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L'exportation, le maillon faible de la chaîne
ENQUÊTE: LA FILIÈRE DATTES FAIT FACE AU MANQUE DE LOGISTIQUE ET D'INITIATIVE MANAGERIALE
Publié dans L'Expression le 26 - 12 - 2017


Une usine de conditionnement des dattes
La question lancinante qui revient chaque fois par rapport à cette filière est: pourquoi l'Algérie n'arrive pas à avoir une stratégie en rapport avec le marketing comme un maillon efficace dans le cadre de l'exportation qui a trait à cette filière dattes?
La filière dattes est confrontée à d'énormes difficultés d'ordre organisationnel, managérial et de structures susceptibles de donner corps à un secteur potentiellement porteur et prometteur. Cette filière se heurte à des entraves qui se manifestent en premier lieu dans cette espèce de désorganisation qui frappe drastiquement les propriétaires des palmeraies et toute la chaîne qui sous-tend cette filière.
Qu'en est-il de cette filière sur le plan de la labellisation et de la certification de nos dattes qui sont parmi les meilleures au monde? Que font les phoeniciculteurs pour booster la filière et développer la culture des palmiers selon les normes de la sécurité phytosanitaire pour qu'ils puissent hausser la cadence de la production et travailler dans le sens de l'amélioration de la qualité comme défi qui s'impose au niveau international par rapport à ce produit très prisé et demandé dans le monde?
La question lancinante qui revient chaque fois par rapport à cette filière est: pourquoi l'Algérie n'arrive pas à avoir une stratégie en rapport avec le marketing comme un maillon efficace dans le cadre de l'exportation qui a trait à cette filière dattes?
L'Observatoire national des filières agricoles et agroalimentaire (Onfaa), essaye tant bien que mal d'organiser les producteurs et les exportateurs se reconnaissant dans cette filière dattes, mais les blocages d'ordre bureaucratique qui se dressent comme un véritable mur infranchissable font que le secteur tâtonne et vacille sans qu'un plan d'urgence soit enclenché pour parer aux problèmes auxquels est confrontée la filière dattes en Algérie.
Les défis de la filière dattes et le challenge de l'exportation
Le secteur de la phoeniciculture et celui de la filière dattes vont de pair, elles constituent l'épine dorsale de la stratégie consistant à faire de ce produit un élément essentiel dans l'approche économique et commerciale qui s'arc-boute sur l'exportation et la rentrée de la devise pour le pays via le Trésor public. Pour ainsi dire, les producteurs et les exportateurs algériens appartenant à la filière dattes arrivent tout de même à faire des prouesses en plaçant nos dattes dans l'espace et le marché international. Cette filière à travers ces producteurs et un nombre d'exportateurs et selon les statistiques de l'Observatoire national des filières agricoles et agroalimentaires (Onfaa), est présente dans 60 pays, mais cette présence ne démontre pas tout de même que les dattes algériennes sont présentes de façon aussi forte dans les pays sus-cités. Un connaisseur de la filière et appartenant au secteur en sa qualité de producteur et un des opérateurs dans ce domaine, à savoir Nadjib Haddoud, souligne que «les quantités ne sont pas énormes vu les difficultés rencontrées lors de l'exportation», assène-t-il. Dans ce sens, Nadjib Haddoud estime que la problématique se pose au niveau de l'exportation et la chaîne qui en découle, à savoir le transport dans toutes ses variantes et aussi le manque de contrôle en matière de sécurité répondant aux normes et références exigées par les structures internationales quant à la qualité et la certification du produit et de la labellisation. Ce qui est frappant dans cette filière c'est que les phoeniciculteurs, c'est-à-dire les gens qui sont dans la culture de ce produit, ne sont pas intéressés, pour ne pas dire totalement détachés de cette filière à cause de la non-maîtrise, voire d'absence d'un minimum de connaissance en rapport avec le palmier et la production inhérente à ce dernier. Nadjib Haddoud indique dans ce sens que «la culture du milieu associatif et coopératif n'est pas encore ancrée dans les habitudes des Algériens, notamment dans le milieu rural», rétorque-t-il. Le volet lié à la labellisation pose aussi des problèmes qui impactent négativement la qualité et la valeur de nos dattes en termes de commercialisation et de notation qui leur permettent d'avoir plus de valeur dans leurs ventes à l'étranger. C'est ce qui pousse Nadjib Haddoud à affirmer que «cette labellisation doit être accompagnée par une campagne de sensibilisation auprès des consommateurs et par un meilleur ciblage au niveau des salons et foires», a-t-il précisé.
Les vrais blocages auxquels se heurtent les professionnels de la filière dattes sont de nature strictement technique, à l'image du problème de logistique, la révision et la référence aux standards en matière de conditionnement et de création d'une chaîne d'unités de conditionnement et surtout la traçabilité et l'absence de certification de qualité qui répond aux normes exigées par les laboratoires internationaux dans ce domaine, à savoir la certification ISO et IFS. Tous ces blocages font que l'exportation des dattes algériennes sombre dans un labyrinthe qui prolonge la crise dans laquelle est empêtrée ladite filière.
Booster le marché des dattes et conquérir des parts mondialement
L'Algérie produit à raison de 800.000 tonnes de dattes annuellement. Elle est classée à la 7eme place au niveau mondial. Cette quantité de production ne profite pas à l'exportation, il y a presque 10% de ce produit annuel qui est destiné à l'étranger c'est-à-dire 200.000 tonnes uniquement. De ce point de vue, la question de la datte exportée subit un véritable travail de sape» de la part des voisins et aussi des professionnels qui ont permis à travers l'exacerbation de la pratique de la spéculation par des intrus qui n'ont aucune relation avec la filière de s'emparer du marché et d'accaparer les parts de ce produit en le vendant moins cher à l'étranger à travers le réseau frontalier où nos voisins arrivent tout de même à le labelliser et l'estampiller du sceau de leur pays. C'est ce qui fait dire au spécialiste Mohamed Ridha à ce propos et par rapport à la défaillance de la gestion de cette filière et le manque d'efficacité dans le processus de son exportation que «la régulation est basée sur un système d'information peu fiable, lorsque les statistiques des prix sont prélevées de manière non systématique, lorsqu'on ignore les coûts de production, et quand le marché est influencé par une frange d'informels (malgré leur service rendu à la filière), lorsqu'un produit n'a pas de système de traçabilité, on arrive à un prix dix fois supérieur au coût de revient (le coût sur le marché de gros) avec parfois, de mauvaises surprises en termes de qualité» et d'ajouter que «l'administration n'est pas encore préparée à réguler le marché, il suffit de voir les fluctuations des prix des produits à large consommation, comme la tomate et la pomme de terre ainsi que l'échec du Syrpalac pour comprendre la crise de régulation chez nous», a souligné l'expert de la filière dattes Mohamed Ridha Messak.
La filière de l'agriculture algérienne, selon les experts du secteur des dattes en particulier et l'agriculture en général, exige une véritable réforme pour mettre en place une nouvelle structure susceptible d'organiser la filière et dépasser le statut classique et familial de l'exploitation des dattes, surtout que ces exploitations sont régentées par une approche traditionnelle où la famille qui prend le dessus avec comme soubassement la conception ancienne d'un fellah vivant dans ce petit monde en déphasage avec les réalités de la filière et de ses nouvelles exigences sur le plan technique, managérial et de marketing. Dans ce sens, l'expert Mohamed Ridha Messak plaide pour une «révision profonde, partant de l'idée que l'exploitation agricole est une entreprise agricole familiale (du moins pour dépasser l'image du fellah, l'homme pauvre illettré et enfermé sur son monde). Il est temps de faire de l'agriculture avec des agronomes, de moderniser l'administration et responsabiliser les acteurs (la responsabilisation passe par la participation effective à la conception des solutions)», a-t-il expliqué.
Pour ainsi décrire la situation de la filière dattes en Algérie, il y a deux éléments essentiels qui pourraient exprimer les déboires de cette filière et les conséquences négatives dont elle en est victime. Primo, la spéculation qui est massivement pratiquée, secundo, l'absence d'un centre de recherche dédié à la phoeniciculture et sa promotion, tertio, la prospective qui fait défaut en matière de processus d'exportation et de commercialisation du produit.
A ce propos, les professionnels de la filière dénoncent l'intrusion des étrangers de ce circuit porteur qui est la culture et la production des dattes en sapant tout le travail qui se fait à partir du premier maillon de la filière jusqu'à sa commercialisation.
C'est le cas du producteur et exportateur Mohamed Tahar Boukellal qui affirme que «la majorité qui active dans les palmeraies et les oasis appartiennent à ce monde, les spéculateurs disposant de liquides arrivent à tout acheter en constituant un réseau puissant que ce soit à l'intérieur du pays ou à l'étranger», a-t-il martelé.
L'année 2016 était l'année où la filière dattes à connu des difficultés énormes à cause des maladies qui ont atteint les palmiers. Cette situation a aggravé le besoin en offre ce qui a créé un déséquilibre par rapport à la demande. C'est ce qui, selon Mohamed Tahar Boukellal, a «favorisé la pratique spéculative de certains qui détiennent de l'argent en faisant recours au paiement cash pour qu'ils puissent faire sortir la datte de nos frontières tunisiennes et celles qui mènent vers l'Afrique, surtout la datte qui est inscrite de par sa qualité comme une datte de troisième choix, mais la plus demandée en Afrique et en Tunisie, elle est connue par le nom «Saifi», surtout qu'elle est dure ce qui facilite l'opération de sa vente hors nos frontières sans faire appel à des moyens logistiques ni au conditionnement», a-t-il indiqué.
Le producteur Mohamed Tahar Boukellal déplore le manque drastique de contrôle de la part du ministère du Commerce et celui de l'Agriculture et du Développement rural. Il exhorte dans ce sens les pouvoirs publics à «s'impliquer davantage pour imposer les normes et les critères de cette filière dattes qui est livrée à elle-même sur tous les plans y compris celui du segment de la commercialisation et par ricochet celui de l'exportation qui connaît une véritable anarchie», a-t-il souligné.
L'exigence de la modernisation de la filière
Le secteur des dattes et de la phoeniciculture fait face à une véritable anarchie quant à sa promotion et son développement. On ne mesure pas la portée et l'importance de cette filière génératrice de richesse, d'emplois et de devise pour le pays. Cette filière participe de façon manifeste à faire connaître le label algérien dans le monde sans pour autant que les pouvoirs publics s'intéressent à ce domaine et à cette filière. Beaucoup d'entraves et de blocages se dressent comme éléments qui contribuent à l'exacerbation de ce créneau. Les experts et les spécialistes de la phoeniciculture et de la filière dattes tirent la sonnette d'alarme, ils rappellent que ce domaine est insuffisamment connu et promu. Elle est très peu prospectée en matière de recherche et de mise en valeur sur le plan académique et opérationnel. L'absence des études malgré l'existence de chercheurs et d'experts d'envergure et de renommée internationale, fait que la stratégie est quasiment occultée et la politique de promotion de la filière reste lettre morte. L'urgence d'asseoir une véritable politique nationale par les tutelles respectives à savoir le ministère du Commerce et celui de l'Agriculture et du Développement rural s'impose pour faire l'inventaire et tirer les enseignements de la réalité de cette filière et les vrais problèmes auxquels elle fait face. Exporter c'est d'abord réviser la forme actuelle de cette filière qui obéit beaucoup plus à des comportements et des pratiques on ne peut mieux traditionnels et en déphasage avec la nécessité de moderniser le secteur et le mettre au diapason avec les nouvelles exigences qu'imposent les nouvelles technologies en la matière.


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