Couleurs, rythme et message de paix Un magnifique spectacle haut en couleur et en son, mêlant danse, acrobatie, jeu de tambour et euphorie sur scène, le tout dans un rythme effréné des plus fous. Après Tizi Ouzou, le chapiteau jouxtant la coupole du stade du 5-Juillet (complexe sportif Mohamed-Boudiaf) à Alger a accueilli les 30 et 31 décembre dernier un spectacle magnifique haut en couleur et en son. Il s'agit d'un show de danse turque intitulé Fire of Anatolia. Un véritable «feu» incandescent en effet qui, durant plus d'une heure et demie de spectacle, a fait revivre la légende de cette terre, berceau des civilisations et carrefour des cultures, mêlant danse, acrobatie et euphorie sur scène. Aussi, une «mosaïque mêlant motifs turcs, arméniens et azerbaïdjanais tissés dans des figures dansantes des peuples de la mer Méditerranée, de la mer Noire, de la mer Egée et du Golfe persique, de l'Orient arabe et de l'Asie centrale». Au commencement, au milieu de la scène se lèvera une gerbe de feu, au fronton de la scène une vidéo projetant des images qui retracent un peu le patrimoine de cette ville millénaire. A l'origine, cette troupe turque est composée de quelque 120 danseurs, qui a donné plus de 3500 représentations dans plus de 85 pays à travers le monde. Ici c'est environ 50 danseurs filles et garçons, qui se sont produits devant un public des plus conquis. Avant d'atterrir à Alger pour fêter le réveillon avec nous nous, la troupe a acquis une renommée mondiale en se produisant dans des lieux prestigieux comme le Madison Square à New York ou le théâtre de Chicago, la synagogue gens en Chine ou le Palais Daekeuremrin en Russie, devant les pyramides en Egypte ou à Bercy en France, en Allemagne, en Suisse, en Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Bosnie Herzégovine, en Bulgarie, au Qatar, au Kazakhstan, aux Pays-Bas... Créé en 2001, le spectacle s'adapte à tous les lieux et les pays. Initialement il a été créé avec comme projet original, «de puiser ses sources dans la mythologie et l'histoire culturelle millénaire de l'Anatolie». Pour ce faire, plusieurs tableaux sont déclinés. La danse se veut d'emblée des plus dynamiques servie par des pas folkloriques appelés gigue, danse, basée essentiellement sur la cadence des pieds. Celle-ci est accompagnée de mouvements de danse moderne, appuyés par la grâce du ballet de cette région et sa civilisation vieille de 500 ans, pour présenter une magnifique mosaïque culturelle, qui a déjà été vue par plus de 20 millions de spectateurs à travers le monde. «Anatolie est la fusion de plusieurs peuples, un qui est venu de l'extrême ouest de la Chine, les Casaques qui sont venus de l'actuel extrême sud-ouest de la Russie et il y a aussi les Persans qui sont venus d'Iran et tout ce que l'Empire perse pouvait générer. Ils sont venus et se sont rencontrés en Anatolie. Ce n'est pas par hasard si les trois peuples étaient des adorateurs du feu. C'et la plus grande tribu qui a fondé la Turquie devenue ensuite l'empire ottoman», nous a déclaré ainsi Hakim en nous éclairant de ses lumières. Hakim Lemdani est chef de l'orchestre national de la radio et compositeur. Et de renchérir: «Nous avions vu des faciès qui nous ressemblent. Des corps qui nous ressemblent, entendus des rythmes, et vu des couleurs qui sont les nôtres. Des sonorités qui sont les nôtres, du bouzouki qui ressemble au mandole, celle de la zorna qui ressemble à la ghaïta, un autre instrument qui ressemble à la gasba. Il y en a beaucoup qui se sont vus dedans sur scène. Chez nous cela ne se passe pas comme ça car ceux-là commencent à faire de la danse à l'age de 5 ans. Moi je me suis vu sur scène. Nous avons vu une leçon de savoir-faire. C'est du boulot. Une leçon de persévérance, de constance et de l'esprit» Il serait faux de faire une lecture linéaire de Fire of Anatolia car tout ce qu'on voit est une foisonnement de toutes ces influences cultuelles imbriquées les unes dans les autres pour donner à voir et à ressentir un show des plus punchis où la danse orientale cohabite en toute harmonie avec le jeu terrible du tambour et de la percussion, dans une fragmentation musicale des plus circulaires et chaleureuses. Car le temps que l'on reprenne notre souffle, les danseurs reprennent de plus belle leur mouvement frénétique des pieds, le tout dans une parfaite synchronisation de diable et les corps de bouger sans s'arrêter, entrecoupant les tableaux artistiques et chorégraphiques par ces scènes mystiques avec les derviches tourneurs ou de danse lascive du ventre. Fire of Anatolia s'est voulu un ensemble flamboyant de tableaux ou le rythme sonne comme le maître mot suprême de cette troupe infatigable. «Le spectacle commence par une scène religieuse, puis un duo romantique et continu avec des séances de tambour. Nous voulions refléter Istanbul, son multiculturalisme, son mélange de cultures et de religions.» Le concepteur de ce spectacle n'est autre que ce téméraire chorégraphe appelé «sultan de la danse» Mustafa Erdokan, diplômé de l'Université Bilkent en études de danse folklorique. Mais outre la beauté et la grâce qui illuminent ce spectacle, c'est son message fort de paix qui résonne aussi au-delà de l'image iconographique que transmettent ces corps. car si le masculin va à la rencontre du féminin, le noir à la rencontre du blanc, l'Orient de l'Occident, l'eau à celui du feu, les religions elles, vont aussi s'épouser et dialoguer dans une sérénité pastorale, illustrée dans cette vidéo par cette image en noir et blanc représentant une croix d'une église qui jouxte le crossant de cette mosquée. Fire of Anatolia aura subjugué plus d'un par la grâce de ces danseurs dont le corps s'enflammera littéralement sous le rythme déchaîné et enchaînant de cette musique venue d'ailleurs mais dont l'écho parlera immanquablement à l'âme et à l'esprit. Cependant, si d'aucuns sauront apprécier le spectacle, principalement les invités et autres VIP, le public, lui le vrai, celui assis derrière et qui aura déboursé 500 DA n'aura pas vraiment vu grand chose, le chapiteau étant loin d'être l'espace idoine pour ce genre de prestations scéniques... Il n'aura pas vraiment apprécié le spectacle, encore moins les images projetées sur les deux écrans géants installés de part et d'autre de la scène tant elles se distinguaient par leur mauvaise qualité, dénaturant toute la magie du show. Enfin, il est bon à savoir que Fire of Anatolia est titulaire de 2 records de Guinness: un pour la performance la plus rapide de danse avec 241 pas par minute et un autre pour le plus grand public, 400.000 personnes à Eregli, dans la région de la mer Noire.