Appelées à des réunions de concertation sur le régime indemnitaire consigné dans le statut particulier déjà promulgué et contesté, les deux organisations de l'intersyndicale de la santé publique, le SNPSP et le SNPSSP, ont décliné l'invitation. Elles reprendront en contrepartie la contestation à partir du 17 avril pour réaffirmer leur attachement à la plateforme de revendications, avec un énième sit-in au CHU Mustapha Pacha, en attendant d'autres actions. «Le rassemblement de samedi passé a marqué les esprits à travers la mobilisation des praticiens qui restent plus que jamais attachés à leur plateforme de revendications», soulignent les deux présidents, Mohamed Yousfi pour le SNPSSP et Lyes Merabet pour le SNPSP, qui voient en cette «étape», marquée par un retour au travail après 4 mois de grève, la détermination de la reprise de la contestation, «un bon présage pour les actions à venir». Un autre rassemblement qui sera nettement mieux organisé se tiendra à l'hôpital Mustapha le 17 avril prochain, affirment les deux syndicalistes, faisant savoir que d'autres sit-in seront organisés ultérieurement. «La reprise du travail n'est pas la fin de notre mouvement. On reviendra, on est toujours là», explique Lyes Merabet. «On est en train de travailler sur le prochain arrêt de travail», ajoute-t-il, confirmant les contacts avec d'autres syndicats de la Fonction publique, notamment ceux de l'éducation pour une action d'envergure autour d'un axe principal, désormais vital, la défense de l'activité syndicale. «L'arrêt de travail n'a abouti à aucun signe d'apaisement», déplore de son côté Mohamed Yousfi, qui affirme qu'au contraire des retenues sur salaire ont été opérées, allant jusqu'à 15 jours, comme c'est le cas à l'hôpital Parnet (Alger). «Ce n'est pas de cette manière qu'on initie une reprise de dialogue», peste-t-il en faisant savoir que les deux syndicats ont été destinataires d'invitations à la reprise de la concertation les 12 et 13 avril sur le régime indemnitaire tel qu'il figure sur le statut particulier promulgué et publié au journal officiel. «Notre réponse est connue. Nous refusons de servir d'alibi au pseudo dialogue et d'être complices de la situation catastrophique dans laquelle se débat le secteur de la santé», dit-il, expliquant que les dernières réunions avec la tutelle, sanctionnées par des PV de non conciliation, ont justement buté sur ce point précis, les praticiens, pour rappel, demandant l'amendement du statut particulier. «On ne comprend pas comment le département de Barkat fonctionne», commente Lyes Merabet, qualifiant la gestion du dossier de la grippe A de burlesque. «La constance du ministre est dans la gestion chaotique», ironise-t-il encore. Le bras de fer ministère-intersyndicale de la santé risque de durer. Activité complémentaire, le détournement du malade vers le privé Qu'en est-il du citoyen, première victime de cette situation déplorable et que chacune des parties essaie de défendre ? Les deux leaders syndicaux se sont longuement expliqués sur ce sujet, accusant frontalement le ministère et par extension le gouvernement de «mise à mort» du secteur public et de tous les maux que les malades subissent. Evoquant l'activité complémentaire, réglementée par un décret présidentiel datant de 2002, qui l'interdit complètement, Merabet et Yousfi dont les organisations syndicales ont demandé son gel, ont fait savoir que le ministre de la santé qui avait dans un premier temps décidé de sévir dans le sillage des «instructions» du décret pour mieux réglementer cette activité qui concerne les chefs de service et les chefs d'unité, autorisés exceptionnellement à la pratiquer à la faveur d'une circulaire de 2004, a fait pire. «Le ministre a fait une circulaire le 31 mars, où il étend l'activité aux week-ends et jours fériés», dénonce Yousfi qui affirme qu'en agissant de la sorte, le ministre est en train de vider l'hôpital. «C'est très grave», dit-il, expliquant qu'il a anéanti le peu qui restait de la santé non sans relever les conséquences sur le malade. «Le citoyen est livré à la maffia de l'activité complémentaire», dénonce-t-il, accusant le ministre de favoriser le secteur privé au détriment du public. Pis encore, il affirme qu'il s'opère un détournement du malade du secteur public vers les polycliniques privées, dénonçant «des lobbies» dont est au courant le ministre. «Il se trouve des malades qui empruntent de l'argent pour des interventions chirurgicales», ajoute pour sa part Merabet, qui relève que M. Barkat a piétiné le décret présidentiel à deux reprises. «Ils ont enterré le droit du malade», jugent les deux syndicalistes, qui relèvent également une pénurie de vaccins pour enfants.