Face à la grogne générale des travailleurs suscitée par le projet de loi relative à la réforme de la retraite, le gouvernement envisage une nouvelle révision qui devra, du moins, apaiser les esprits. Selon une source syndicale, d'âpres tractations sont menées actuellement au niveau des structures de l'Assemblée populaire nationale pour apporter des modifications au projet de loi modifiant et complétant la loi relative à la retraite n°83-12, adoptée en juillet, lors d'une réunion du Conseil des ministres. Les syndicalistes, notamment ceux représentant l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), conviés aux réunions de la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l'APN, auraient proposé, selon nos sources, des modifications pouvant rassurer réellement les salariés et éviter un conflit pouvant paralyser le pays. Il s'agit, principalement, de la proposition du maintien de la retraite sans condition d'âge, à la seule condition que le bénéficiaire cumulera 32 ans de cotisations pour une pension à hauteur de 80% de son dernier salaire. Cette proposition a été favorablement accueillie par les membres du gouvernement, estimant qu'elle pourra faire adhérer les contestataires à la réforme voulue. Pour rappel, la suppression de la retraite anticipée a été envisagée même pour ceux ayant cumulé 32 ans de service. «Il est illogique de maintenir en poste un travailleur qui a plus de 32 ans de service et ayant moins de 60 ans. En plus, la CNR n'accordera pas une retraite à 100%», explique-t-on. Pour les syndicalistes de l'UGTA, la question de la retraite proportionnelle se pose également avec acuité. Sur ce point, il a été proposé son maintien moyennant un ajustement progressif de l'âge et de la durée de cotisation d'ouverture de droit. Quant aux métiers pénibles qui devraient être définis dans le cadre de commissions intersectorielles, le dossier reste ouvert, car cette disposition existant depuis 1983 n'a pas été concrétisée à ce jour, vu la complexité de la question. «Ce n'est pas aujourd'hui ou demain qu'on pourra définir cette liste, alors que le législateur avait prévu cette disposition en 1983», tient à souligner une source syndicale. En tout état de cause, le projet de la réforme de la retraite est fortement contesté dans ses termes actuels. Après le mouvement de grève enclenché par les syndicats autonomes, les travailleurs du secteur public économique, notamment ceux exerçant au niveau de la zone industrielle de Rouiba, ont investi la rue pour exiger sa suppression.