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Mohamed Saïd, président du PLJ, au Temps d'Algérie: «L'exploitation du gaz de schiste est impérative»
Publié dans Le Temps d'Algérie le 04 - 10 - 2017

Le président du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) évoque dans cet entretien les questions d'actualité politique. Il commente le recours du gouvernement à la planche à billets pour financer l'économie nationale, l'instauration de l'impôt sur la fortune et l'exploitation du gaz de schiste, annoncée à nouveau par le Premier ministre.
Le Temps d'Algérie : Le plan d'action du gouvernement adopté par les deux chambres du Parlement consacre le recours au financement non conventionnel pour financer l'économie nationale. Cette option pourrait-elle constituer une solution fiable à la crise financière du pays ?
Mohamed Saïd : je constate que le recours au financement non conventionnel, mieux connu sous l'appellation de planche à billets, qui sera introduit par l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit pour régler le problème des déficits, a lieu dans un climat de tension et de suspiscion politiques, de crise financière et de malaise social. Le mode même de communication officielle a changé brusquement : après un discours exagérément optimiste tenu par les deux derniers ex-Premiers ministres il y a seulement quelques mois, on est passé subitement à une posture totalement inverse allant jusqu'à remettre en cause le versement des salaires des fonctionnaires ! Est-ce une tactique pour faire passer la pilule et faire subir à la société les conséquences des erreurs du pouvoir en le dissuadant de lui demander des comptes ? Car nous sommes bien en présence d'un échec d'une politique qui, bien que socialement satisfaisante, a néanmoins consacré le caractère rentier de notre économie et aggravé sa dépendance aux hydrocarbures. Faire dans la précipitation et sans visibilité est, par expérience, une mauvaise méthode qui révèle l'incapacité d'anticiper.
Pensez-vous que le gouvernement a agi dans la précipitation ?
C'est l'évidence même : gouverner, c'est prévoir. La preuve est que le gouvernement, de l'aveu même de son chef, opte pour la planche à billets avant même de connaître le montant exact des sommes dues aux entreprises publiques et privées. C'est mettre la charrue avant les bœufs. Panique devant l'alerte donnée au moins depuis 2014, fonte des réserves de change accumulées au cours des 13 dernières années, unilatéralité de la décision au moment où le pays a fort besoin d'un front solide et cohérent pour impliquer tous les acteurs politiques sans distinction, les partenaires économiques en particulier, volonté de consacrer coûte que coûte le statu quo, autant de facteurs qui font planer les risques de détournement du procédé de sauvetage au détriment des catégories pauvres de la société. C'est un calmant éphémère, car on ne crée pas la richesse en imprimant des billets de banque. Les exemples du Zimbabwe et du Venezuela le démontrent. Certes, la crise est financière, mais ce n'est qu'une face de la crise multidimensionnelle que le pouvoir refuse d'admettre. La solution durable est politique. Elle ne peut résulter que d'un consensus national aujourd'hui plus que jamais nécessaire pour obtenir l'adhésion de la population aux sacrifices qui lui sont demandés. La retarder ne fera que compromettre davantage les chances de traverser, sains et saufs, la zone de turbulences.
Votre parti a appelé à une «thérapie de choc», plaidant pour la mise en place de mécanismes nécessaires pour absorber les centaines de milliards de dinars qui circulent dans le marché financier parallèle et de prendre en charge la récupération des fonds illégalement transférés ou constitués par l'évasion fiscale. Le Premier ministre a qualifié ces solutions d'utopiques, en présentant des chiffres loin de ceux auxquels l'opinion avait cru. Qu'en pensez-vous ?
La thérapie de choc consiste à transformer cette crise financière en une véritable opportunité de relance de l'économie nationale sur de nouvelles bases garantissant sa libération de l'emprise des hydrocarbures et sa diversification pour produire de la richesse. Nous devons tous nous rendre compte que nous ne pouvons plus continuer à vivre au-dessus de nos moyens sans revaloriser le travail et dynamiser le marché des compétences en créant les conditions de connaissance et de reconnaissance de ces compétences. Mais une telle opportunité nécessite une ouverture sur l'environnement politique et la fin de l'opacité qui entoure la prise de décision politique au sommet. Quant à la contestation des chiffres, elle n'est pas tout à fait vraie ni entièrement fausse. Personne, en effet, ne détient les chiffres réels, et d'ailleurs, l'un des gros problèmes qui faussent les prévisions économiques réside dans l'absence de statistiques fiables, si bien que la manipulation médiato-statistique est devenue un instrument privilégié de l'action politique. A titre d'exemple, trois chiffres sont retenus pour évaluer la masse monétaire hors circuit : 16, 36 et 60 milliards de dollars. A défaut de rigueur, quel est le chiffre le plus proche de la réalité ? Toujours est-il que l'argent hors circuit, ou obtenu par la corruption, est un manque à gagner que l'Etat doit récupérer pour l'injecter dans l'économie réelle. Il faut le chercher là où il est, ici et ailleurs, en commençant par le marché parallèle dont les acteurs ont certainement des protecteurs au sein même du pouvoir, quand, hélas ! ils ne leur servent pas d'écran. L'exemple chinois mérite ici d'être étudié.
Ahmed Ouyahia a assuré que le recours à la planche à billets ne provoquera ni une forte inflation, ni une dépréciation de la valeur du dinar, liée à l'évolution des devises (euro, dollar notamment) et au niveau des réserves de change. Il a demandé un sursis de trois ou quatre mois pour savoir qui parmi le gouvernement ou les experts aura finalement raison. Comment interprétez-vous les assurances d'Ouyahia et le temps de patience qu'il réclame ?
Je ne sais pas d'où il tire ces assurances alors qu'il utilise des mots très durs pour décrire la situation : infernale, couteau qui atteint l'os, versement des salaires incertain… Il présente une situation peu rassurante avec un langage rassurant qui ne tient qu'à un sursis de quelques mois. Devant ces réalités aggravées par une crise de confiance dans les institutions de l'Etat, le réveil risque d'être difficile. En outre, les hommes politiques, surtout quand ils n'ont pas de formation appropriée, doivent tenir compte de l'avis des experts, des chercheurs et penseurs, indispensables pour la prise de décision politique. On ne peut pas respecter la société et dévaloriser son élite. Dans les années 80, le pouvoir a ignoré les mises en garde d'experts et de sociologues algériens, et le résultat fut le soulèvement populaire d'octobre 88 et les conséquences dramatiques que nous subissons à ce jour. Même ras-le-bol en janvier 2011, mais alors en recourant à la manne financière qui a fait passer les importations pour la même année de 40 à 47 milliards de dollars, et multiplié les salaires sans contrepartie en termes de production. En octobre 88, la réponse fut politique, en 2011, elle fut sociale, et aujourd'hui, pour une situation plus grave, on nous demande de patienter quelques mois. est-ce vraiment suffisant ?
Le Premier ministre a cité trois pays industrialisés pour défendre le recours à la planche à billets. Vous-a-t-il convaincu ?
Au-delà des réserves que suscite une comparaison entre deux réalités sans similitude, le Premier ministre n'a pas mentionné un autre pays industrialisé opposé au procédé choisi. Il s'agit de l'Allemagne qui a une phobie de la planche à billets qualifiée de «diabolique». Et pour cause : l'emploi de ce procédé dans les années vingt du siècle dernier avait entraîné une inflation galopante incontrôlable au point d'ébranler le régime, de prolétariser la classe moyenne, de provoquer la famine, des attentats, des tentatives de coup d'Etat, ce qui a facilité la prise du pouvoir par Hitler. Le dollar qui valait 4 marks en 1918 est passé en 5 ans à plus d'un milliard de marks. Les employés et ouvriers demandaient à être payés chaque soir. Le cas opposé du Japon est différent : c'est un Etat de droit où l'alternance démocratique au pouvoir est une réalité, et la fonction de contrôle pleinement exercée et assumée ; un pays industrialisé avec, contrairement à l'Algérie, un taux de croissance démographique négatif, et un taux d'inflation négatif. Parmi les objectifs visés par le recours à la planche à billets, la relance de l'inflation pour stimuler la consommation, et la dépréciation du yen pour encourager les exportations. Tout à fait le contraire des objectifs annoncés par notre gouvernement.
L'une des mesures du gouvernement pour sortir de la crise est l'instauration d'un impôt sur la fortune dans le cadre du projet de loi de finances 2018. Est-ce une bonne chose ?
C'est une bonne mesure qui atténue l'inégale répartition des richesses entre les citoyens, et pourrait rapporter au trésor public quelques milliards en dinars et en devises étrangères. C'est pourquoi je souhaite que cet impôt s'étende aux hauts revenus non encore imposables et englobe aussi le patrimoine détenu à l'étranger par nos compatriotes vivant en Algérie. A titre de rappel, le citoyen américain, où qu'il soit, paie un impôt sur tous les biens acquis dans son pays ou à l'étranger. pourquoi ne pas s'en inspirer?
Le Premier ministre a annoncé également la reprise du projet d'exploitation du gaz de schiste gelé en raison de l'opposition de la population d'In-Salah. Qu'en pensez-vous ?
Notre pays, Dieu merci, est l'un des plus gros détenteurs de gaz de schiste dans le monde aux côtés de la Chine, de l'Argentine et des USA, devenus exportateurs de cette matière depuis 2016. En temps normal, si notre économie était diversifiée, ce gaz non conventionnel serait resté enfoui dans le sol pour les générations futures. Mais la crise financière étant là, son exploitation devient impérative pour deux raisons majeures : assurer notre indépendance énergétique après le tarissement des gisements de Hassi Messaoud et de Hassi R'mel, et financer l'économie nationale pour poursuivre le développement économique et faire face aux besoins croissants d'une population qui passera à 50 millions d'âmes en 2030. Dans l'immédiat, cette opération exige de gros investissements. On se demande où les trouver si l'endettement externe est interdit ? La 2e question qui se pose est de savoir si Sonatrach est capable de maîtriser les coûts de production, d'atténuer le risque écologique en évitant notamment la contamination de la nappe phréatique, et enfin de maîtriser la technologie d'extraction très coûteuse ? En tout état de cause, une campagne de sensibilisation et d'explication s'impose en direction des populations du Sud pour éviter de déclencher des mouvements de rejet local comme ce fut le cas il y a deux ans à In- Salah.
Sur le plan politique, le Premier ministre a attaqué de façon violente certains partis de l'opposition. Comment analysez-vous son discours à l'égard de cette opposition qualifiée de radicale ?
D'abord, je déplore l'écart de langage de certains députés à l'égard du Premier ministre dont la fonction impose le respect quels que soient les griefs qu'on ait contre lui. Je regrette aussi que M. Ouyahia ait réagi en tant que chef de parti au lieu de garder son sang-froid face à la gravité de la situation. Ensuite, il n'y a pas d'opposition civilisée et d'opposition radicale, soft et hard. Il y a des hommes et des femmes qui contestent les résultats de la gouvernance politique et économique, et cherchent à éviter au pays le chaos. L'opposition n'est comptable et redevable que devant le peuple. Elle n'a pas besoin de certificat de bonne conduite du pouvoir. Qu'on le veuille ou non, il n'y a pas de démocratie sans contrepouvoir, et plus l'opposition est forte, mieux la démocratie se porte.
Il a aussi dit que la main du gouvernement est tendue aux partis qui veulent dialoguer, y compris ceux de l'opposition….
Cette disponibilité aurait gagné en crédibilité si son auteur, avant de se présenter devant le Parlement, avait agi avec l'opposition, comme il l'a fait avec les partis de sa mouvance, tant il est incontestable que le recours à la planche à billets constitue certainement un motif de dialogue avec toute la classe politique, les partenaires économiques et les segments de la société civile dès lors qu'il concerne l'avenir du pays. La sortie de crise - faut-il le répéter - ne peut être que consensuelle. Je crois que le Premier ministre, avec cette réunion largement médiatisée, a démontré que le pouvoir n'est pas encore prêt pour un dialogue réel avec l'opposition. Tôt ou tard, celui-ci sera obligé de se raviser, mais ce sera dans une autre conjoncture où il sera, sinon isolé, du moins sur la défensive. Mais alors à quel prix ?


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