sabino, ils rêvaient de voyages, de partir aux Amériques. Ils partirent un jour de 1908 et débarquèrent à Boston Est.
Nicolas avait 17 ans. Sabino ne supporta pas longtemps l'exil, la vie d'immigrant et moins d'un an après il repartait au pays. Nico persista. Il apprit un métier et devint spécialiste en fabrication de chaussures.
En 1913, il adhéra au groupe anarchiste local «Circolo di Studi Sociali» et participa à l'organisation de meetings, dans les villes voisines, distribua tracts et brochures, ouvrit des souscriptions pour les grévistes et accueillit Tresca et Galleani, révolutionnaires anarchistes très connus. En 1916 son groupe organisa un meeting à Milford dans le but de recueillir des fonds pour soutenir les grévistes d'une usine dans le Minnesota.
La préfecture n'ayant pas autorisé cette manifestation, les orateurs furent arrêtés et parmi eux, Sacco. Il fut condamné à une amende et c'est là, la seule peine qu'il a encouru avant son arrestation dans le tramway de Brokton une certaine nuit de mai.
Le contexte social
L'Amérique entrant dans le conflit de la première guerre mondiale, la propagande anarchiste consista essentiellement à déconseiller aux travailleurs de servir dans l'armée. La seule opposition à la guerre venait des I.W.W., les «Wobblies» et des anarchistes.
En 1919, l'Amérique bafoue le traité de paix, renvoie des immigrés tels qu'Emma Goldmann. Cette année-là est une année de violence. Deux jours avant le retour du président Wilson de Paris, de la conférence de la Paix, deux membres d'un cercle anarchiste espagnol, «Grupo pro Prensa» à Philadelphie, furent accusés et arrêtés pour avoir voulu attenter à la vie du président. Quelques temps plus tard, le maire de Seattle, qui combattait «le danger rouge» reçut une bombe dans un paquet postal.
Le lendemain, Thomas Hardwick, ex-président de la Commission de l'immigration reçut le même cadeau. On compta ainsi 37 paquets contenant des bombes destinées à diverses personnalités dont Olivier Wfendell Ilolmes, président de la Cour Suprême des Etats-Unis et l'avocat général Palmer.
Le 1er mai fut particulièrement violent, batailles de rues, meetings monstres, assassinats dans les manifestations ajoutèrent à la terreur populaire américaine. Luigi Galleani, une figure très connue et estimée de l'anarchisme, fut condamné à la déportation pour la publication de sa célèbre Cronaco Soversica. Peu après des bombes éclatèrent dans huit grandes villes. Le climat de violence, de terrorisme impulsé par les autorités et les éléments provocateurs indignait le peuple américain qui était hanté par les manœuvres étrangères.
Entre l'activiste anarchiste et le militant qui exerce sa propagande sur les lieux de son travail, dans son quartier, par la parole, son comportement, il y a tout un monde social et idéologique, mais pour beaucoup l'amalgame des deux en terroriste criminel était un excellent prétexte pour repousser les étrangers. Sacco et Vanzetti avaient la réputation d'être des idéalistes et non des hommes d'action. Cependant contre les menées répressives et démesurées des autorités qui inculpaient et emprisonnaient tout ce qu'elles voyaient teinté de rouge (le 2 janvier 1920, 6000 mandats d'arrêts étaient prêts pour les étrangers afin de les déporter.
Des milliers de prisonniers défilaient dans les rues enchaînés) les anarchistes ne pouvaient rester silencieux et inactifs. Par les tracts, la littérature, les conférences, les grèves, les occupations, ils restaient en contact avec le prolétariat. Le 15 avril 1920, le caissier et son garde de l'usine de chaussures de South Shore à South Braintee sont attaqués et les deux valises contenant la paye des ouvriers leur sont dérobées. Ils décéderont quelques heures après.
Le 5 mai 1920, dans un tramway de Brokton, on arrête deux usagers. Il s'agit de Sacco et Vanzetti. Ils sont armés.
On leur dit qu'on les suspecte et que c'est pour cela qu'on les emprisonne. C'est la première fois qu'ils sont incarcérés. La seule charge qu'on retienne contre eux est le port d'armes prohibées. Ils plaident coupables par le biais d'un avocat nommé d'office, William Callahan.
Le juge chargé de l'affaire décida de les retenir sans caution, en vertu d'un décret de temps de guerre qui autorisait la détention d'individus suspects de crimes. A partir de cet instant, l'infernale machine judiciaire est mise en route. A tout prix il fallait que ces deux là endossent les crimes du hold-up du 15 avril.
Il fallait qu'ils soient italiens, que l'un soit petit et brun et que l'autre ait une moustache tombante. Sacco et Vanzetti devaient faire l'affaire... Elle dura sept ans. Tract en faveur de Sacco et Vanzetti édité par l'Union anarchiste en 1921 ; moins d'un an après l'arrestation des deux anarchistes italiens, tous les anarchistes latins immigrés en Amérique se mobilisèrent en comité de défense et de soutien, la libération de Sacco et de Vanzetti étant leur affaire. Dans ce pays où les idées subversives étaient traquées avec une fureur inquisitoriale, à travers le procès des 2 militants anarchistes, c'était l'organisation et les idées libertaires qu'on cherchait à décimer.
Le but recherché n'échappait à personne : démontrer que les anarchistes n'étaient que des bandits et des criminels à l'opinion publique. Vanzetti fut jugé une première fois.
On le condamna pour attaque à main armée à quinze ans de travaux forcés. Cinq jours après cette condamnation, une bombe explose à Wall Street tuant dix personnes. On impute ce crime tout naturellement aux anarchistes. Le 28 septembre 1920, Sacco et Vanzetti comparaissent ensemble devant le tribunal, plaidant non coupables, défendus par le célèbre avocat ouvriériste, Fred Moore. Le procès a duré des semaines. Les témoignages, les accusations, la haine implacable du juge Thayer, la fougue de Moore, la lâcheté des jurés ont fait de ces journées la bataille oratoire la plus infâme contre le mouvement ouvrier, et contre la liberté d'opinions.
La condamnation à mort de Sacco et de Vanzetti a déclenché à travers le monde une véritable conscience de classe dans le prolétariat.
Dans toutes les grandes villes européennes d'énormes et fracassantes manifestations ouvrières ont assiégé les ambassades. Pour les communistes et leur parti, Sacco et Vanzetti étaient des pions sur l'échiquier de la lutte des classes, symbole commode à exploiter pour que le sang des martyrs anarchistes soit un jour un fleuron pour le parti communiste.
Il ne faut pas perdre de vue que si la chasse à l'anarchiste poussait les notables américains à des actes impardonnables de lâcheté, en
Russie, sous les couleurs du communisme, c'était le nettoyage par le vide de tous les anarchistes et de leur système fédératif (Kronstadt, 1921). Pendant des mois, des années, on attend que le juge Thayer casse le jugement. Cinq motions lui sont présentées par F. Moore ; toutes rejetées.
Moore abandonne l'affaire sur la demande des deux inculpés. En prison, Sacco et Vanzetti continuent ardemment à s'instruire, à lire.
Vanzetti traduit Guerre et Paix, écrit un livre «Evénements et victimes». On ne comprend pas bien ce qui retenait la justice américaine devant l'exécution. un an d'attente, de motions rejetées, de discussions avec le Commonwealth.
Des millions ont été recueillis par le Secours Rouge dans tous les pays du monde pour faire échapper à la mort Sacco et Vanzetti. En fait les deux martyrs leur servaient pour s'affirmer en Amérique en défenseur des opprimés et pour empocher la solidarité internationale. Ces fonds ont été détournés par ce secours du parti communiste. Cela est si indigne que le Comité de Défense de Sacco et Vanzetti imprima dans son bulletin :
«Nous sommes absolument opposés à la collecte des fonds et à l'utilisation de cette cause en vue d'intérêts politiques et économiques.» Sacco et Vanzetti refusèrent de se laisser défendre et manipuler par l'Internationale communiste.
Un gangster du nom de Madeiros avoua certain jour que c'était lui avec deux complices qui était l'auteur du hold-up de South Braintee, que Sacco et Vanzetti n'y étaient pour rien. Thayer a refusé de reconsidérer l'affaire.
Il fallut faire monter le courant à 300 volts pour anéantir dans la chaise ces deux corps encore robustes qui criaient Vive l'anarchie.


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