Après un long passage à vide, la compagnie nationale Sonatrach semble reprendre des couleurs en récupérant des parts de marché qu'elle avait perdues au profit d'autres concurrents, tels que les Russes, les Norvégiens, les Libyens et aussi les Hollandais. Cette information a été brièvement glissée dans un communiqué rendu public avant-hier par le groupe qui fait état de ses exportations à fin août 2016. «Sur le marché italien, nos exportations de gaz ont augmenté de presque 3 milliards m3 (BCM) sur les six premiers mois de l'année», a indiqué le texte qui n'explique pas les raisons de cette hausse. En réalité, le paragraphe de Sonatrach n'est qu'une confirmation de ce qu'avait annoncé peu de jours avant le groupe italien ENI. La société privée d'hydrocarbures avait fait savoir, dans un bilan, que l'Algérie a progressivement récupéré ses parts en gaz commercialisé sur le marché italien durant le premier semestre 2016 après un recul enregistré une année plus tôt au profit de la Libye et de la Russie. En chiffres, les exportations en gaz vers l'Italie ont grimpé de plus de 87,5% de janvier à fin juin 2016, pour atteindre 6,13 milliards m3, contre 3,27 milliards m3 à la même période de 2015, soit une hausse de 2,86 milliards m3. Le même document a indiqué que les exportations algériennes avaient compensé le recul des exportations néerlandaises et libyennes estimées respectivement à 1,5 et 1,42 milliard m3. Ainsi, l'Algérie retrouve son statut de deuxième fournisseur en gaz de l'Italie derrière la Russie, après s'être retrouvée l'an dernier au 5e rang derrière la Russie, les Pays-Bas, la Norvège et la Libye, détaille ENI. Si les exportations du pétrole brut ont baissé de 8% au cours des huit premiers mois de 2016, comparativement à la même période de 2015, celles du gaz ont au contraire été revues à la hausse. Selon le rapport de Sonatrach, les exportations de gaz par gazoducs ont enregistré une augmentation de 43% et un dépassement de 12% de l'objectif à fin août 2016. Une bonne partie de cette performance, précise le groupe, a eu lieu sur les trois premiers mois de l'année, coïncidant avec l'hiver, qui sont généralement cruciaux pour les clients de Sonatrach à l'exportation. En commentant ces résultats, le groupe a estimé que «la reprise des exportations de gaz par gazoducs confirme un repositionnement de Sonatrach sur le marché européen». L'importance de Galsi Avec l'instabilité politique et sécuritaire en Libye, la tension avec la Russie et la méfiance des pays de l'Europe du Nord quant à la rétractation des réserves et le recul des prix, l'Europe et l'Italie, d'une manière particulière, voient le gaz algérien comme l'alternative la plus sûre. Pour l'Italie et l'Europe, de plus en plus demandeurs d'énergie, et de préférence non polluante, le gaz algérien s'impose comme l'option la plus indiquée. Cependant, pour en avoir de plus grandes quantités, le projet de gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie (via la Sardaigne) Galsi est pour le moment à l'arrêt. Pour le secteur pétrolier et gazier, actuellement en crise, ce projet n'est certainement pas à relancer dans l'immédiat. Par contre, le gouvernement algérien et les autorités italiennes et européennes ne l'ont pas abandonné pour autant, vu son importance stratégique. Il y a une année, la crise pétrolière (pour rappel, déjà bien installée), le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait annoncé que l'Algérie était «prête à construire le gazoduc». Il avait alors affirmé que c'était «un projet que l'on veut relancer» à la faveur de la «nouvelle vision de sécurité énergétique pour l'Italie et l'Europe, à travers la diversification des sources d'approvisionnement». Pendant de longues années, l'Algérie a été le premier fournisseur de gaz pour l'Italie. Seulement, les volumes livrés ont été revus à la baisse, à mesure que la consommation interne de l'Algérie augmentait, explique l'agence Reuters. Dans le même temps, les livraisons de gaz algérien se sont réorientées vers l'Asie, un marché plus rémunérateur. Mais une relance du projet Galsi permettrait à Sonatrach de retrouver sa place de premier fournisseur de l'Italie.