Selon les statistiques enregistrées (source de la Forem 2011), 45% de la population algérienne sont consommateurs de tabac et d'alcool, dont 52% d'étudiants (12% d'étudiantes). Quelles sont les drogues consommées? Qu'est-ce qui pousse les jeunes à se droguer? Quelles sont les conséquences sur l'environnement direct des jeunes? Quelle est la réaction des parents et des autorités face à ce fléau? Ce sont là les principales questions auxquelles Melle Rabira Souhlal, ingénieur en santé publique et de prévention, et consultante internationale en formation en eau, santé, hygiène et assainissement, dans la région, a répondu en présentant samedi les résultats d'une enquête que lui a commandé l'association étoile culturelle d'Akbou. Devant une assistance d'une soixantaine de personnes (professionnels de la santé, de l'éducation et de la formation professionnelle, des parents) venues suivre et débattre avec beaucoup d'intérêt de ce problème de santé publique. Selon les statistiques enregistrées (source de la Forem 2011), 45% de la population algérienne sont consommateurs de tabac et d'alcool, dont 52% d'étudiants (12% d'étudiantes). Au niveau familial, près de 50% des jeunes ont des proches qui consomment de l'alcool, ce constat illustre la place prépondérante des membres de la famille qui servent de premier exemple pour leurs jeunes. 22% de la population a recours aux psychotropes, appelés couramment «Mme Courage», dont 47% d'étudiantes. La consommation de cannabis et dérivés a augmenté de 500% en 10 ans, passant de 6.6% en 2000 à 37% en 2010. «De par sa situation géographique, l'Algérie a toujours été considérée comme un pays transitaire de drogue. Les efforts fournis par les pays européens pour fermer leurs frontières, ont fait basculer l'Algérie de «pays consommateur en pays producteur», a estimé la conférencière. Trois facteurs majeurs concourent à cet état de dépendance: le produit et sa consommation à risque, l'environnement de l'enfant (famille, école, copains...) et l'adolescence (période de vulnérabilité extrême) qui conduisent à un niveau d'usage à risques. A noter que cette conférence a été traduite en langue kabyle par Melle Aïda Aït Abdelouahab. Lors des débats, plusieurs questionnements relatifs au rôle de l'état, des institutions, des enseignants, des éducateurs et des parents ont été soulevés par l'auditoire. On citera entre autres ce témoignage du secrétaire général de la fédération des parents d'élèves de la wilaya de Béjaïa qui a insisté sur le fait que la place de la famille, et en particulier de la mère est de la plus haute importance dans l'éducation de l'enfant. On retiendra également le cri de désespoir de cette maman impuissante devant la prise en charge de son enfant, qui a dénoncé l'implication directe des institutions de l'état dans le processus «addictogène» des jeunes à l'alcool en octroyant des autorisations d'ouverture de débits de boissons alcoolisées à proximité des écoles et des lieux fréquentés massivement par les jeunes. Des questions relatives aux différentes addictions, modes de consommation, le rôle des institutions et de la société civile dans la lutte contre ces fléaux ont été aussi le lot des discussions qui se sont prolongées même lors de la collation organisée par l'association, au terme de la restitution. Rencontré en marge des travaux, le président de l'association Etoile culturelle d'Akbou a indiqué que «cette conférence, inscrite dans le prolongement d'une série d'actions de sensibilisation et d'éducation, destinée spécialement aux parents et aux différents professionnels de la santé, de l'éducation et du soin, n'est qu'une première. D'autres conférences sur ce sujet feront l'objet d'une caravane de sensibilisation à destination des jeunes (Cfpa - Lycées et Maisons des jeunes, quartiers...) sont prévues dans les mois à venir».