Des centaines de résidents du bidonville d'Oued Aissi, à une dizaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou, ont procédé hier à la fermeture de la RN 12 afin de réclamer leur relogement dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (RHP). Dès les premières heures de la matinée, des centaines de citoyens de l'un des plus anciens bidonvilles érigé au lendemain de l'indépendance à côté de l'hôpital psychiatrique Fernane-Hanafi ont en effet décidé de passer à l'action en procédant à la fermeture de la RN12 reliant la wilaya à Alger au niveau d'Oued Aissi, rendant impossible la circulation automobile dans les deux sens. A travers cette énième action de rue, les représentants des 280 familles logées dans des baraques de fortune depuis des décennies sur un terrain relevant de la commune d'Irdjen veulent attirer l'attention des autorités locales (APC, daïra et wilaya) sur l'urgence de leur relogement dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire (RPH), comme cela leur a été promis il y a plusieurs années. «Nous sommes fatigués des promesses non tenues», lance un résident de ce bidonville jouxtant l'hôpital d'Oued Aissi sur le bas-côté de la RN12, complètement bloquée à la circulation par les manifestants en colère, obligeant les milliers d'automobiles à marquer l'arrêt sur cet important axe routier et des milliers d'autres citoyens à marcher à pied sur des dizaines de kilomètres pour rejoindre leur destination. «Nous avons saisi à plusieurs reprises les autorités concernées à propos de notre situation. Tous les responsables qui se sont succédé au niveau des exécutifs de l'APC d'Irdjen et de la wilaya savent très bien ce qu'il faudra faire. Mais depuis des décennies, aucun responsable n'a pris la décision qui s'impose, à savoir mettre fin à notre calvaire à travers notre relogement dans des logements décents», ajoute notre interlocuteur qui affirme avoir vu le jour dans ce bidonville il y a une cinquantaine d'années. «Ma famille venue de M'sila s'est installé ici au lendemain de l'indépendance. Je suis né en 1968 dans ce bidonville. Mes parents m'ont vu grandir ici dans des conditions déplorables et moi-même je vois mes trois enfants naître dans la même misère, sans voir les choses changer après presque cinquante années de galère», s'écrie-t-il. Selon les manifestants qui ont reçu aux environs de 10 h des émissaires des services de sécurité et de la Gendarmerie nationale, dépêchés par la wilaya pour trouver une issue à cette action et procéder à la réouverture de la route, les autorités locales leur ont promis à maintes reprises un relogement dans le cadre du programme RHP. «Nous avons procédé à plusieurs reprises à la fermeture de la route afin de réclamer notre droit à un logement, et à chaque action de rue, les responsables concernés nous promettent de régler notre problème, mais à ce jour, rien n'est encore fait»,confie un jeune père de famille qui nous a indiqué que les familles logées dans ce bidonville exigent désormais des autorités locales la mise en application des promesses faites il y a une année. Selon les protestataires, il s'agit du relogement de l'ensemble des 280 familles soit dans des logements sociaux ou bien à travers l'attribution de lots de terrain sur le lieux de l'implantation des baraques afin de construire des maisons dans le cadre de l'autoconstruction. En somme, les mêmes revendications à chaque fois, qu'ils espèrent voir satisfaites enfin.