Ni Bani Walid, ni Syrte ni Sabha, ces villes que les médias occidentaux avaient donné comme prises par ce qu'ils appellent maintenant «le pouvoir intérimaire», c'est-à-dire le CNT, ne sont «tombées». Ces mêmes médias rapportaient, hier, que des «combats acharnés» ont toujours lieu autour de ces villes. Même avec les frappes des forces de l'Otan combinées avec les attaques des rebelles au sol, les Libyens de ces villes opposent une farouche résistance. Même avec l'immense propagande via les satellites à l'appui de l'agression étrangère coalisée avec certaines factions autochtones, les gens de Bani Walid, de Syrte et de Sabha gardent un moral d'acier et un patriotisme sans faille. D'ici, en Algérie, non seulement on comprend leur résistance contre l'envahisseur étranger mais nous mesurons pleinement aussi l'extrême sacrifice qu'ils consentent. Ce que les Libyens vivent aujourd'hui nous l'avons vécu plutôt deux fois qu'une. Durant les huit années de guerre et un million et demi de martyrs pour notre Indépendance. Durant toute une décennie, par la suite, et 200.000 morts pour repousser le terrorisme. Ce terrorisme que des forces étrangères veulent faire renaître à tout prix et le lancer de nouveau à l'assaut de notre pays. Oui, nous savons ce qu'endurent nos frères les Libyens et nous les soutenons dans la défense de leur pays. Pendant ce temps, apprend-on, les membres du CNT (dont personne ne connaît la véritable composante) se disputent les sièges du «gouvernement» qu'ils comptent former. Pendant ce temps, les chefs d'Etat de pays démocratiques reconnaissent un groupe d'individus, venus de nulle part, comme «légitime» pour diriger le pays. Ces pays qui donnent un sens variable de la démocratie et des droits de l'homme. Ces mêmes pays qui n'hésitent pas à disposer de l'argent des Libyens et d'en confier une partie à un groupe d'individus choisi par eux. Dans ce déluge de feu, de sang et de douleurs de tout un peuple, ces mêmes pays civilisés crient que la démocratie et la liberté sont désormais instaurées en Libye. Ce qui se passe en Libye c'est l'histoire qui fait un bond en arrière. A l'époque des conquêtes coloniales. Avec cependant une méthode «améliorée». Celle de faire la guerre sans perdre un seul homme parmi les conquérants. Cette méthode consiste à déclencher des guerres fratricides tout en faisant main basse sur le pays et ses richesses. C'est le néo-impérialisme de 4e génération. Nous ne gênerons pas notre diplomatie en affirmant que les Libyens sont victimes d'ingérence étrangère dont le monde occidental semble s'accommoder. En disant aussi que le peuple algérien ne peut pas ne pas être solidaire du peuple libyen dans sa dure épreuve. Nous avons connu les affres de l'occupation, de la domination, de l'humiliation assez longtemps, plus longtemps que tous les autres peuples pour ne pas condamner les forces des pays coalisés et le terrorisme qui se sont ligués contre le peuple libyen. Nous avons connu tout cela pendant des siècles et des millénaires qu'aujourd'hui, il faudra nous exterminer, jusqu'au dernier, pour nous reprendre notre pays et faire main basse sur nos richesses. Jamais au grand jamais, les Algériens n'accepteront de vivre, dans leur pays, sous la botte d'étrangers! Ce qui explique pourquoi la contagion de ce que tout le monde appelle «le printemps arabe» ne nous atteindra jamais. Ce que ne comprennent pas certains analystes. Quant à la guerre en Libye, elle est loin d'être finie alors que les agresseurs ont déjà crié victoire avant l'heure. Ceux-là aussi sont dans l'erreur. Que peut la puissance de feu devant la détermination de tout un peuple? Notre guerre de Libération nationale y a déjà répondu. Celle des Vietnamiens aussi. Et de bien d'autres...