Décidément, les travailleurs algériens n´ont pas de chance! Non seulement, ils ne sont pas efficacement défendus par ceux qui sont censés protéger leur pouvoir d´achat qui se détériore à vue d´oeil mais encore, le sort s´acharne contre eux: la Fête du travail (ce n´est plus celle des travailleurs) tombe encore cette année un vendredi. Pas de chance! Ils devront se reposer comme chaque semaine seulement le vendredi. Et le 2 mai, le cycle infernal du métro, boulot, dodo va reprendre. Erreur, là aussi, pas de chance, les travailleurs algériens n´ont pas de chance: ils n´ont pas de métro. Seulement des trains qui arrivent quand ils arrivent, avec des retards à l´heure fixe (ce qui est déjà un avantage en soi) ou des bus brinquebalants qui n´ont pas d´horaires (sauf ceux de l´Etusa qui ne sont pas assez nombreux pour pouvoir vraiment faire pencher la balance du bon côté) qui les mèneront, vaille que vaille, dans des conditions lamentables vers un hypothétique point de chute qui n´est pas toujours la destination qu´ils ont choisie! La raison est simple: comme les embouteillages deviennent de plus en plus compliqués, certains transporteurs sans scrupules n´ont pas trouvé mieux que de simuler des pannes alors que leurs vieilles épaves roulantes n´ont pas fait un tiers du trajet. Les naufragés de l´autocar sont débarqués sur le bord de la route où ils attendront une autre hypothétique épave tandis que l´autocar, dont le moteur avait mystérieusement exhalé son dernier souffle s´est miraculeusement mis en route a fait le tour du pilier d´un pont en construction depuis plus d´une année et est allé chercher d´autres naufragés! Et le manège recommence, mais heureusement, tous les travailleurs algériens ne sont pas logés à la même enseigne. Il y en a qui ont plus de chance que d´autres. Il y en a même dont on peut dire qu´ils sont vernis! D´abord, on peut estimer qu´ils doivent se sentir privilégiés puisqu´ils ont un travail: par les temps qui courent où trouver un boulot même au noir relève de la haute voltige et même d´une aventure longue et périlleuse, alors que les licenciements pleuvent ici et là rendant le marché du travail encore plus précaire, ou alors quand l´aventure de la «harga» devient encore plus aléatoire à cause des risques encourus, qu´ils soient météorologiques ou juridiques, avoir un travail qui nous garantit un salaire juste bon à nous assurer le sachet de lait et la baguette de pain, relève du privilège. Mais quand même, il ne faut pas noircir le tableau et le rendre plus noir qu´il n´est réellement. Il y a des travailleurs qui ont de la chance puisqu´en plus du travail, ils ont eu la chance d´avoir une voiture personnelle qui leur permet d´aller à leur boulot. Attention! Ils n´ont pas choisi d´acheter la voiture! Ils l´ont achetée parce qu´ils n´ont pas pu avoir le logement dont ils rêvaient depuis qu´ils ont commencé à travailler, et qui fait qu´à 40 ans et pas mariés, ils logent toujours chez leurs parents, de vieux retraités qui tirent le diable par la queue, eux aussi. Alors, au lieu de laisser leurs maigres économies se déprécier au fond du coffre d´une banque, ils ont préféré acheter une voiture: ils ont souffert pour l´avoir! Le tour des showrooms, les démarches pour un prêt et une attente qui a duré 6 mois. Maintenant, ils doivent connaître les plaisirs de l´automobiliste libre et indépendant: les traites mensuelles, le plein d´essence, l´assurance, les pénalités, les réparations, les embouteillages et maintenant la vignette qui arrive. Et ce n´est pas fini.