«Parfois, et à force de bien vouloir faire, on finit par mal faire.» Mardi 26 juillet 2016. Deux individus ont entrepris d'égorger un prêtre âgé de 84 ans qui officiait dans son église à Saint-Etienne du Rouveray. Au nom de quel Dieu un acte aussi abominable peut-il être commis? Non, il ne peut être question de lier ce crime effroyable à une religion quelconque. Il s'agit d'un comportement déviant, immonde, horrible, lâche et bestial, c'est-à-dire d'un comportement quelconque et non d'un rite religieux ou d'un acte à connotation religieuse car aucune religion ne le tolère ni ne le reconnaît. Il n'est pas un humain sensé qui ne condamne ou qui accepterait un tel acte. Les musulmans de Saint-Etienne du Rouveray se sont sentis trahis par Adel kermiche, l'auteur du crime odieux. Ils se disent choqués et n'ont pas hésité un instant à condamner et à manifester leur sympathie aux fidèles de la paroisse et à tous les catholiques de France en cette terrible occasion. Ils ont entrepris d'assister à une messe à côté de leurs voisins chrétiens pour aller plus loin dans leur soutien et pour dire, si besoin est, à quel point ils sont solidaires. Un geste à saluer et à souligner tant il s'agit d'un comportement qui, en plus de jeter les ponts entre des citoyens d'un même pays, ouvre les voies de compréhension de l'Autre et donc de tolérance. Si les musulmans ont agi ainsi c'est parce que Adel Kermiche est un des leurs. Ou, pour être plus précis, était un des leurs et c'est pour cette unique raison que les bouddhistes ou les juifs du même village n'ont pas «fait autant» au lendemain de l'assassinat du père Hamel. A bien regarder, on a l'impression que ces musulmans de Saint-Etienne du Rouveray font tout pour prouver au monde que leur religion est une religion de tolérance - ce qui est vrai - et que, conformément à cette religion, ils condamnent l'intolérance, l'extrémisme et le meurtre. Mais aujourd'hui cette même communauté semble rattrapée par son comportement, par sa nature et par son propre extrémisme. La terre continue de tourner en dépit de tout et, bon gré mal gré, il faut toujours revenir à la réalité. Exprimer sa solidarité est, comme on l'a vu, une bonne chose. Se tenir à côté des chrétiens de l'église et de la famille du père Hamel est une excellente initiative, mais, comme dirait l'autre, ceci n'empêche pas la communauté des musulmans de Saint-Etienne du Rouveray de se trouver avec un cadavre sur les bras. Oui, quoi qu'on dise, il y a le corps d'Adel Kermiche qui demande à être enterré et, quoi qu'on dise aussi, il faut bien l'enterrer. Oui, Adel Kermiche était bien un assassin, oui il était bien un terroriste, un monstre, nul doute là-dessus, mais malgré tout, il doit bien être enterré. Les musulmans de Saint-Etienne du Rouveray ont pris la décision de ne pas l'enterrer dans le carré des musulmans. Ils ont tenté de trouver toutes les excuses du monde pour se laver les mains de ce corps qu'ils trouvent compromettant et dont l'enterrement leur semble synonyme de complicité. Même le responsable de la mosquée de la localité, qui est aussi président de l'association culturelle musulmane de Saint-Etienne du Rouveray, Mohammed Karabila, a clairement manifesté son refus d'y toucher en déclarant: «On ne va pas salir l'islam avec cette personne». Ces mots signifieraient-ils qu'Adel Kermiche n'était pas musulman ou bien qu'il ne l'est plus depuis son acte répugnant?Si la communauté musulmane de la localité s'est sentie concernée, c'est uniquement parce que l'un des siens a égorgé le prêtre, ceci exclut donc l'idée que Kermiche n'était pas musulman. Quant à dire qu'il ne l'est plus depuis son acte, rien dans le Coran ni dans la Sunna ne soutient une telle sentence. Malgré cela, ses coreligionnaires, et à défaut de le déchoir de sa nationalité, ont voulu le déchoir de sa religion. Dire que l'assassin du père Hamel n'est plus musulman c'est prononcer une sentence à la place de Dieu lui-même. Qui ose donc se mettre à la place de Dieu pour juger de la foi d'un individu? Je ne nie pas son acte, je ne nie pas le droit de juger et de condamner cet acte abominable, mais je ne reconnais pas aux hommes le droit de juger de sa foi car cela ne relève pas des hommes. Laissons donc à Dieu ce qui appartient à Dieu! Ceux qui refusent d'inhumer le criminel dans le cimetière des musulmans commettent une grave erreur car ils lient l'acte à la religion, ce qui est en soi abominable. Ce n'est pas la religion qui ordonne le crime et Adel Kermiche aurait pu être un chrétien ou un juif ou un bouddhiste ou d'un autre culte et si le crime n'a rien à voir avec la religion, pourquoi refuser de l'inhumer dans le même carré que les autres musulmans? Par ailleurs, le cimetière est un lieu où l'on enterre les cadavres, les corps, mais pas les actes et où les âmes ne vont pas. Refuser d'inhumer l'assassin du père Hamel dans le cimetière des musulmans signifie que Mohammed Karabila et ceux qui lui emboîtent le pas n'ont rien compris, non seulement à l'islam mais à la vie d'ici-bas. De là à comprendre quelque chose à celle de là-haut, je crois qu'il y a tout un monde qu'ils ne sont ni prêts ni aptes à connaître. Le refus apposé par la communauté musulmane à l'inhumation du corps de l'assassin s'inscrit dans l'exercice auquel veut s'adonner cette communauté pour prouver sa tolérance et sa modération, mais, en réalité, les membres de cette communauté, leur chef compris, font preuve d'une intolérance sans précédent et d'un extrémisme à toute épreuve. Le Dieu qui n'a jamais ordonné d'assassiner les humains n'a jamais ordonné non plus de ne pas enterrer les morts. Malheureusement, ce sont les mêmes mauvaises interprétations de la religion qui ont conduit l'assassin à commettre son acte et qui ont conduit les autres à ne pas vouloir l'inhumer. «Pas même laver le corps» comme a osé préciser l'imam, tout content. «Dieu, pardonne-leur, ils ne comprennent pas», comme l'avait dit Jésus et comme l'avait dit Mohammed (Qsssl).