Maintenant que la plaie est ouverte, la saignée va trop vite. Le MPA d'Amara Benyounès ne compte plus les démissions sur les doigts d'une seule main, mais par centaines. En l'espace de 24 heures, des démissions en cascade, individuelles et collectives ont été adressées au bureau national du parti. Selon des sources internes de la formation de l'ex-ministre du Commerce, «plusieurs dizaines de militants ont quitté le parti, suivant la voie empruntée par Abdelhakim Bettache». Le coordinateur de la wilaya d'Alger et maire de la puissante commune d'Alger-centre a donc provoqué une vague de départs massifs quelques heures uniquement après avoir claqué la porte, protestant contre des «pratiques malsaines» et des «coups enfantins» dont l'objectif était de «semer la zizanie et porter atteinte à la stabilité du parti au niveau de la fédération d'Alger». Bettache a, dans sa lettre de démission déposée lundi, reproché à Amara Benyounès de n'avoir rien fait contre ces pratiques «nuisibles au bon fonctionnement du parti», et pire, d'être «le principal instigateur de cette campagne». Nos sources qui rappellent que le P/APC d'Alger-centre «n'a forcé et n'a poussé personne à la démission», affirment qu'«il y a démobilisation et déception au sein des militants». D'ailleurs, la fièvre n'a pas tardé à contaminer la base en dehors de la wilaya d'Alger. Ainsi, dans certaines wilayas, l'on commence déjà à s'interroger sur le fondement des accusations de Bettache, «connu pour son honnêteté». «Nos militants à mascara, à Sétif, à Béjaïa et à Tizi Ouzou veulent comprendre ce qui se passe. Ils exigent des réponses de la part du président», explique-t-on de mêmes sources. Mais, face à ses appels et à ce besoin, le patron du MPA «s'est confiné dans son bureau et ne reçoit personne», affirme un cadre démissionnaire, accusant l'ancien ministre de «fuite en avant». Il faut dire que les interrogations des militants sont plus que légitimes. Les interprétations qui se multiplient sur «le lâchage» d'Amara Benyounès par les hautes sphères du pouvoir, lui qui est considéré comme proche du cercle présidentiel et qui continue à renouveler son soutien au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, bien qu'il ne dispose d'aucun membre au gouvernement, semblent de plus en plus justifiées. Dernier épisode et signe de ce «lâchage», le remplacement du ministre du Tourisme, Messaoud Benagoune, issu du MPA, par Hacène Mermouri, que l'on présente comme un apolitique. En effet, Amara Benyounès espérait bien récupérer pour son parti ce poste que Bouteflika lui a enlevé 48 heures après (limogeage de Benagoune). Mais le chef de l'Etat est finalement revenu sur son choix. Lorsque Ahmed Ouyahia, directeur de cabinet de Bouteflika, avait parlé de «faille dans la confiance», les choses semblaient déjà claires pour Amara Benyounès, accusé d'avoir trahi le président. Le puissant maire d'Alger-centre a-t-il vu venir ce que d'autres ignorent pour l'instant ? La question est plus que jamais posée dans la base qui craint que les prochaines élections locales achèvent définitivement le Mouvement d'Amara Benyounès et le réduisent à une simple formation politique sans rôle sur la scène nationale. Abdelhakim Bettache, croit-on savoir, se représentera pour briguer un deuxième mandat à la tête de l'APC qu'il dirige. Et d'ores et déjà, plusieurs cadres et militants, «environ 300 démissionnaires» au niveau de la capitale, lui affichent leur soutien quelle que soit la casquette politique qu'il choisira, s'il ne décide pas de se présenter en candidat libre.