Le bien par le mal. On ne sait plus si les experts de la Banque mondiale travaillent sur des prévisions mathématiques ou sur des paramètres de sondages. Peut-être même que leurs travaux résultent, tout simplement, d'une confusion entre désirs et réalité. De quoi s'agit-il? Dans un communiqué, publié lundi dernier, la Banque d'Algérie a réagi au dernier rapport de la Banque mondiale qui «brosse un tableau» de la situation financière des pays de la région Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Dans ce tableau, la BM «situe le montant des réserves de changes de l'Algérie, à l'horizon 2018, à 60 milliards de dollars». En des termes très diplomatiques, les responsables de la Banque d'Algérie considèrent cette estimation «quelque peu alarmiste et ne reposant pas sur des hypothèses probantes». Et d'expliquer pourquoi. S'appuyant sur des données, la BA estime que «le niveau de nos réserves de changes est estimé, à fin 2016, à près de 122 milliards de dollars». Pour fondre de moitié en deux ans en suivant le chiffre de 60 milliards avancé par la BM pour l'année 2018, il faudrait que «le déficit annuel soit de 31 milliards de dollars». Usant toujours du langage diplomatique, la Banque d'Algérie fait remarquer que «c'est totalement improbable». Pourquoi? D'abord parce que nos recettes et nos dépenses ne sont pas statiques. Le contraire n'existant pas. Ensuite que notre production d'hydrocarbures est croissante «pour la première fois depuis 2006». Et que le prix du baril est lui aussi en hausse constante pour les années en question, selon le FMI. Plus d'exportation ajoutée aux hausses du prix du baril, les recettes ne pourront qu'augmenter. Elémentaire, n'est-ce pas! D'autre part et s'agissant de nos importations, celles-ci ne cessent de baisser depuis le début de l'année 2015. Une diminution de plus de 11%. Donc plus de recettes et moins de dépenses, cela va «réduire substantiellement les déficits de la balance commerciale», précise la Banque d'Algérie. Elémentaire en effet! Sortons de ces détails chiffrés ennuyeux maintenant que tout le monde a compris la bourde de la Banque mondiale. Comment interpréter cette légèreté de la BM à balancer des chiffres fantaisistes? A saper le moral des Algériens comme cela se fait avec les sondages? Est-ce l'expression de la nostalgie des années 1990 d'une Algérie mise à genoux par la finance internationale? Ou les deux à la fois? Une chose est sûre, les sombres «prévisions» de la BM n'auront réussi qu'à booster la volonté des Algériens à travailler plus et mieux. L'Algérien, c'est connu, est l'homme des défis. Pour ce coup de pouce, les économistes de la Banque mondiale devraient être remerciés!
