En dépit de son apparence moderne, la capitale nationale de l'électronique n'est pas récente. Ses origines remontent à la nuit des temps comme le prouvent les vestiges dont elle regorge. En effet la wilaya de Bordj Bou Arréridj qui était à vocation agricole a attiré plusieurs civilisations qui n'ont pas manqué de laisser des traces. Pour valoriser cette richesse, la direction de la culture de la wilaya a lancé, dans le cadre du mois du patrimoine, une série d'activités pour faire connaître ces richesses. Des expositions, des journées d'études et même des sessions de formation ont été prévues. Si les premières ont lieu au musée El Mokrani, les secondes et les troisièmes ont été programmées au complexe culturel Aicha-Haddad. La première exposition qui se déroule pendant un mois tourne autour de la poterie et de la calligraphie arabe avec pour slogan «l'art une valeur humaine et économique». Ces deux activités qui montrent la beauté de l'expression locale ont occupé une place essentielle dans la vie des habitants de la région. Elles peuvent encore engendrer d'autres richesses pour peu qu'elles soient exploitées à bon escient. Même pour la préservation des valeurs de la nation, elles peuvent jouer un role important d'autant que leur originalité est certaine. La seconde manifestation du genre est basée sur l'exposition de photos archéologiques et historiques de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Ce qui permet aux jeunes et moins jeunes visiteurs de se familiariser avec les principales étapes qui ont jalonné l'histoire de la région. Les images prises qui ont été prises pendant plusieurs années montrent l'état de conservation des vestiges qui évoquent ces étapes mais aussi des facettes de la vie récente des habitants. Leur parcours représente un voyage à travers l'histoire de la wilaya. La troisième exposition enfin retrace le parcours des équipes qui ont restauré le musée El Mokrani. L'exposition est intitulée «le patrimoine comme monument touristique et économique». Notons que c'est le premier vestige qui a bénéficiée de cette opération. Ce qui montre l'importance de la manifestation qui rappelle que ce genre d'activité n'est pas facile surtout en l'absence de bureaux d'études et d'ingénieurs spécialisés comme l'a reconnu le ministre de la culture lui-même lors de la récente visite de la wilaya. Ce qui a poussé la direction de la culture à prévoir également dans le programme des manifestations, des sessions de formation pour les associations culturelles qui s'intéressent souvent et interviennent même dans ce domaine sans disposer des outils techniques et surtout des compétences nécessaires. Même les zaouias qui disposent de lots importants d'anciens manuscrits ont été associées à l'opération pour les aider à les préserver . Plusieurs activités, mais... Des journées d'études ont été prévues sur les mêmes lieux sur la protection du patrimoine culturel et comment le valoriser sur les plans culturel, touristique et même économique. Nul doute que l'échange d'idées sur ces sujets importants entre les différents secteurs permettront de mieux appréhender ce domaine aussi sensible que délaissé. La présence des représentants des structures spécialisées comme l'OGEBC, le CNRBH et la bibliothèque nationale chargés des journées d'études devra assurer en plus de la professionnalisation du secteur un partage de vision puisque le patrimoine intéresse tous les citoyens. Mais ce qu'on peut reprocher aux organisateurs des manifestations c'est la concentration des activités au chef-lieu. Dans une wilaya qui compte 34 communes, il aurait été préférable que le programme s'ouvre à tous les citoyens, d'autant que la plupart des vestiges de la région sont situés en dehors du chef-lieu. Ils n'ont pas été inspirés également de limiter la vision de ces vestiges à de simples photos. Pourtant ils sont bien présents. Mieux, ils sont proches. Des visites, notamment pour les élèves des établissements scolaires, les étudiants de l'université et même des autres citoyens auraient été mieux indiquées. Ces visites auraient permis de montrer dans quel état d'abandon se trouve la majorité des monuments. A part le château d'El Mokrani et à un degré moindre la mosquée El Atik, aucun autre vestige n'a bénéficié de restauration. Et encore, les deux premières opérations n'ont pas été menées comme il se doit, comme le ministre l'a remarqué lui aussi . Rappelons que la wilaya de Bordj Bou Arréridj dispose de vestiges de l'époque romaine comme Bordj Chemissa située à Bordj Ghedir, de constructions turques comme le collège de Zemmoura. Le château d'El Mokrani qui a été traversé par toutes ces périodes a subi des transformations par toutes les civilisations qui ont marqué la région. La wilaya dispose aussi de beaucoup d'anciennes zaouias et mosquées qui ont joué un role important aussi bien dans l'instruction des enfants de la région, la préservation des valeurs nationales que le combat contre l'ennemi. L'une d'elles, la zaouia de Rabta en l'occurrence porte encore sur ses murs les traces de vengeance de ce dernier. Comme elles sont situées dans des sites féériques, leurs visites permettent d'allier le repos du corps et de l'esprit. Elles sont des gisements pour plusieurs produits touristiques. Mais pour les exploiter il faut bien plus que les activités qui ont été retenues.