La politique n'est qu'un mythe pour eux... Le parcours des études et l'université jouent un rôle primordial d'exposition dans la construction des idéologies... Les étudiants sont l'avenir de l'Algérie. Sa véritable richesse. Son pilier. Ce sont eux qui construisent le pays. Cette jeunesse, qui représente 70% de la population algérienne, est la première à ne pas s'engager réellement dans la «politique». Pourtant, les jeunes sont eux, la colonne vertébrale de tous les mouvements. Le comportement des étudiants des universités algériennes, face à la politique révèle beaucoup de choses. Le constat est que, la majorité des étudiants ne se sent pas concernée. Pis encore, se disent non engagés dans la politique qui n'est qu'un mythe, pour eux... La question qui s'impose est la suivante: quelles sont les véritables raisons du non-engagement d'une masse populaire qui représente les 70% de la population? Afin de mieux comprendre les raison du boycott, nous avons recueilli quelques témoignages au niveau des universités. La plupart des étudiants ont un discours unanime. Filles ou garçons se ressemblent, dans leur réflexion. Selon les observateurs, ce n'est pas un bon signe. Contacté par nos soins, Abderrezak Saghour, politologue, explique que le premier degré d'un engagement politique vient essentiellement de l'influence et l'autorité familiales, ensuite de l'environnement extérieur d'où émerge l'étudiant. Dans le contexte actuel, l'impact socioculturel de la famille dans la propagation politique a un grand rôle dans l'engagement politique de «l'étudiant». «Il faut savoir que le parcours des études et l'université jouent un rôle primordial d'exposition dans la construction des idéologies», souligne le professeur. Pour lui, il ne faut jamais généraliser. «L'université algérienne, a produit une élite, des cadres et des gens engagés qui ont participé et participent aujourd'hui, à la construction de l'Algérie, chacun dans son domaine», démentant, ainsi, le non-engagement politique des étudiants. «On ne doit en aucun cas pénaliser les étudiants», ajoute le même politologue, qui explique qu'il faut d'abord savoir et comprendre qui «s'engage et qui ne s'engage pas». «Si nous arrivons à étudier les profils d'étudiants engagés et non engagés, ça nous permettra de trouver les failles pour les corriger», ajoute un autre enseignant sous couvert de l'anonymat, qui vient également appuyer l'idée de son prédécesseur. Pour lui, les sondages permettent d'interpréter et d'analyser les raisons de leurs différents rapports à la politique. «Les sondages, les études, enquêtes et statistiques, sont inexistants, d'où la problématique commence». Ce dernier estime que le système politique actuel, défaillant pousse les étudiants à tourner le dos à la politique et surtout au militantisme, qui a changé de forme. «Le militantisme est désormais devenu, une tache noire dans l'histoire de l'engagement», en constatant que les jeunes étudiants des différents coins de l'Algérie ne sont pas dépolitisés, mais plutôt désespérés. «Ils n'ont plus confiance. Et le fait de boycotter est un acte d'engagement pour eux. Ils s'expriment à leur propre manière», regrette encore une fois le même observateur, précisant que les jeunes subissent en réalité «une socialisation accentuée à la politique»! Les étudiants, qui étaient au passé des révolutionnaires et visionnaires, sont aujourd'hui, «silencieux, absents et immobiles»... Certains clichés sont faux. Dans la cour de la faculté des sciences politiques, Alger 3, les étudiants donnent l'impression qu'ils sont là par «défaut». Cigarette et gobelet à la main, déconnectés de la réalité et surtout de l'actualité politique... Certains étudiants ignorent les noms des ministres en poste. Il est très rare d'apercevoir un étudiant avec un journal, par exemple. «Ils ne lisent pas, puisqu'ils ne se sentent pas obligés d'être à jour...», regrette un enseignant. «Le monde à changé, les moyens de communication aussi. Notre génération est plutôt connectée. Nous sommes de plus en plus présents sur les réseaux sociaux pour exprimer nos opinions et ce n'est pas faux», développe, Lamia Nadia, étudiante en deuxième année, en sciences politiques. Elle ajoute que le fait de militer derrière un écran peut avoir un impact plus fort que celui du terrain. «Puisque le principe est d'adopter une idée, faire entendre sa voix, donc tous les moyens sont bons.» Un autre étudiant, partage le même avis que sa camarade de classe, selon lui, cela, «ne veut en aucun cas dire qu'ils s'intéressent moins ou qu'ils s'impliquent moins dans la vie politique». L'engagement citoyen est un devoir. Lycéens, étudiants ou travailleurs, ils doivent tous se sentir concernés par la construction de leur pays.