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Le double langage
Paris, Madrid, Rabat et la lutte contre Aqmi
Publié dans Le Temps d'Algérie le 27 - 09 - 2010

L´Elysée s´est dit dimanche disposé à «discuter» avec les ravisseurs des cinq Français pris en otages le 16 septembre dans le nord du Niger où ils étaient employés dans les mines d´uranium exploitées par les sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci).
A vrai dire, cette fois, les agences de presse n´ont pas annoncé un scoop, mais ont rapporté ce que tout le monde savait déjà. Nul n´avait, en effet, le moindre doute que les services de renseignements de la DGSE étaient entrés immédiatement en contact, la semaine dernière, avec les intermédiaires maliens qui avaient joué un rôle actif dans le processus de libération, en février dernier, des deux ex-otages français qui étaient aux mains d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Paris attendait d´eux une double information : la preuve que les ressortissants français étaient en vie et au besoin avoir une idée des conditions que poserait l´organisation terroriste à leur libération.
Les premières informations attestant que les otages étaient bien en vie et du lieu de leur séquestration sont déjà parvenues au gouvernement assez rapidement. Selon une source malienne très proche des services de renseignements français,
vraisemblablement le maire arabe de Arllt, les cinq Français et les deux Africains enlevés par Aqmi étaient détenus à Timerine, la zone montagneuse la plus difficile d´accès de la région de Kidal, à une centaine de kilomètres de la frontière algérienne.
Les relais de l´Elysée au Sahel
Si le communiqué d'Aqmi revendiquant l´enlèvement des sept employés de Areva et Satom avait laissé le sentiment au gouvernement de Paris que les cinq ressortissants français n´avaient pas été exécutés, les précisions avec lesquelles les Maliens ont situé l´emplacement de la zone de leur détention ont donné, mercredi, à Erve Morin «des raisons de penser qu´ils étaient bien en vie».
Le ministre de la Défense ne pouvait pas être plus bavard sur la crédibilité des «sources maliennes» que ne fut son collègue des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui avait négocié «secrètement», le 14 décembre 2009 à Bamako, la libération des deux ex-otages français libérés deux mois plus tard. Paris a passé un scandaleux marché avec Aqmi :
la libération de ses deux ressortissants contre celle de quatre dangereux terroristes, dont deux Algériens, emprisonnés à Bamako et relaxés à la suite d´un mascarade de procès, aussitôt après le retour à Paris de M.Kouchner. Point de déclarations à la presse sur les termes de ce marché douteux, pas un mot sur le montant de la rançon payée par le gouvernement français ou ses bailleurs de fonds discrets.
La méthode parisienne a fait école en Espagne. C´est ce même prix que le gouvernement espagnol a payé pour la libération des trois catalans enlevés par ces mêmes groupes de Mokhtar Belmokhtar et de Abdelhamid Abou Zeid, avec en prime la trop compromettante remise en liberté par Nouakchott du preneur d´otages d'Aqmi, Omar Sahraoui. Là encore, pas un mot de Miguel Angel Moratinos, le collègue de Bernard Kouchner, sur le principe de la rançon.
Devant les médias, le Congrès des députés et le Sénat, le chef de la diplomatie espagnole persiste et signe : «Le gouvernement espagnol n´a pas payé un euro aux terroristes.» Dans l´affaire des otages d'Aqmi, des marins de l´Alakama enlevés par les pirates somaliens - ou sur l´ambiguë position du gouvernement Zapatero sur le droit au Sahara occidental - il ne faut pas prendre le diplomate espagnol au mot.
Paris capitule
Madrid n´a peut-être pas versé, en effet, directement de rançon, mais on l´a fait pour elle. C´est là toute l´habile stratégie mise en œuvre par les gouvernements d´origine des otages européens pour se prémunir des accusations formulées aux Nations unies par l´Algérie avec l´appui de l´Union africaine,
du monde arabe et des Etats-Unis à l´adresse des pourvoyeurs de fonds du terrorisme. Il ne fait aucun doute qu´après avoir lancé sa désastreuse opération armée, le 22 août dernier, contre une base d'Aqmi au Mali pour libérer l´infortuné ingénieur français, otage d'Aqmi, exécuté depuis, le gouvernement de Nicolas Sarkozy n´a d´autres choix que de négocier avec les terroristes. Ce qu´il tente de faire en cherchant à connaître au plus tôt les conditions de Abdelhamid Abou Zeid.
Le communiqué diffusé dimanche après-midi par la présidence française ne laisse planer aucun doute sur l´abandon définitif par Paris d´une nouvelle initiative armée qui tournerait au fiasco comme la précédente. Les intermédiaires ont déjà informé le gouvernement français de cette première condition des terroristes mettant en garde Paris contre ce genre d´opérations.
«Il ne faut surtout pas engager de troupes sur le terrain», ont averti les intermédiaires maliens, et Nicolas Sarkozy semble avoir compris ce message puisqu´il a annoncé indirectement son intention de satisfaire «à l´espagnole» les conditions des terroristes. Paris assurait dimanche que «les pourparlers n´étaient pas encore engagés» en se disant «prête à discuter» avec les ravisseurs.
Le fiasco militaire
Du fiasco militaire au fiasco diplomatique, la France sait qu´elle joue perdante dans les deux situations, même si, ce qui est vraisemblable, la médiation en cours avec les terroristes aboutissait à la libération des cinq Français. Les appels du pied d´abord, puis de plus en plus ouverts de Nicolas Sarkozy à Aqmi et avant même que l´organisation terroriste n'ait fait connaître ses exigences relèvent de la capitulation.
Aqmi a gagné parce que Paris a cédé sur les principes de base des engagements qu´elle a contractés dans le cadre de la lutte internationale contre le terrorisme.
L´ancien empire colonial continue d´user de son influence sur les pays de la région, parmi les plus pauvres de la planète, peu soucieux, tout comme l´Espagne, de la destination des fortes sommes que ces pays ont payées ou sont disposer à verser à des groupes terroristes mieux équipés que les armées des Etats du Sahel.
La récente débâcle de la Mauritanie face aux groupes d'Aqmi, pourtant appuyée par l´armée française, apporte la preuve irréfutable de la destination de l´argent des rançons qui sert, également, au trafic d´armes vers l´Algérie, le pays qui est à la tête de la lutte anti-Aqmi dans la région.
La «base de Tam»
Qui finance le terrorisme ? Cette question est devenue le vrai cauchemar de la diplomatie française et espagnole aux Nations unies où, sous peu, sera votée une résolution algérienne parrainée par l´Union africaine criminalisant cette manière de faire de certains gouvernements européens. Paris peut toujours avancer comme argument de sa présence militaire dans certains pays du Sahel, en Mauritanie, au Niger ou au Mali, l´ouverture d´une base américaine… dans le Sud algérien.
L´idée a, certes, circulé au début des années 2000 lorsque le Pentagone était à la recherche d´un siège pour son Commandement militaire en Afrique (Africom). Les Etats-Unis en ont, un moment, caressé peut-être l´idée qu´ils savaient impossible avec un partenaire qui a des principes et des obligations internationales, s´agissant à plus forte raison d´une question de souveraineté nationale.
Il n´y aura donc pas de base étrangère, ni à Tamanrasset ni dans aucun coin du territoire national. La coopération contre le terrorisme oui. Elle se fait activement avec les Etats-Unis et les pays de la région, pas avec la France qui développe une autre stratégie plus en rapport avec son statut d´ancien empire colonial de la région.
Dimanche, une réunion extraordinaire du conseil des chefs d'état-major d'Algérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger, axée sur la lutte contre cette organisation terroriste qui élargit, sans cesse, sa présence dans la terre de personne au Sahel, s'est tenue à Tam. Selon Ahmed Gaïd Salah cette rencontre doit permettre de «débattre les termes de notre coopération pour donner plus de maturité à la lutte contre le terrorisme,
lever les incompréhensions qui persistent» en raison des pressions exercées par la France – et l´Espagne – sur des pays comme la Mauritanie et le Mali pour satisfaire aux conditions posées par le terrorisme. Une première manche de cette réunion pour renforcer la coopération régionale sahélo-saharienne contre Aqmi s'était tenue à Tamanrasset en août 2009. Ce commandement militaire régional commun, Paris ne l´a jamais vu d´un bon œil. Le Maroc, son inconditionnel allié au Maghreb, non plus.
La lutte contre Aqmi vue de Paris et de Rabat
Paris voit s´effondrer peu à peu son architecture coloniale en Afrique, et Rabat son rêve de faire avaliser, au plan international, son annexion du Sahara. A Paris comme à Rabat, le langage est le même :
un Sahel et un Sahara occidental indépendants de leurs puissances coloniales, c´est la tapis déroulé sous les pieds d'Al Qaïda au Maghreb. Pour des intérêts qui leur sont strictement propres, la France et le Maroc ont choisi de garder l´arme au pied contre le terrorisme dans la région qui, lui, ignore ce raisonnement comme les frontières.


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