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Un premier pas pour un récit national fédérateur
LES ALGERIENS FÊTENT YENNAYER
Publié dans L'Expression le 16 - 01 - 2019


Nos différences nous enrichissent mutuellement
Dans un meeting, dans une salle de conférences, un homme politique belge interpelle ses concitoyens: «Que ceux qui sont wallons se mettent à droite, Que ceux qui sont flamands se mettent à gauche». Interpellation d'un spectateur de la salle: «Et les Belges, ils se mettent où?» Boutade prêtée à des hommes politiques belges.
Ça y est, l'Algérie en fêtant Yennayer consolide graduellement enfin, les fondations d'un projet de société fédérateur! Par ces temps incertains où les identités et les cultures sont comme les galets d'un ruisseau, si elles ne sont pas ancrées dans un vécu entretenu et accepté par les citoyens d'un même pays, elles peuvent disparaître avec le torrent de la mondialisation à la fois néolibérale, mais aussi avec un fond rocheux chrétien. La doxa occidentale la plus prégnante est celle d'imposer un calendrier qualifié justement, d'universel pour imposer une segmentation du temps qui repose sur un fond rocheux du christianisme. Le passage à la nouvelle année a été vécu par la plupart des pays comme un événement planétaire que d'aucuns dans les pays du Sud attribuent à une hégémonie scientifique et culturelle.
Le fond rocheux amazigh
A l'indépendance de l'Algérie, on relevait les divergences idéologiques et la minoration de la culture berbère, notamment sa langue. A l'époque, un chef d'Etat martelait: «Nous sommes arabes!», trois fois de suite déniant par cela toute reconnaissance à une partie des Algériens qui sont berbérophones et par la suite, en plus arabophones. Tandis que d'autres Algériens étaient uniquement arabophones. Par la suite, et c'est normal, le besoin de racines a amené ces Algériens à réclamer que l'Algérie existait depuis près de trente siècles. Cela dura longtemps avec des atermoiements, la reconnaissance enfin de l'identité première du peuple algérien est une victoire de la raison qui va accélérer la mise en ordre de la maison Algérie
On a beau dire que le calendrier est une construction idéologique calquée sur une fête agraire? Je serais tenté de dire «et après?». Veut-on pratiquer la tabula rasa pour des repères identitaires consubstantiels de ce projet de société que nous appelons de nos voeux? Il n'en demeure pas moins que quel que soit le repère de départ, il y a trente siècles il y avait une âme amazighe. Cette «construction idéologique» ne vise pas à diminuer l'apport de l'arabe composante de l'âme algérienne pendant ces quatorze siècles de vivre ensemble avec des hauts et bas.
L'antériorité de la dimension première amazighe est non seulement première, mais l'Algérie a vu les premières aubes de l'humanité en ce sens que la dernière découverte en fin novembre 2018 fait de l'Algérie l'un des berceaux de l'humanité avec une activité humaine il y a 2,4 millions d'années après celle découverte à Palikao. De plus, l'Algérie est un vaste musée à ciel ouvert qui réserve bien des surprises.
La réalité historique reconnue de cette fête plonge ses racines loin dans le temps et la réadaptation à laquelle elle a été soumise depuis les années 1980.: «En effet, il est établi que le calendrier berbère a partie liée avec le calendrier julien, Cela fait 2969 années qu'on est là. On a précédé tous les peuples qui ont déferlé sur cette terre. C'est dire qu'il est inutile et vain de stigmatiser une telle lame de fond de réappropriation de soi, en lui cherchant des aspects artificiels, qui en réalité procèdent de la reconstruction de l'identité profonde des Algériens en particulier et des Nord-Africains en général.» (1)
«La vérité, poursuit Larbi Graine, est que toute l'Algérie, du Nord au Sud et de l'Est à l'ouest, est amazighe; il suffit pour s'en convaincre de jeter un coup d'oeil sur une carte mentionnant les noms de lieux. Restés inchangés depuis des siècles, ces derniers prouvent, à l'évidence, l'origine amazighe de l'ensemble des habitants de l'Algérie, lesquels ne se différencient que par le degré d'arabisation de leur dialecte local. Alors que l'expansion de la langue arabe a suivi celle des routes de communication et d'échanges, le tamazight à l'état originel s'est maintenu dans les régions difficiles d'accès telles que les massifs montagneux des Aurès, de Kabylie ou du Chenoua, en Algérie, et ceux de Nefoussa en Lybie, du Rif et du Haut-Atlas, au Maroc. C'est le cas également de certaines régions isolées telles que l'oasis de Siwa en Egypte, de Djerba en Tunisie ou du M'zab en Algérie. Cela démontre, s'il en était besoin, qu'en Algérie, comme ailleurs dans toute l'Afrique du Nord, il y a des Berbères arabophones et des Berbères berbérophones, même si, au plan linguistique, il est scientifiquement établi que les deux langues appartiennent à une seule et même famille, celle des langues chamito-sémitiques (Cham et Sem étant les fils du prophète Noé).
La parenté linguistique avec les peuples du Moyen-Orient se retrouve à travers l'histoire de Shéshonq, un Berbère originaire de la tribu libyenne des Mâchaouach. Shéshonq qui était marié à une femme appartenant à la famille royale, fut intronisé pharaon d'Egypte vers 950 avant Jésus-Christ, année que les berbéristes ont choisie pour marquer le début de l'année amazighe - Shéshonq n'avait pas conquis le pouvoir de haute lutte, mais par le jeu des alliances familiales, les Berbères de Libye donneront également plusieurs empereurs romains, dont Septime Sévère, Emilien, Caracalla et Publius Septimius Geta.» (1)
Le travers du déni
Le vivre ensemble implique un respect réciproque, une grande tolérance et une écoute permanente de l'Autre. Rabaisser les Arabes et leur histoire, remettre en cause l'immense apport de leur culture à la civilisation universelle et à l'émancipation de notre région en particulier, relève soit de l'ignorance crasse, soit d'une volonté délibérée de travestir l'histoire à des fins inavouables. C'est ce que les Espagnols ont bien compris. Héritiers d'un patrimoine arabo-islamique d'une qualité exceptionnelle, ils reconnaissent volontiers l'influence profonde de sept siècles de présence arabe dans la péninsule Ibérique, aussi bien dans les domaines de la langue, de l'architecture, de la musique que de l'art culinaire, et ce, en dépit des vicissitudes de l'histoire. Cet héritage arabe fait leur bonheur et celui de millions de touristes qui viennent du monde entier pour admirer des joyaux classés au patrimoine mondial de l'Unesco.» (2)
Notre identité multiple ne me pose aucun problème, tout comme à la grande majorité des Algériens. A l'instar de tous les habitants de Tlemcen, la capitale de Yaghmouracen, ce grand chef berbère, fondateur de la dynastie des Zianides en 1235, ma langue maternelle est l'arabe. En cela je me sens parfaitement en phase avec notre illustre cheikh Abdelhamid Ben Badis El Sanhadji, un autre Berbère qui, affirme que «Le peuple algérien est un peuple musulman ayant un lien de parenté (yentaceb) avec le monde arabe (el 3ourouba)». Précisant encore plus sa pensée, il ajoute: «L'Islam est notre religion, l'arabe notre langue et l'Algérie notre patrie.» Pour notre vénéré cheikh, «les fils de Ya'rub (les Arabes) et les fils de Mazigh (les Berbères) sont unis par l'Islam depuis plus de dix siècles et n'ont jamais cessé d'être étroitement liés les uns aux autres, dans la bonne et la mauvaise fortune, dans les jours de joie et les jours d'épreuves, dans les temps heureux comme dans les temps difficiles». (2)
C'est dans ce cadre d'une identité culturelle qu'il faut comprendre l'an amazigh commun à tout le Maghreb et une partie du Sahel (dans les contours de Tamazgha. Cet an amazigh algérien est en fait une visibilité de la culture ancestrale de toutes les régions d'Algérie, la constitutionnalisation de tamazight comme langue officielle, est assurément un jalon important sur le chemin de la réconciliation des Algériens avec leur profondeur historique et leur diversité culturelle. C'est aussi dans le même esprit que toutes les composantes de la culture algérienne doivent être reconnues et assumées par tous, sans exclusive et sans déni. C'est à ce prix que chaque Algérien se sentira reconnu dans sa personnalité et qu'il aimera celles de tous ses compatriotes. C'est par ces valeurs que s'érigent les grandes nations et prospèrent les pays.
Au-delà de la signification de l'expression, de son étymologie et de la portée de son mythe et de ses rites, Yennayer a été toujours un repère d'identification A chaque région naturellement ses caractéristiques et ses spécificités, La célébration de Yennayer a été durant la période coloniale une forme de résilience qui a permis à l'Algérie de ne pas se dissoudre dans l'ordre colonial.
Yennayer n'appartient pas uniquement aux Algériens. De par la géographie, plusieurs pays à juste titre, s'en réclament: «Géographiquement, c'est la fête la plus largement partagée en Afrique, puisque nous la retrouvons sur toute l'étendue nord du continent allant de l'Egypte aux côtes atlantiques au nord et du désert de Siwa en Egypte jusqu'aux Iles Canaries au large de l'océan Atlantique au Sud, en passant par les tribus Dogons au Mali en Afrique de l'Ouest.»
D'une façon symbolique, Yennayer a été fêté à Laghouat carrefour de melting-pot où coexiste harmonieusement, une mosaïque de personnes ayant en commun une appartenance algérienne. L'officialisation de la célébration de Yennayer a permis de «faire échec à toute tentative de dispersion» et le Nouvel An berbère «est devenu une fête qui se célèbre dans toutes les wilayas du pays».
Et maintenant?
Comment dans les faits consacrer cette fête quand les lampions seront éteints. Il est important de consolider cette richesse dans les faits, en gravant dans le marbre le vivre ensemble. Il ne faut jamais oublier que le service national fut un puissant moteur de l'intégration du melting-pot qui a permis aux jeunes de différents horizons de se rencontrer, d'échanger, bref,de vivre ensemble et du même coup s'enrichir de leurs mutuelles différences.Quel projet de société voulons-nous? Il nous faut consacrer le vivre-ensemble. De ce fait, la place de l'amazighité à l'école doit être affirmée par un engagement sincère en y mettant les moyens pour faire ce qu'il y a de mieux en dehors de toute instrumentation. De plus, dans le système éducatif, le développement des lycées et des universités ne s'est pas conçu comme une instance à la fois de savoir et de brassage. En dépit du bon sens et contre toute logique et pédagogie, on implante un lycée ou, un centre universitaire pratiquement par wilaya. Ceci est un non-sens pour le vivre ensemble, on condamne le jeune à naître, à faire sa scolarité, son lycée et ses études «universitaires» ou réputées telles, dans la même ville, ne connaissant rien de l'Autre. Nous devons penser à spécialiser des lycées à recrutement national (c'est le cas des lycées d'élite) à même de spécialiser les universités par grandes disciplines. Dans tous les cas, nous avons le devoir de stimuler le savoir en organisant continuellement des compétitions scientifiques, culturelles, sportives en réhabilitant le sport qui est un puissant facteur de cohésion. La symbiose entre les trois sous-secteurs est indispensable, Il en va de même de la coordination scientifique dans les disciplines principales enseignées. Dans les universités anglo-saxonnes il y a un module d'histoire quelle que soit la spécialité.
Former l'homme nouveau
Quant à la gestion du pays devenue lourde, le moment est venu de sortir du jacobnisme hérité pour aller vers une gestion à la suisse avec les cantons, à l'allemande avec les landers, la déconcentration des services de l'Etat permettra à chaque région de s'épanouir à l'ombre des lois de la République et des missions régaliennes (défense, monnaie,...). Nous pouvons y prendre exemple La régionalisation permettrait à chaque région d'apporter sa part dans l'édifice du pays.
Comment former l'homme nouveau qui croit dans son pays et qui est convaincu que seul le savoir peut permettre au pays de prendre une place honorable dans le concert des nations? Comment consacrer en fait la quête de la connaissance? Si les matières premières sont finies, la connaissance est infinie. En 1984, Steve Jobs rencontre François Mitterrand et affirme «le logiciel, c'est le nouveau baril de pétrole». Trente ans plus tard, Apple possède une trésorerie de la taille du PIB du Vietnam ou plus de deux fois et demie la totalité du fonds souverain algérien. La connaissance mondiale double environ tous les 9 ans, un chiffre hallucinant qui signifie qu'en moins d'une décennie, l'humanité produit plus de connaissances nouvelles que dans les sept mille dernières années de son histoire «quand on partage un bien matériel on le divise, quand on partage un bien immatériel on le multiplie».
Nous devons consolider dans les faits au quotidien, par l'enrichissement mutuel nous pouvons dire que nous sommes réellement sur la voie royale de la nation. Ce plébiscite de tous les jours dont parle Ernest Renan constamment adaptable et servant constamment de recours quand le train de la cohésion risque de dérailler et que Cheikh Nahnah avait résumé par une phrase célèbre. «Nous sommes Algériens Min Ta Latta. Min Tlemcen li Tebessa oua min Tizi Ouzou li Tamanrasset.» Cela devrait être notre crédo.
La boutade donnée en introduction doit nous convaincre d'un principe: il n'y a pas de Berbères, il n'y a pas d'Arabes, il n'y a que des Algériens qui sont ensemble depuis 1400 ans et qui ont connu le meilleur et le pire, comme l'a montré la glorieuse révolution de Novembre.
Un grand chantier fait de travail, de sueur, de nuits blanches, de résilience, face à un monde qui ne fait pas de cadeaux aux faibles, nous attend tous autant que nous sommes. Pour construire la maison Algérie sur des bases saines,,promouvant l'unité dans la diversité. Nos différences nous enrichissent mutuellement comme l'écrit si bien Antoine de Saint Exupéry.
Assougas ameggas à toutes les Algériennes et tous les Algériens! Que l'année nouvelle amène la sérénité à cette Algérie qui nous tient tant à coeur!
1Larbi Graïne https://larbigraine.ovh/jour-de-lan-berbere-2969/?
2.http://www.jijel-echo.com/Les-Algeriens-et-le-probleme


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