Le Cnes de Tizi Ouzou dénonce un blocage à la recherche suite à la suspension des réinscriptions au doctorat. Face à ce constat, la section syndicale se demande alors si ce «blocage aveugle» ne correspond pas à une «stratégie de retrait de l'échelle» de la part des milieux qui veulent garder le monopole sur ce qu'elle qualifie de «rente diplomiste». Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) de Tizi ouzou a établi la semaine dernière un état des lieux des plus mauvais, celui que vit la formation doctorale au niveau de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. C'est en effet lors de l'assemblée générale de la section syndicale de l'Ummto que le problème du doctorat a été débattu. D'emblée, son coordinateur, M. Ben Yaou, a qualifié cette mesure de suspension prise par l'administration de l'université de «blocage grave et inconsidéré des carrières de cette catégorie d'enseignants». Ce problème date, pour rappel, depuis le mois de décembre de l'année 2009, lorsque l'administration a exclu les candidats ayant cumulé plus de six inscriptions à la réinscription au doctorat. Selon la section CNES de l'Ummto, rien ne saurait justifier cette démarche incohérente et pleine de contradictions de l'institution universitaire qui n'investit que peu de moyens pour l'accompagnement de la recherche doctorale. Apparemment, il n'y a pas que les étudiants qui vivent en ébullition dans cette université. Après le mouvement des résidents de la cité universitaire Hasnaoua I et le débrayage enclenché par les étudiants du département des sciences juridiques et administratives et qui entame sa deuxième semaine, voilà une autre catégorie de la communauté universitaire qui crie son ras-le bol et sort de son mutisme. Pour le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, il ne s'agit que de 1500 cas touchés par cette mesure, mais «c'est déjà 1500 de trop», ajoute-t-on du côté du CNES, qui précise que la tutelle fait mine d'ignorer que ce n'est là que le résultat d'une première vague et que les effectifs des non-réinscrits augmenteront très vite d'année en année si les conditions de préparation des recherches doctorales ne sont pas améliorées. Pour le doctorant concerné par le refus de réinscription, donc de renouvellement du certificat de scolarité, il est expliqué que celui-ci ne disposera plus de la pièce justificative de son statut auprès des laboratoires de recherche auprès des autorités consulaires, ce qui constitue «une entrave à la poursuite du travail de recherche», précise-t-on encore. Face à ce constat, la section syndicale se demande alors si ce blocage aveugle ne correspond pas à une «stratégie de retrait de l'échelle» de la part des milieux qui veulent garder le monopole de ce qu'elle qualifie de «rente diplomiste» ? Il a été relevé aussi que la formation doctorale à l'Ummto soufre de plusieurs problèmes, notamment l'absence totale d'un réel management, l'absence et/ou l'inaccessibilité des moyens, voire des laboratoires pour les sciences techniques et expérimentales et l'inexistence de mécanismes d'évaluation. A cela, il faut rajouter aussi la précarité de la situation socioprofessionnelle des enseignants qui courent derrière les vacations afin de boucler leurs fins de mois ou s'offrir enfin un toit. Pour venir à bout de cette situation, la section CNES demande non seulement la levée du blocage à la réinscription, mais aussi un bilan analytique de la formation doctorale. Elle compte aussi saisir le rectorat de l'université pour l'organisation de journées d'étude autour du sujet. Pis encore, les instances nationales du CNES et les services du rectorat sont appelés à œuvrer ensemble pour la concrétisation de toute une plate-forme de revendications qui touchent, entre autres, à l'abrogation des dispositions réglementaires relatives aux exclusions, aux limitations du nombre de revues reconnues, mais aussi à la mise en place de structures d'évaluation externes composées d'enseignants ainsi que la production de mesures facilitant l'accès aux moyens d'équipement, produits et laboratoires dont est dotée l'université.