Voilà que Sid Ahmed Z., ce papa qui refuse de régler la pension alimentaire, en fait de même à la barre où il est absent... Le délit le plus abject que peut commettre un père de famille séparé de ses enfants, cinq jours sur sept, reste le non-paiement de la pension alimentaire! Oui, c'est un délit prévu et puni par l'article 331 du Code pénal. Certains représentants du ministère public, au parfum du traumatisme vécu par certains enfants ne s'arrêtent pas au seul mot «délit», mais mine de rien, vont sans état d'âme jusqu'à l'autre plus abject et cruel «crime». Maître Chérifi de Rouiba n'était pas venu au tribunal en touriste. Loin de là, il était venu décidé à ce que justice soit rendue et bien rendue. Et pour mieux imprégner le président de la section de cette rude correctionnelle du tribunal, il rappellera que l'inculpé, toujours absent, ne viendra pas à la barre malgré les trois renvois. Il s'écriera: «Il ne viendra pas pour la seule raison qu'il fait courir ses bambins et leur maman depuis... 2005.» Pourtant, la loi n°06-23 du 20 décembre 2006 de l'article 331 du Code pénal prévoit, pour toute personne qui, au mépris d'une décision de justice rendue contre elle ou en méconnaissance d'une ordonnance ou d'un jugement l'ayant condamnée à verser une pension alimentaire à son conjoint, à ses ascendants...est volontairement restée plus de deux mois sans fournir la totalité des subsides déterminés par le juge ni de s'acquitter du montant intégral de la pension, est punie d'un emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de cinquante mille (50.000 DA) à trois cent mille (300.000 DA).» Plus tard, l'avocat précisera que la même loi prévoit que le défaut de paiement est volontaire, sauf preuve du contraire. «Mieux, ajoutera Maître Chérifi, aucun motif ne peut excuser le défaut de paiement. Pas même la paresse ou l'ivrognerie ne justifieront l'inconduite inhabituelle. Et c'est la loi qui le souligne!» Tout était donc réuni pour que Sid Ahmed. Z. constamment absent à la barre connaisse enfin les foudres de cette loi. L'ambiance, ce mardi, était morose. On était sur un dossier brûlant. Mohammed Tahar Belkadhi, le juge, avait appelé Sid Amed Z. l'inculpé de non-paiement de la pension alimentaire et ce, à trois reprises. La dame est dans tous ses états. Elle venait de réaliser que son ex-mari, le père de ses enfants, n'est pas près de se rendre à l'évidence: que ses enfants souffrent. Ses enfants ne mangent pas à leur faim. Ses enfants ne s'habillent pas comme les autres enfants. Ses enfants manquent de loisirs. Maître Chérifi a remarqué, comme toute l'assistance, l'avocat de la victime. Il a envie d'introduire des questions préjudiciables. Il renonce et opte plutôt pour des observations en guise de mise en garde au tribunal. Et Ouahiba Chebaïki, la représentante du ministère public en profite pour acquiescer de la tête et du regard. L'avocat, le visage rouge, va entrer dans un mini réquisitoire que nous nous faisons un plaisir de reproduire in texto: «Monsieur le président, nous regrettons l'absence de l'inculpé qui s'est habitué à des verdicts le condamnant à la prison ferme depuis 2005, mais jamais appuyés par un mandat d'arrêt, balance le conseil qui appuie sur le champignon en déclarant que depuis le début de la procédure de divorce, Sid Ahmed Z. a refusé tout dialogue, tout face-à-face. «Il avait, en son temps, crié qu'il ne voulait pas de conciliation, ni réconciliation. Ne vous fatiguez pas. Je ne me présenterai jamais dans une juridiction», a encore débité le défenseur qui a vu que Belkadhi, le juge tout comme Chebaïki, la procureure, griffonner certainement pour le premier, le début du dispositif du verdict qu'il livrera probablement en fin de journée et les demandes pour la seconde. Et les deux magistrats ont dû noter aussi cette exclamation bruyante du défenseur lorsqu'il s'était interrogé sur l'absence du prononcé du mandat d'arrêt. «C'est impensable!» C'était là un signe de révolte au nom de la victime qui avait, pour sa part, préféré ne pas trop parler, Maître Chérifi s'étant occupé du «ménage» et de la «lessive», de quoi pousser le tribunal à aller au-devant du verdict suggéré par l'avocat et vivement souhaité par la maman des bambins qui attendent cent millions de centimes i-e, le montant d'un arriéré de soixante mois plus les dommages et intérêts, outre les nouveaux frais dus aux déplacements home-tribunal. La procureure réclame une peine d'emprisonnement ferme de deux ans et un mandat d'arrêt, avec le secret espoir de voir devant elle, un jour, ce papa qui ose abandonner ses enfants, sa famille et défier la justice qui a, rappelons-le, le bras long, long, long...