En marge de la flamme incandescente et flamboyante qui porte les grandes valeurs du travail et de l'effort accompli vers la liberté, la justice et le progrès, il y a le sacré du Ramadhan ! Un sacré qui rime avec la somnolence et la torpeur tout en douceur, sucreries pâtissières en sus. Heureux le paysan, l'ouvrier, le fonctionnaire et le chômeur qui font carême. Personne n'osera, en principe, les déranger ou, ô sacrilège, leur chercher midi à quatorze heures ou à n'importe quelle heure, d'ailleurs… Mais voilà que l'on cherche noise à nos députés. Ils se retrouvent, soudainement, face à un agenda garni de pas moins de six projets de loi à débattre, à éplucher, à critiquer en seulement une dizaine de jours. Un rythme de «travail» pas au diapason d'une torpeur induite, normalement, de douceur ! «La manière avec laquelle a été programmé le débat de plusieurs projets de lois décisives et importantes pour le pays, est inique et menace même le processus démocratique, les droits politiques et les libertés fondamentales en Algérie», soutiennent plusieurs partis politiques. Non, encore un peu et les Nations unies étaient mises au parfum de jasmin. Aussi, c'est sans moquerie ni ironie irrespectueuse qu'on les plaint ici nos chers (…) députés. On a juste sûrement oublié de leur remettre le mode d'emploi qui va avec toute chaise longue. Ils auraient su alors qu'une chaise longue, ça se replie après emploi. Hé oui, ils sont comme nous ces députés, il faut tout leur expliquer pour ne pas être trop surpris, après de longues positions allongées, par leur esprit critique, vindicatif, frondeur et impulsif. L'exacte copie conforme de l'électeur lambda, ce député en mode «Ramadhan», en somme… Inévitablement, en plein Ramadhan, il y a des débordements. Bien que peu nombreux, à cause d'un absentéisme devenu récurrent, de l'opposition ou de la majorité, ils risquent de s'ignorer et de choisir précautionneusement leurs allées et venues pour ne pas se croiser en Assemblée. Un autre dommage pour la démocratie. Et si la plénière de jeudi a été reportée, c'est qu'ils étaient à peine 90 sur les plus de 460 à vouloir contrecarrer les desseins d'une majorité parlementaire par trop envahissante. Pour le coup, c'est cette majorité qui était en école buissonnière ! Il y a là de quoi s'inquiéter pour la même démocratie... Une démocratie qui, en termes de langage de rue, en a plein la bouche. Peu maîtrisé, ce langage surgit au moindre incident, au plus petit désagrément, sans retenue, sans distinction, étalant au grand jour le courroux d'un représentant du peuple visiblement fatigué, mercredi à l'APN ! Les paroles ordinaires étaient si spontanées qu'elles se voulaient directes. Sans gants, elles n'auront pas fait dans la dentelle. Se moquant des conventions, des convenances, de l'étiquette et des usages, elles ont claironné : «Je te verrai après, à l'extérieur de l'hémicycle !». Destinés à un confrère tout aussi élu, lequel a été traité également de «handicapé», ces propos ont illustré, en séance plénière, l'examen du projet de loi régissant les relations entre le gouvernement et le Parlement. Ils n'ont pas été entendus au souk du coin, entre poissons pourris et viandes avariées. Ils ont sonné comme une «charge héroïque» contre un prétendu handicapé. Se mordra-t-il la langue, celui qui aura dit le ventre creux d'une anatomie hors-norme ? Dits sur un ton de Ramadhan, ces mots n'avaient, pourtant, ni l'accent chantonnant ni la coquetterie chatoyante d'Annaba, la wilaya représentée par la singularité de ce député aux phares éteints. Finalement, en ce sacré mois, c'est la flamme incandescente et flamboyante des grandes valeurs du travail et de l'effort accompli qui en prend autant pour sa gueule que pour son grade !