Consommé depuis samedi, l'échec des négociations continue de préoccuper tout un chacun. Cette nouvelle tournure prise par les événements a amené, depuis hier, de nombreux observateurs à s'interroger sur le devenir immédiat du prochain scrutin de la présidentielle prévu pour le 8 avril 2004. Connaissant les intentions des uns et des autres, les commentaires vont bon train sur ce sujet. De l'avis général, la Kabylie va vivre pour la 3e fois un scrutin controversé avec son lot de conséquences sur la région et le pays. Hier, les structures politiques sont revenues à la charge pour fustiger le processus de dialogue et les conclusions auxquelles il avait abouti avant la rupture. Dans ce sens, l'aile dissidente de la Cicb, qui s'apprête à se réunir demain à Akbou, après une hibernation de plusieurs jours, n'a pas caché sa satisfaction après l'échec de ce qu'elle appelle «dialogue taïwan 2», ne faisant pas connaître sa position par rapport à la présidentielle d'avril, cette structure, qui a «refusé de prendre part au dialogue» se déclare «dans le réconfort» avant de faire un constat selon lequel «les tenants de la normalisation de la Kabylie...se sont rendus à l'évidence de la mauvaise volonté du gouvernement à satisfaire pleinement la plate-forme d'El-Kseur». Les dissidents se donnent comme «un rempart contre les normalisateurs pour structurer la dictature» et dénoncent «le pouvoir et ses supplétifs qui tentent de prendre en otage un mouvement pour baliser la route au candidat du système». De son côté, le Front des forces socialistes estime que «les masques sont tombés», allusion faite au processus de dialogue qui, ajoute le parti d'Aït Ahmed «a débouché sur un protocole de la haute trahison qui a réveillé les mafias locales et a redonné espoir aux adeptes de la terre vendue sinon brûlée». Pour le FFS «seule l'annulation du dialogue Taïwan 2 et l'ouverture des négociations avec les forces réelles et représentatives peut amener un règlement définitif de la crise multidimensionnelle.» Dans tout ce brouhaha, la population donne l'impression d'être complètement indifférente, mais non sans marquer une pointe d'inquiétude, quant aux lendemains incertains. Après le boycott du scrutin par le FFS et son rejet par les dialoguistes et attendant la position des dissidents, qu'on dit en pleine activité dans la collecte des signatures pour le candidat du RCD, c'est toute la Kabylie qui s'apprête, dans la contrainte à vivre un scénario semblable à celui vécu en mai et octobre 2002. Même si les forces du mouvement sont éparpillées, il n'en demeure pas moins que l'objectif vers lequel convergent toutes ces forces risque de peser lourdement sur ce scrutin. C'est du moins ce qu'avancent de nombreux observateurs qui écartent aussi toute alliance entre les deux ailes des archs eu égard au fossé existant entre ces deux tendances. Dans tous les cas de figure, seul le président candidat s'en sort vainqueur car un électorat de la région ne lui profitera aucunement, mais pénalisera par contre ses adversaires notamment, Ali Benflis et Saïd Sadi, qui se voient, par conséquent les seuls perdants dans l'affaire.