Comment faire un film sur la guerre de libération en critiquant le FLN et l'armée coloniale, c'est simple, il faut faire un film indépendant. Indépendant financièrement du CNC français et indépendant du Fdatic algérien. Les films qui sont fabriqués en France évoquant la guerre d'Algérie sont généralement vus d'un oeil français ou d'un clin d'oeil algérien. C'est dans ce contexte qu'un couple franco-algérien vivant à Marseille Carole Filiu-Mouhali et Ferhat Mouhali, ont décidé de faire un documentaire sur la mémoire de la guerre entre la France et l'Algérie sans pour autant se référer à l'histoire officielle. Le titre du projet: «Ne nous racontez plus d'histoires!» veut tout dire. Pour les auteurs de ce projet qui est déjà filmé et terminé, c'est de parler de la transmission de la mémoire de la guerre d'Algérie des deux côtés de la Méditerranée. Les co-réalisateurs confrontent les deux histoires officielles, celle racontée en France et celle racontée en Algérie, et analysent ainsi les conséquences des politiques mémorielles sur la jeunesse des deux pays. C'est du Malek Bensmail, sans le CNC, TV5 et les chaînes françaises. Un reportage amateur qui veut se transformer en documentaire professionnel. C'est en tout cas ce qui semble être en regardant la promotion qui est faite pour ramasser l'argent nécessaire pour boucler le film. Car le tournage du documentaire qui a été effectué en Algérie à l'automne 2015 puis en France au printemps 2016, est désormais en attente de post-production (montage, étalonnage, musique et sous-titrage), pour une sortie prévue en décembre prochain. Le couple de réalisateurs, qui porte le projet depuis maintenant trois ans, espère récolter 4000 euros avec cette campagne qui ulule. Il a déjà ramassé depuis, 2255 euros et promet d'offrir des prestations aux donneurs. Pour ceux qui donnent 10 euros, leur nom sera au générique. 25 euros permettent à son donneur d'avoir un DVD dédicacé du film et 50 euros vous offrent le droit d'avoir une invitation pour la projection. Pour 300 euros ou plus, vous aurez droit à une projection publique du film en présence des deux réalisateurs (frais non pris en charge) + le DVD du film dédicacé + le making-of du film + un grand MERCI! Et votre nom au générique. La démarche est louable, sauf que la révolution et, surtout l'histoire, ne sont pas un commerce ou une vente aux enchères qui s'offre au plus offrant. L'histoire elle, demeure officielle car elle a été inscrite par les témoignages et les historiens et ce n'est pas une réalisatrice dont le père est noir et qui est mariée à un Algérien qui pourra changer l'histoire ou imposer leur histoire. [email protected]